Les mauvais échos de ces derniers jours m'avaient averti quant à la déception potentielle mais le film n'est pas aussi raté que je le craignais, et surtout, je ne trouve pas ça aussi plat que les critiques l'indiquent.
Cela dit, ça reste un essai pas totalement transformé, la faute à un scénario qui ne dépasse jamais réellement son concept-titre, même s'il exploite plutôt sympathiquement les codes des deux genres, trop basique dans l'intrigue, parfois facile dans l'écriture et pas assez fouillé pour les personnages.
Le personnage de Daniel Craig s'impose évidemment comme le meilleur. Au coeur de l'histoire, l'acteur campe un héros badass qui convoque l'aura de l'Homme Sans Nom et le physique de Steve McQueen dont l'aura de cow-boy sans passé représente un bon exemple du mariage du western et du film d'extra-terrestre (il se réveille amnésique, dans la plus pure tradition de mec kidnappé par les aliens, mais cela lui confère du coup un côté mystérieux commun à nombre de pistoleros iconiques).
D'ailleurs, globalement tout ce qui tient du western, largement majoritaire, est très bien rendu, et le film n'est jamais aussi bon que lorsqu'il unit timidement le western à la SF, comme dans l'excellent premier contact nocturne entre les deux civilisations. Les autres face-à-face sont assez convaincants également (excellent décor du bateau et bonne attaque aérienne de jour) mais le climax déçoit par sa relative simplicité et son côté anonyme (l'aspect western disparaît presque totalement à ce moment-là).
La partie SF aurait sans doute méritée d'être plus approfondie. En l'état, tout ce qui touche aux aliens reste assez pauvre. Absence d'une mythologie un tantinet intéressante, motivations plus simplistes que le plus fonctionnel des McGuffin, personnification dénuée de nuance... Reste un design que j'ai trouvé pas trop mal dans ses détails (yeux amphibiens, le torse et la paire de bras, etc.) même si pas franchement novateur.
Après, que les aliens soient réduits à l'état d'ennemi un peu anonyme, ça ne me dérange pas autant que pour les cow-boys, qui eux semblent vraiment réduits à des archétypes. Le surcalibrage du script cherche à donner une sorte de mini-arc à chacun (le gamin avec son couteau, Doc avec son tir) mais le traitement est bien trop superficiel pour que le pay-off paie justement. La palme revient au personnage d'Harrison Ford, pas inintéressant mais trop en retrait tout le long (je m'attendais un peu à un buddy movie Craig/Ford à vrai dire). Il semble presque trop célèbre pour le rôle en fait. Du coup, l'arc narratif qui lui est attribué paraît à peine esquissé et même pour un amateur des rapports filiaux troubles comme moi, le temps d'écran consacrée à cette intrigue est trop anémique pour que l'émotion finale marche.
Et c'est un peu pareil pour le personnage d'Olivia Wilde, assez prévisible, et dont le sort sonne creux.
C'est dommage en fait parce que le film est vraiment agréable à regarder. Le premier acte est un bon crescendo, et les bases exposées sont prometteuses, mais la suite alterne entre scènes d'action divertissantes et scènes de dialogues plus banales, évacuant certains conflits pourtant clés au premier coup d'oeil (de tout le film, Craig et Ford se disent...3 phrases?). La mise en scène de Favreau et la photo de Libatique sont plutôt classes d'ailleurs (géniale première séquence) mais le script, malgré ses 5 scénaristes, semble être un premier jet. Y a de bonnes fondations mais y a pas assez de travail sur le bâtiment en soi. Du coup, on obtient une série B efficace par moments mais par trop limitée.
3.5/6
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