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Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)
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Auteur:  Film Freak [ 30 Nov 2011, 03:45 ]
Sujet du message:  Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

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J'adore ce film.

J'adore. J'adore. J'adore.

Aujourd'hui, en le revoyant, première fois depuis pas mal de temps, je dois avouer lui avoir trouvé un petit coup de vieux.
C'est un film que je connais par coeur après tout et cette familiarité peut desservir, quand on s'habitue trop à un film, on peut avoir l'impression qu'il ne nous étonne plus. Et en même temps, après maintes visions du 3e épisode - qui revenait tout de même à un esprit un peu plus proche du premier film (et surtout de la série) après la démesure du 2e - j'en avais presque oublié à quel point ce premier chapitre était old school, incroyablement sobre comparé à ses suites. Et très vite, j'en suis immédiatement retombé amoureux.

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Des trois films, c'est sans aucun doute celui qui parle le plus de cinéma, enfin plus particulièrement de mise en scène.
De Palma oblige, il y a d'entrée de jeu une réflexivité sur le genre même - film d'espionnage, donc faux semblants, masquarades, tromperie - dont les codes renvoient inévitablement au 7e art. Y a qu'à voir la première scène où Jack (Emilio Estevez) regarde sur un moniteur un agent déguisé tirer les vers du nez d'un gars qui, dès qu'il aura fermé les yeux, ne verra pas les murs derrière lui se séparer, révélant le décor, et la femme, qui faisait semblant d'être morte, se réveiller. Tout est là. Le combo, l'acteur, le décor. La mise en scène quoi.

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Aucun des autres épisodes de la saga n'illustre mieux à quel point le cinéma est à la fois le mensonge et la vérité 24 fois par seconde.

Plus tard, le rôle du metteur en scène dans le film sera assumé par Jim Phelps, démiurge tranquillement assis derrière son écran tandis que ses acteurs-pantins sont sur le terrain (trahison de la série totalement justifiée par la démarche de l'auteur du coup), doté du don d'ubiquité (les caméras dans les lunettes de chacun) et tout-puissant (déclenchant à distance tel ou tel dispositif pour contrôler, ou tuer, les autres).

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Et il sera plus metteur en scène que jamais lorsqu'il feindra sa propre mort juste après, parfaitement conscient de ce qu'il filme avec ses lunettes et donc ce qu'il laisse voir à Ethan (et au spectateur).

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C'est vraiment un film sur le pouvoir de l'image après tout, comment elle ment et comment elle dit la vérité.
La scène la plus représentative à ce niveau est certainement celle, souvent évoquée, notamment ici, où Ethan, face à Jim, retrace les événements du début, amenant le film à illustrer en projections mentales ses pensées, voire même forçant le film à révéler ses scènes coupées, celles-là même qui figurent dans les ellipses (le contre-champs de la "mort" de Jim, Ethan qui regarde le couteau de Krieger, Sarah voyant Krieger, et surtout, le doute sur la complicité de Claire).

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Ethan découvre la vérité et le film en apporte la preuve par l'image, issu de son esprit. En gros, Ethan gagne en se réappropriant la mise en scène du film, volant ce rôle à Jim Phelps, son mentor et père spirituel.

A ce niveau-là aussi, le film est 100% De Palma, avec la trahison par l'ami/le père. Et c'est ce que j'adore dans cette franchise, la seule avec Alien à proposer à chaque tome la vision d'un auteur, faisant de chaque film une expérience totalement différente.
Et donc forcément, avec De Palma, on a droit à une scène revisitée, Topkapi comme chacun sait, lors du remarquable piratage du QG de la CIA, qui reste à ce jour une de mes séquences préférées AU MONDE.

J'adore absolument tout dans cette séquence.

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De l'annonce par Ethan à Luther dans le train, montée en parallèle avec son illustration (projection mentale là aussi étant donné que ça se termine avec le déclenchement de l'alarme par une goutte de condensation sur un gobelet en plastique laissé là), suivie par la mise en place super speed, la musique d'Elfman agressive tambourinant entre Luther derrière son écran, Claire en femme fatale et les deux autres s'infiltrant dans les conduits...et soudain...le silence.

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Tout ce qui suivra sera complètement dénué de musique et porté exclusivement par la mise en scène de De Palma. Et j'ai beau l'avoir vu une cinquantaine de fois, je retiens toujours mon souffle quand le couteau tombe au ralenti et se plante sur le bureau JUSTE après l'ouverture de la porte et donc la désactivation du système de sécurité.

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Epoustouflante séquence.

J'aime vraiment tout dans cette scène, jusque dans les choix de la direction artistique, du général (le décor presque SF, je me demande même si c'est pas un peu du Mission to Mars avant l'heure, avec Ethan en "apesanteur" dans le décor blanc) au détail (les espèces de gants en soie gris metallisé).

Et même quand il cède au cahier des charges du blockbuster, De Palma dame le pion à James Bond avec l'excellent climax abusé de l'Eurotunnel et son lot de cruiseries géniales (le cri gogol défiant qu'il lance à Krieger après avoir accroché le cable de l'hélico au train avant de se faire kicker, la simili-punchline "RED LIGHT! (je plie le chewing-gum) GREEN LIGHT!" avant de le coller à l'hélico, et l'instantanément cultissime money shot d'Ethan projeté sur le train par l'explosion).

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Mais ce film c'est tellement d'autres choses aussi, c'est les plans obliques, c'est le côté connard blasé d'Henry Czerny (et Dale Dye en Barnes!), c'est les tours de passe-passe d'Ethan avec la disquette, c'est le "Ta gueule" de Krieger, c'est l'excellente BO fourmillante d'Elfman, c'est la fin ouverte qui boucle la boucle...

Bref, c'est 6/6.

Auteur:  Z [ 30 Nov 2011, 04:15 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Film Freak a écrit:
La scène la plus représentative à ce niveau est certainement celle, souvent évoquée, notamment ici, où Ethan, face à Jim, retrace les événements du début, amenant le film à illustrer en projections mentales ses pensées, voire même forçant le film à révéler ses scènes coupées, celles-là même qui figurent dans les ellipses (le contre-champs de la "mort" de Jim, Ethan qui regarde le couteau de Krieger, Sarah voyant Krieger, et surtout, le doute sur la complicité de Claire).
Ethan découvre la vérité et le film en apporte la preuve par l'image, issu de son esprit. En gros, Ethan gagne en se réappropriant la mise en scène du film, volant ce rôle à Jim Phelps, son mentor et père spirituel.


Scène de ouf.
Mon premier papier pour FdC, il me semble, cette scène. Un découpage plan par plan si je me souviens bien.

Beau message d'amour sinon.
Je l'aime tout autant que toi.

Niveau action et suspense il a un peu morflé après Jason Bourne, c'est sûr... mais les meilleures séquences du film sont intemporelles et me réjouiront jusqu'à la mort...

Quant à la séquence à Langley... c'est tellement poussif, tellement interdit d'étirer à ce point, de s'en remettre totalement à la mise en scène, obligeant le spectateur à soupeser chaque geste, chaque goutte de sueur, chaque son..... c'est phénoménal. Je me souviens que la salle retenait son souffle (c'était le Kinopanorama), de peur de tout faire foirer, comme si le film était interactif...

Auteur:  Arnotte [ 30 Nov 2011, 10:15 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Il faut que je le revoie!

Et je suis CHAUD pour le Brad Bird.

Auteur:  Art Core [ 30 Nov 2011, 10:18 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

J'avais été hyper déçu au cinéma à l'époque parce que je m'attendais à un gros film d'action et qu'à part la scène de fin (méchamment spoilée dans le trailer je me souviens), il n'y a finalement que très peu d'action.
Mais c'est en le revoyant quelques années plus tard que j'ai compris la richesse du film, son rythme infaillible, la complexité de son jeu d'apparences, l'admirable séquence d'ouverture et bien sûr la folie de la séquence CIA. Et puis encore plus qu'avec Les Incorruptibles c'est le film où De Palma parvient le mieux à intégrer ses obsessions dans du pur cinéma mainstream américain. Vraiment un petit bijou.

Auteur:  Ozymandias [ 30 Nov 2011, 10:27 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Art Core a écrit:
J'avais été hyper déçu au cinéma à l'époque parce que je m'attendais à un gros film d'action et qu'à part la scène de fin (méchamment spoilée dans le trailer je me souviens), il n'y a finalement que très peu d'action.
Mais c'est en le revoyant quelques années plus tard que j'ai compris la richesse du film, son rythme infaillible, la complexité de son jeu d'apparences, l'admirable séquence d'ouverture et bien sûr la folie de la séquence CIA. Et puis encore plus qu'avec Les Incorruptibles c'est le film où De Palma parvient le mieux à intégrer ses obsessions dans du pur cinéma mainstream américain. Vraiment un petit bijou.


Tout pareil que toi.

Auteur:  Tetsuo [ 30 Nov 2011, 10:35 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Raaaah, FF, tu donnes envie de la revoir làààà. Tient, je me demande si je vais pas me refaire la saga avant le 4 (qui me dit rien là comme ça, mais bon...).

Auteur:  Tetsuo [ 30 Nov 2011, 10:36 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Film Freak a écrit:
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D'ailleurs quelqu'un sait comment on fait ces plans là, j'ai jamais deviné et ça m'a toujours frustré.

Auteur:  Art Core [ 30 Nov 2011, 10:39 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Tu veux dire la netteté entre le premier plan et l'arrière plan ?
Pour moi ils filment le même plan deux fois et ensuite ils font un collage entre les deux parties (d'où d'ailleurs un zone floue au milieu pas toujours du meilleur effet).

Auteur:  Tetsuo [ 30 Nov 2011, 10:42 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Mais quand y'a des éléments qui passent d'un plan à l'autre, genre la voiture là ?

Auteur:  Ozymandias [ 30 Nov 2011, 10:52 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Je viens d'avoir un flash de la musique d'Elfman pour la séquence du TGV / Eurostar. Envie de le revoir aussi.

Auteur:  Art Core [ 30 Nov 2011, 11:03 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Tetsuo a écrit:
Mais quand y'a des éléments qui passent d'un plan à l'autre, genre la voiture là ?


Là je sais pas, généralement j'ai souvent vu ça pour des scènes de dialogues (chez Tarantino notamment) assez fixes.

Auteur:  Tetsuo [ 30 Nov 2011, 11:28 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Y'en a dans quasiment tous les De Palma et à chaque fois c'est des plans fixes qui servent à montrer un personnage et une actions parallèles sur un même lieu (sorte de variation de l'écran splité, donc ta technique est peut-être la bonne). Y'en a un dans Batman Returns (ou le plan est très nettement scindé par une poutre) et Dick Tracy aussi.

Auteur:  Film Freak [ 30 Nov 2011, 11:32 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

C'est un truc qui se fait avec les lentilles (comme le petit salé, badum chsss).
Quand j'étais jeune, mon père m'a dit qu'il s'agissait d'une trouvaille de ton pote Orson.

Auteur:  Tetsuo [ 30 Nov 2011, 11:38 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Mais j'arrive toujours pas à comprendre comment tu fais ça avec les lentilles...

Auteur:  Film Freak [ 30 Nov 2011, 11:41 ]
Sujet du message:  Re: Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996)

Bah j'imagine bêtement qu'il y a un objectif spécial avec un système de lentilles qui permet la netteté à l'arrière-plan et au premier plan, avec du flou au milieu.
On appelle pas ça la "lentille cassée"? Me rappelle plus.

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