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Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)
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Auteur:  Tetsuo [ 20 Juin 2011, 18:53 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

Qui-Gon Jinn a écrit:
Vous vous doutez bien qu'Allen comprends et apprécie sans doute Bunuel. Le ressort de jouer sur le fan qui viens inspirer son idole c'est marrant et la manière dont Allen détourne le truc en faisant d'un coup une caricature inversée du bonhomme (super rationnel, etc...) est marrante.


Non, je ne m'en doute pas. J'en doute même. Mais ça s'inscrit dans un tout, sa vision de l'art, de la littérature et du cinéma. Sa caricature de Dali est déjà plus drôle.

Auteur:  Tetsuo [ 20 Juin 2011, 18:53 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

Prout Man a écrit:
Tetsuo a écrit:
le perso de Wilson qui se plaint d'être scénariste à Hollywood (le pauvre) et qui veut écrire un "grand" roman, comme s'il ne pouvait pas y avoir de noblesse et de grandeur dans un scénario hollywoodien.

Y a évidemment des exceptions (si on est un génie), mais franchement 90% des scénarios hollywoodiens n'ont aucune "grandeur". Je vois pas ce qui cloche. Tu t'acharnes vraiment sur Woody.


Et maintenant je vais m'acharner sur toi vu que tu penses aussi médiocrement que lui.

Auteur:  David Swinton [ 20 Juin 2011, 22:28 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

Il faudrait arrêter de rire de qui que soit maintenant.

Après une période où le cynisme et l'irrévérence étaient rois (fin 90, années 2000), nous sommes bel et bien entré dans l'ère où on ne peut plus se moquer de rien. Enfin, moins qu'avant... Pour moi, ce mouvement inverse est quasiment pire.

En se moquant d'une certaine élite (représentés par le beau-père ou l'amant), Woody ne fait que signifier le gouffre profond entre l'univers de Gil et Inez. Et je ne crois pas que Woody, à travers ses nombreux "alter ego" au fil de sa filmographie, se soit déjà montré en exemple. Au contraire. Woody a toujours eu l'humour de se moquer de lui-même également, se considérant parfois comme un névrosé pathétique.

Il est vrai que le personnage de Owen Wilson est peut-être le plus sain de tous ces alter ego. Mais il a quand même un petit côté risible dans ses rêveries, et n'échappe pas à la caricature dont sont affublés les autres personnages.

Ah oui, et pourquoi la caricature est nécessairement mal? Je ne crois pas que la prétention de Woody allait au-delà de la simple envie de nous faire rire.

Pour moi, c'est du 4/6

Auteur:  boultan [ 21 Juin 2011, 08:32 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

C'est le souci du film. Moi j'ai aucun problème avec les caricatures, mais ça me semble un peu vain de mettre en place cette idée de voyages temporels pour n'en faire que ça : oui c'est plaisant, agréable, parfois drôle, mais ça se limite à ça, sorti du "arrête la nostalgie et vis ta vie aujourd'hui" ultra-bateau il n'y a pas vraiment d'idée reliant les différentes époques et justifiant leur juxtaposition. Allen aurait fait simplement un film en costumes sur le Paris des années 30 qu'on n'aurait pas perdu grand chose au final.

Auteur:  Arnotte [ 21 Juin 2011, 08:55 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

J'ai pas bien capté la scène où Sonia Rolland fait sa Joséphine Baker (assez piteusement je dois dire)... On l'entend chanter mais on ne la voit pas chanter... Ou alors j'ai mal vu?

Auteur:  Tetsuo [ 21 Juin 2011, 09:54 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

David Swinton a écrit:
En se moquant d'une certaine élite (représentés par le beau-père ou l'amant), Woody ne fait que signifier le gouffre profond entre l'univers de Gil et Inez. Et je ne crois pas que Woody, à travers ses nombreux "alter ego" au fil de sa filmographie, se soit déjà montré en exemple. Au contraire. Woody a toujours eu l'humour de se moquer de lui-même également, se considérant parfois comme un névrosé pathétique.


Le gouffre ? Mais justement, même en se moquant de lui-même, il s'est toujours placé au-dessus des autres, il n'y a qu'a voir la façon dont il se moque de cette "certaine élite" pour "signifier un gouffre" comme tu dis. Il a même fini par fétichiser ses névroses, en faire une valeur ajoutée. Il y a un côté "je suis névrosé et fier de l'être" chez lui, que je trouve plutôt consternant.

Citation:
Il est vrai que le personnage de Owen Wilson est peut-être le plus sain de tous ces alter ego. Mais il a quand même un petit côté risible dans ses rêveries, et n'échappe pas à la caricature dont sont affublés les autres personnages.


Il s'en tire beaucoup mieux que les autres, et tu le sais très bien.

Citation:
Ah oui, et pourquoi la caricature est nécessairement mal?


Personne n'a dit ça.

Citation:
Je ne crois pas que la prétention de Woody allait au-delà de la simple envie de nous faire rire.


Dans ce cas, c'est raté car c'est pas très drôle. J'ai trouvé que ses punch-lines étaient en mode pilote-automatique. Mais la prétention du film ne change rien à l'affaire.

Auteur:  David Swinton [ 21 Juin 2011, 15:29 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

Tetsuo a écrit:
Le gouffre ? Mais justement, même en se moquant de lui-même, il s'est toujours placé au-dessus des autres, il n'y a qu'a voir la façon dont il se moque de cette "certaine élite" pour "signifier un gouffre" comme tu dis. Il a même fini par fétichiser ses névroses, en faire une valeur ajoutée. Il y a un côté "je suis névrosé et fier de l'être" chez lui, que je trouve plutôt consternant.


Je peux comprendre qu'on soit agacé. Quant à moi, heureusement que Woody fétichise ses névroses, car s'il se haïssait pour ça, il ne ferait pas de cinéma.

Et puis, je ne crois pas qu'il se place au-dessus d'une élite en particulier. Il se moque simplement d'un type de personne qui peut appartenir à cette élite. Il faut bien avoir un point de vue sur quelque chose. Chaque cinéaste a ses partis pris. Il se trouve que Woody déteste la pédanterie et les gens faisant étalage de leurs connaissances inutiles. Ça a toujours été le cas, et ça le sera toujours.

Maintenant, je crois que Woody est capable d'empathie envers ces mêmes personnes. Il l'a déjà démontré dans d'autres films, entre autre Hannah and her Sisters. Alors, je ne crois pas que ce sont les élites qu'il vise, plus une attitude.

Tetsuo a écrit:
Il s'en tire beaucoup mieux que les autres, et tu le sais très bien.


Oui, ce n'est pas le personnage le plus intéressant de la filmo de Allen. Mais il reste que Owen Wilson le joue bien. Et le cliché du type qui n'a pas l'impression d'être né a la bonne époque est un cliché touchant. Même s'il n'est pas développé en profondeur, il est intéressant de suivre un personnage de la sorte dans ses évasions. Pour le simple plaisir de partager ce sentiment mélancolique qui peut nous traverser parfois. C'est toujours un plaisir de sortir d'un Woody et de se rendre compte qu'on est pas si fou.

Tetsuo a écrit:
Dans ce cas, c'est raté car c'est pas très drôle. J'ai trouvé que ses punch-lines étaient en mode pilote-automatique. Mais la prétention du film ne change rien à l'affaire.


Ouais, ce n'est pas un film basé sur les punch-lines je crois. Pour une des rares fois, il s'agit d'un film qui se situe dans la veine plus cinématographique de l'auteur. Le Woody qui joue avec la structure, le montage, les décors, les couleurs. Juste sa reconstitution des années 30 est splendide, avec ce rouge plein l'écran. Pour moi c'est presque une expérience de cinéma comme l'était Zelig ou La Rose Pourpre du Caire. Ça change de ses derniers films plus pépères formellement.

Auteur:  Tetsuo [ 22 Juin 2011, 08:58 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

David Swinton a écrit:
Je peux comprendre qu'on soit agacé. Quant à moi, heureusement que Woody fétichise ses névroses, car s'il se haïssait pour ça, il ne ferait pas de cinéma.


Non mais c'est pas une question de se haïr ou quoi, mais d'être tourné vers soi et ses petits problèmes existentiels plutôt que de s'intéresser au monde. On ne peut pas faire de bons films de cette façon. Mais c'est aussi la clé de son succès, c'est parce que Allen se réfère à son univers médiocre de petit-bourgeois qu'un certain public s'y est identifié, s'y reconnait. C'est très nombriliste tout ça.

Citation:
Et puis, je ne crois pas qu'il se place au-dessus d'une élite en particulier. Il se moque simplement d'un type de personne qui peut appartenir à cette élite. Il faut bien avoir un point de vue sur quelque chose. Chaque cinéaste a ses partis pris. Il se trouve que Woody déteste la pédanterie et les gens faisant étalage de leurs connaissances inutiles. Ça a toujours été le cas, et ça le sera toujours.


Ce qui est ballot c'est que son film est pédant et passe son temps à faire étalage de ses connaissances inutiles. Et puis dire que les petits-bourgeois intello et les républicains sont des cons, c'est pas un point de vue, c'est une généralité paresseuse, c'est du mépris et le mépris (à la différence de la haine ou du ressentiment) n'a jamais été porteur au cinéma. Ca a toujours été le cas et ça le sera toujours.

Citation:
Maintenant, je crois que Woody est capable d'empathie envers ces mêmes personnes. Il l'a déjà démontré dans d'autres films, entre autre Hannah and her Sisters. Alors, je ne crois pas que ce sont les élites qu'il vise, plus une attitude.


Ca commence à dater Hannah et ses soeurs...

Citation:
Oui, ce n'est pas le personnage le plus intéressant de la filmo de Allen. Mais il reste que Owen Wilson le joue bien. Et le cliché du type qui n'a pas l'impression d'être né a la bonne époque est un cliché touchant. Même s'il n'est pas développé en profondeur, il est intéressant de suivre un personnage de la sorte dans ses évasions. Pour le simple plaisir de partager ce sentiment mélancolique qui peut nous traverser parfois.


Je vois franchement pas ce qu'il y a d'intéressant et encore moins de touchant là-dedans. Tout au plus c'est amusant, comme le musée Grévin peut être distrayant 5 minutes, mais c'est tout.

Citation:
C'est toujours un plaisir de sortir d'un Woody et de se rendre compte qu'on est pas si fou.


:roll:
(cf. ce que je dis plus haut)

Citation:
Ouais, ce n'est pas un film basé sur les punch-lines je crois. Pour une des rares fois, il s'agit d'un film qui se situe dans la veine plus cinématographique de l'auteur. Le Woody qui joue avec la structure, le montage, les décors, les couleurs. Juste sa reconstitution des années 30 est splendide, avec ce rouge plein l'écran. Pour moi c'est presque une expérience de cinéma comme l'était Zelig ou La Rose Pourpre du Caire. Ça change de ses derniers films plus pépères formellement.


Formellement ça n'a pas plus d'intérêt que n'importe lequel de ses autres films je trouve, c'est-à-dire aucun. Mais bon, c'est pas ça qui me dérange...

Auteur:  Gaia [ 24 Oct 2011, 10:21 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

Comme ça m'a été suggéré, je viens partager mes impressions sur "Minuit à Paris", le dernier film que j'ai vu. Je vois que les avis sont partagés et je dois dire que je n'ai pas vraiment été emballée non plus. Je l'ai regardé dans l'avion et je pense que c'est le genre de film idéal pour ça : sympa, pas prise de tête et qui permet de s'évader un peu. Les dialogues ne sont effectivement pas le point fort du film et les clichés, même s'ils sont voulus, deviennent vraiment lourds à force d’être accumulés.
Les points qui sauvent le film sont Owen Wilson et Marion Cotillard, que je trouve très bons dans leurs rôles respectifs et les représentations de Paris dans les années 30 et à la Belle Epoque.

Auteur:  Baptiste [ 26 Oct 2011, 18:27 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

Tetsuo a écrit:
Non mais c'est pas une question de se haïr ou quoi, mais d'être tourné vers soi et ses petits problèmes existentiels plutôt que de s'intéresser au monde. On ne peut pas faire de bons films de cette façon. Mais c'est aussi la clé de son succès, c'est parce que Allen se réfère à son univers médiocre de petit-bourgeois qu'un certain public s'y est identifié, s'y reconnait. C'est très nombriliste tout ça.


Mais arrête c'est normal de filmer un milieu, beaucoup de cinéastes font ça, et à leur insu. Chez Allen ça a le mérite d'être conscient, et surtout, il ne se ménage pas pour tourner ces petits problèmes en dérision. En plus, je te trouve bien radical et borné sur le fait que ce soient justement des petits problèmes de bourges. En fait quelque chose que j'aimerais bien te voir développer un jour, c'est les raisons de ton goût pour le cinéma de Rohmer qui prend aussi souvent pour objet des bourgeois. Tu vas me dire que c'est une question de traitement, blabla, toussa, oui, mais quelle est la différence de traitement? C'est une question sincère, je vois vraiment pas comment tu peux reprocher ce que tu reproches à Allen et aimer Rohmer.

Auteur:  Tetsuo [ 30 Oct 2011, 13:35 ]
Sujet du message:  Re: Minuit à Paris (Woody Allen, 2011)

La différence me semble assez nette. Rohmer (ou Bunuel d'ailleurs) est plus dans un rapport sociologique, il observe la bourgeoisie en tant que telle, analyse ses désirs et inscrit ça dans une certaine réalité du monde, là où Allen est plus dans un regard "à l'intérieur", un regard de bourgeois sur le milieu bourgeois, et fait de son environnement sa propre réalité du monde, qui ne se résume plus qu'à ça. Je ne pense pas que Allen en soit aussi conscient que ça. Ou alors, c'est gravos.

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