Forum de FilmDeCulte
https://forum.plan-sequence.com/

Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)
https://forum.plan-sequence.com/gout-sake-yasujiro-ozu-1963-t15437.html
Page 1 sur 1

Auteur:  Mr Chow [ 08 Mai 2012, 07:30 ]
Sujet du message:  Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

en VO Sanma no aji

Shuhei Hirayama vit avec sa fille Michiko. L'exemple d'un de ses professeurs, qu'il retrouve lors d'une soirée où l'on boit du saké et qui s'accuse d'avoir provoqué le malheur de sa fille, pousse Hirayama à marier sa propre fille.

Image

SPOILERS un peu

Le titre français ne veut rien dire parce qu'on y boit tout autant de la bière et d'autres liqueurs, mais ce n'est pas grave! Je ne crois pas avoir trouvé celui-ci dans les Ozu chroniqués sur le forum, mais le cinéaste a signé le genre d’œuvre qui mériterait presque un topic à la Rohmer :)

C'est délicieux et ce fut un plaisir de me remettre à un cinéaste dont je n'avais vu que deux films (Fleurs d'équinoxe et Bonjour) : en autre choses maintes fois décrites: géométrie, jeu des couleurs et cadre 1:33 divin (je crois que c'est définitivement mon format préféré au cinéma). J'ai décidé de m'étaler la découverte de la filmographie dans le temps tellement c'est bon. Concernant celui-ci, c'est surtout admirable dans sa conclusion, la manière d'échapper aux débouchés toutes dramatisées (qui font même ici l'objet d'une blague de mauvais goût) : pas d'issue romantique mais rien qui ne fasse chuter les personnages ni ne les guindent ostensiblement, ce qui n'en rend pas moins déchirante les dernières minutes, dans la banalité de la solitude et de la perte.

La rythmique du film est admirable, entre les scènes alcoolisées et le portait très réussis du jeune couple en parallèle, se disputant les biens de consommations. L'utilisation de la musique m'a aussi paru très importante comme liant et pour figurer cet écoulement temporel doux et implacable, incorporant cette marche navale qui échappe au symbolisme mélancolique. L'émancipation sociale de la femme dans ce film est assez subtile, par des hommes qui lancent des ordres machistes qui résonnent dans le vide, alors qu'on y montre en fil rouge un mariage arrangé très traditionnel. J'aime par ailleurs beaucoup comment on ne voit jamais le futur gendre du héros également, ni la cérémonie finale.

Je ne sais pas trop si c'est le genre de réalisateurs avec lequel il faut faire une montagne sur la symbolique du dernier film, en tout cas la sortie est sans fausse note.

Auteur:  Jecko [ 29 Aoû 2012, 12:01 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Je ne pense pas que l’on puisse parler d’une quelconque symbolique concernant ce film, à la limite un peu plus avec Dernier Caprice qui est sans doute son meilleur film en couleur. Ce que j’ai vraiment apprécié ici, c’est l’évolution prise par les personnages, évolution légère car on est chez Ozu, mais bien appréciable avec ces bonhommes portés sur l’alcool et les femmes. Et puis rien que pour Chishu, le film mérite le coup d’œil. As-tu vu d’autres Ozu depuis ?

Auteur:  Mr Chow [ 29 Aoû 2012, 15:43 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Oui, merci filmothèque et médiathèque, j'en ai découvert plein, plus que ce que je voulais mais c'est addictif... Tokyo Twilight et la première version muette de Floating weeds sont mes préférés à ce jour.
Et je me rends compte que c'est assez difficile de parler de ce cinéaste film par film en fait, ou alors après avoir tout vu.

Auteur:  Jecko [ 30 Aoû 2012, 12:22 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Addictif, oui totalement, c’est un cinéaste passionnant à découvrir et la plupart de ces films sont d’une telle beauté que l’on ne peut s‘en lasser. J’apprécie également les films que tu cites, même si ma préférence va plus pour ses classiques Voyage à Tokyo, Printemps Tardif ou une Auberge à Tokyo. C’est vrai que les médiathèques sont une mine précieuse, il y a malgré tout quelques films que je recherche depuis longtemps comme Bakushu ou Chœur de Tokyo
On peut sans problème parler du cinéma d’Ozu qui demeure très accessible, il a fait plusieurs films qui ne sont qu’une variation du même thème ( été précoce..) mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir regardé cette « série » pour pouvoir s’en faire un jugement, car comme je viens de dire son cinéma est très accessible, un cinéaste du quotidien comme Naruse finalement.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 25 Jan 2020, 10:36 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

"Bannir l’utilisateur": le goût de saquer...

Auteur:  Film Freak [ 25 Jan 2020, 10:54 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Image

Auteur:  King Ghidorah [ 27 Mar 2023, 14:45 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Mr Chow a écrit:
Le titre français ne veut rien dire parce qu'on y boit tout autant de la bière et d'autres liqueurs, mais ce n'est pas grave!


Ce n'est pas grave mais c'est un peu dommage car on perd la subtilité du titre japonais original "Sanma no aji" (Le goût du sanma).
Il est important de savoir que le sanma est un poisson qui se consomme en automne au Japon, ce qui introduit une allusion à une saison que l'on retrouve dans de nombreux titres de films d'Ozu et qui est complètement absente du titre français.

Auteur:  Art Core [ 11 Jan 2024, 12:21 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Non mais de toute façon les titres de Ozu on dirait une parodie, comment tu veux ne pas tous les mélanger ? Eté précoce, Printemps précoce ( :shock: ), Printemps tardif (lol), Fin d'automne (déjà ?), Voyage à Tokyo (super), Crépuscule à Tokyo.... Surtout que ce sont des titres un peu haïku qui ne disent rien ou presque du sujet du film. Sinon je pensais qu'il était mort âgé mais en fait Ozu est mort jeune à 60 ans après avoir réalisé pas moins de 54 longs métrages ( :shock: ). En 1930 par exemple il réalise 7 longs métrages dans l'année. Totalement dingue.

Bref, découvert Le gout du saké hier soir (toujorus dispo sur le site d'Arte) et pfiouhhh quelle claque visuelle. C'est absolument splendide de sa première à sa dernière minute. Cadrages géométriques avec de nombreux surcadrages, couleurs absolument incroyables (les plus beaux establishing shot de l'histoire du ciné avec ses plans de devantures de bars en néons), compositions toutes en profondeur sur différents plans et bien sûr ce cadrage tellement étrange et bas qui donne parfois l'impression que le film est tourné par une personne de petite taille mais qui apporte au film cette singularité du point de vue de celui qui est assis. Alors le récit est assez plat, un peu ennuyeux il faut le dire, notamment parce que son personnage principal de vieux veuf est touchant mais un peu insipide. Le récit parallèle sur ce jeune couple qui débute dans la vie est bien plus intéressant et drôle (tout le truc autour des clubs de golf j'ai adoré). Mais peu à peu le film se fait gagner par une profonde mélancolie et surtout une espèce d'ironie cruelle où l'image de son vieil ami d'école devenu aubergiste alcoolique à laquelle le personnage ne veut pas ressembler est justement vers quoi tout le film l'amène sans qu'il s'en rende compte. A l'image des derniers plans du personnage, seul, isolé, triste et ivre comme souvent dans le film. Il y a aussi quelque chose autour de l'émancipation féminine mais là aussi, assez ironique avec cette fille qui accepte le premier homme venu juste pour échapper à une vie de célibataire à s'occuper de son père veuf. Tout cela dessine l'image d'une société japonaise qui veut se moderniser mais qui reste encore très marquée par certaines traditions. Non vraiment un magnifique film tout en délicatesse comme ce bar où l'homme veuf croit reconnaître l'image de sa défunte femme et auquel il ne cesse de revenir.

5/6

Auteur:  Baptiste [ 11 Jan 2024, 15:10 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Oui splendide et j'ai encore davantage aimé Printemps tardif aussi dispo. Les deux ont des éléments très similaires et on sent qu'on a là affaire aux fameuses variations de thème et visuelles chère à Ozu mais le développement me semble encore plus émouvant dans Printemps tardif, je te le recommande chaudement.
EDIT: ah non c'est FIN D'AUTOMNE :lol:

Auteur:  Walt [ 11 Jan 2024, 16:00 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Art Core a écrit:
Non mais de toute façon les titres de Ozu on dirait une parodie, comment tu veux ne pas tous les mélanger ? Eté précoce, Printemps précoce ( :shock: ), Printemps tardif (lol), Fin d'automne (déjà ?), Voyage à Tokyo (super), Crépuscule à Tokyo.... Surtout que ce sont des titres un peu haïku qui ne disent rien ou presque du sujet du film.


Valable aussi pour d'autres.

Tetsuo a écrit:
Tu vas t'amuser quand tu vas passer aux films de Naruse : Nuage flottant, Nuage d'été, Nuage de mes couilles...

Auteur:  Art Core [ 11 Jan 2024, 16:06 ]
Sujet du message:  Re: Le Goût du saké (Yasujiro Ozu, 1963)

Oui c'est un peu une spécialité du cinéma japonais de cette époque j'ai l'impression.

Page 1 sur 1 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
http://www.phpbb.com/