Autour de la création du mythique Moulin Rouge, l'histoire de trois hommes qui tombent amoureux d'une même jeune fille.
Autant certains réalisateurs, au fur à mesure des années, des premières visions de films anciens au Lycée jusqu'au redécouvertes récentes, passent du désintérêt poli à l'admiration folle, autant Renoir est toujours resté constant : j'étais et reste totalement hermétique à ce qui fait le génie de ce cinéma. C'est opaque.
Il y a de toute façon une couche de vieille-france-parigot-ah-bah-c'est-la-vie-quoi épaisse à mort qu'il faut savoir franchir : pour qui veut rentrer dans le film, Philippe Clay poussant la chansonnette représente un sacré cerbère. Et pourtant, ça marche, parce que d'une manière indéfinissable (notamment par une certaine distance froide plaçant visiblement l'enjeu ailleurs que dans les péripéties romantiques), l'ensemble sent l'intelligence, la rigueur, l'impression d'une entreprise aux intentions fermes, quand bien même j'ai du mal à réellement en saisir la nature. Rien que la charte lumineuse si peu évidente, ce verdâtre incertain et sombre aux nuances surprenantes, maintient l'impression diffuse d'un cinéastes aux visées précises, qui sait exactement ce qu'il fait. Les personnages tous réussis, intelligents et considérés (avec une note particulière pour le Prince, perso touchant - belle scène au fauteuil dans le théâtre en construction), permettent aussi à cette sur-couche si franco-française de ne pas écraser le récit de son obèse imagerie : les échanges restent clairs, vifs et francs, allant à l'essentiel, le film se suit parfaitement bien.
Là où je suis d'autant plus surpris, c'est par la capacité de Renoir à exploser d'énergie (dans le bal au début, dans tout le film par poches, mais surtout dans le final impressionant), parvenant sans un seul mouvement de caméra à donner l'impression d'une déflagration de mouvements, de tournis, d'exaltation. Ce final, où le show phagocyte tout - les tristesse, les vengeances, les rancoeurs, les classes sociales, les angoisses légitimes liées du futur - est aussi étourdissant que terrifiant dans la très simple démonstration qu'il fait du pouvoir du spectacle. Même s'il faudrait sans doute revoir certains de ses films, je crois que ce sera pour l'instant ma scène préférée de tout ce que j'ai vu de Renoir.
Des fans de Renoir, ici ?
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