Sortie technique en France pour ce premier film du fils de Roland Joffé qui réadapte un roman de Graham Greene en situant son action dans les années 60... On comprend un peu ce sort en se disant que le distributeur aurait peut-être eu du mal à vendre plus amplement ce polar baroque, qui retravaille les archétypes du genre sous le prisme du conflit de génération, le tout parcouru par une histoire romanesque perverse et secouée de diverses transes religieuses. C'est parfois à la limite de l'artificiel dans l'excès, tant on a l'impression que Joffé aborde chaque scène dans la volonté constante de proposer une approche différente, des effets inattendus et excessifs.
Il y a clairement une énergie débordante qui fait plaisir et de gros morceaux de bravoure comme ce traquenard entre gangsters situé en plein milieu d'une émeutes de jeunes... mais la bonne volonté du cinéaste en herbe à vouloir étonner à tout bout de champ devient vite éreintante, n'allant pas vraiment au delà de la fureur stylisée. Le film pâtit aussi de seconds rôles totalement creux (Mirren, Hurt, Serkis) et d'une narrativité qui lui est encombrante dés que l'action se calme un peu. Reste que le couple formé par Sam Riley et Andréa Riseborough dégage progressivement une bile assez singulière, que la conclusion est assez réussie et que la photo de John Mathieson est franchement sublime, bien aidée par un décor naturel particulièrement cinégénique...
Rowan Joffé fait figure de chien fou un peu trop conscient de sa démarche, mais ça reste assez prometteur. Surtout par rapport à son papa...
