Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 25 Avr 2024, 15:45

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 29 Aoû 2010, 23:35 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 20:24
Messages: 1412
Je viens de revoir Van Gogh.
C'est la première fois que je fais le rapprochement entre Pialat et Cimino. (c'est aussi à sa façon un peu un Théorème très prosaïque, pragmatique, athée)
C'est un film incroyable et Yann Dedet est un putain de monteur.
J'adore la façon dont Dutronc reprend, consciemment ou non, le phrasé de Pialat. (et le film est parsemé de l'humour et des jeux de mots foireux de Pialat, semblables à ceux de Godard d'ailleurs)
Pialat a fait énormément de mal au cinéma français, tous ces films qui essaient de l'imiter et ne parviennent pas à sa cheville... Mais c'est pas de sa faute. C'est un des rares qui sache faire une scène comme celle où Van Gogh s'engueule avec son frère, il fait jour, puis ils se réconcilient, se prennent dans les bras, la femme de Théo sourit, puis Van Gogh balance la table par terre, la nuit est tombée, Van Gogh va au cabaret, on a un train de retard, Théo et sa femme s'engueulent au lit, Théo est à poil, la meuf de Van Gogh rapplique, etc. Y a une densité de situations, d'états d'âme, soutenus par des ellipses incessantes mais jamais poseuses (Pialat ne s'octroie quasiment aucun "effet" visible dans son film).
C'est ça qui est fort dans ce film, toutes ces ruptures sont contrebalancées par la mise en scène très homogène, jamais en retrait mais toujours à distance, faite de plans moyens, de focales moyennes, ça m'a rappelé (les deux films sont extrêmement différents mais tout de même) Barry Lyndon, et plus récemment Che : Guérilla, ces gens qui se débattent, se déchirent, s'amusent, et qui sont déjà morts, la caméra qui les filme sans cynisme mais prend conscience de leur état de passage. Il y a souvent cette impression que Pialat fait des plans Lumière de cette époque.
Et il y a ces plans sur Dutronc, de 3/4 face, les yeux dans le vide, le regard droit devant lui, devant le hors champ, son hors champ, il ne fait déjà plus partie du monde des hommes. (et cette séquence incroyable, qui arrive cut, sans prévenir, où il se braque le flingue sur le front)
J'avais pas trop accroché la première fois, mais en fait c'est un sacré film.
6/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 30 Aoû 2010, 07:51 
Hors ligne
Vaut mieux l'avoir en journal
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22410
Localisation: Paris
Gerry a écrit:
C'est la première fois que je fais le rapprochement entre Pialat et Cimino.


A quel niveau ?

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
Commande | Site perso


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 30 Aoû 2010, 12:02 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 20:24
Messages: 1412
Cosmo a écrit:
Gerry a écrit:
C'est la première fois que je fais le rapprochement entre Pialat et Cimino.


A quel niveau ?


C'est surtout en rapport avec The Deer Hunter et Heaven's Gate, et notamment cette gestion phénoménale des scènes de foule (le dimanche au bord de l'Oise ou le cabaret parisien chez Pialat, le mariage orthodoxe ou les patins à roulette chez Cimino), ce sens de l'ellipse (on n'explique jamais rien, on est quasiment toujours in media res, le spectateur doit construire lui-même le passif des personnages ou de la scène, combler des vides), cet intérêt pour le "peuple", et cette vie incroyable qu'ils arrivent à insuffler dans des films d'époque (ou pas). Le repas où Van Gogh et Théo imitent Toulouse-Lautrec, pour moi c'est comme les scènes de bar ou de chasse dans Deer Hunter. Et la place des femmes aussi (Meryl Streep ou Isabelle Huppert sont des personnages assez similaires à la fille de Gachet).
Après, je trouve que Cimino va plus loin dans un certain romanesque et la construction d'une (anti-)mythologie, qu'il utilise des plans (l'insert génial de la goutte de vin qui vient tâcher la robe de la mariée) que Pialat n'utiliserait pas.
Bref, les deux sont très forts.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 30 Aoû 2010, 12:25 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2009, 11:34
Messages: 570
Gerry a écrit:
cet intérêt pour le "peuple"

Oui mais est-ce le même peuple ?
Chez Cimino, il chante "God bless America". Dans Van Gogh, il chante "Le temps des cerises", "La Butte rouge".


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 30 Aoû 2010, 12:32 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 20:24
Messages: 1412
latique a écrit:
Gerry a écrit:
cet intérêt pour le "peuple"

Oui mais est-ce le même peuple ?
Chez Cimino, il chante "God bless America". Dans Van Gogh, il chante "Le temps des cerises", "La Butte rouge".


Dans Heaven's Gate, les prolos (menés par Brad Dourif) font une belle AG, non?
D'ailleurs c'est génial dans Van Gogh quand la servante parle de son fils tué pendant la Commune.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 30 Aoû 2010, 12:54 
Hors ligne
Vaut mieux l'avoir en journal
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22410
Localisation: Paris
Gerry a écrit:
C'est surtout en rapport avec The Deer Hunter et Heaven's Gate, et notamment cette gestion phénoménale des scènes de foule (le dimanche au bord de l'Oise ou le cabaret parisien chez Pialat, le mariage orthodoxe ou les patins à roulette chez Cimino), ce sens de l'ellipse (on n'explique jamais rien, on est quasiment toujours in media res, le spectateur doit construire lui-même le passif des personnages ou de la scène, combler des vides), cet intérêt pour le "peuple", et cette vie incroyable qu'ils arrivent à insuffler dans des films d'époque (ou pas). Le repas où Van Gogh et Théo imitent Toulouse-Lautrec, pour moi c'est comme les scènes de bar ou de chasse dans Deer Hunter. Et la place des femmes aussi (Meryl Streep ou Isabelle Huppert sont des personnages assez similaires à la fille de Gachet).
Après, je trouve que Cimino va plus loin dans un certain romanesque et la construction d'une (anti-)mythologie, qu'il utilise des plans (l'insert génial de la goutte de vin qui vient tâcher la robe de la mariée) que Pialat n'utiliserait pas.
Bref, les deux sont très forts.


C'est marrant, il s'agit de mes deux cinéastes préférés et je n'avais malgré tout pas fait le rapprochement. Alors que la gestion du temps est ce qui, selon moi, caractérise le plus le cinéma de Pialat, et on a beau le retrouver chez Cimino, ça m'avait échappé (les deux cinéastes sont en apparence si différents qu'on n'y pense pas forcément). L'ellipse est en effet importante dans les deux œuvres. Moins dans les derniers Cimino (mais il est vrai que Sunchaser et Desperate Hour se déroulent sur deux ou trois jours). Il faudrait que je revois leurs films dans l'optique de les rapprocher pour trouver quelque chose de pertinent à dire.
Les scènes de foule sont rituelles chez Cimino, il est Le cinéaste du rite (dommage, le titre Le Rite était déjà pris par Bergman !). Chez Pialat, je ne suis pas certain qu'elles aient le même sens, encore une fois il faudrait que je les revois.
En y repensant, un autre point commun réside dans les fins de leurs films, toujours ambigües, renforçant l'idée que tout ce qui précède a été fait en vain. Y a t-il eu une évolution, une compréhension chez les personnages, ou pas ? Ce n'est pas certain et Cimino s'amuse toujours à brouiller les pistes à ce niveau. Si je me souviens bien, Pialat aussi.

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
Commande | Site perso


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. À nos amours (Maurice Pialat - 1983)

Marlo

3

1242

03 Jan 2011, 13:05

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Garçu (Maurice Pialat, 1995)

Art Core

6

744

05 Jan 2021, 13:04

Art Core Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Police (Maurice Pialat - 1985)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Cosmo

20

2510

28 Mai 2020, 21:09

Z Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Loulou (Maurice Pialat - 1980)

Blissfully

1

1563

18 Mai 2009, 10:18

Tetsuo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. L'Enfance nue (Maurice Pialat - 1970)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Zad

26

3394

31 Mai 2010, 10:06

Marlo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Garçu (Maurice Pialat - 1995)

Cosmo

3

2505

06 Aoû 2010, 22:28

Z Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Passe ton bac d'abord... (Maurice Pialat - 1978)

Castorp

5

591

01 Mar 2022, 10:47

Mr Degryse Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Gueule ouverte (Maurice Pialat - 1974)

Cosmo

0

1110

29 Juil 2006, 19:47

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Sous le soleil de Satan (Maurice Pialat - 1987)

Cosmo

1

1211

23 Sep 2019, 16:02

Lohmann Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Nous ne vieillirons pas ensemble (Maurice Pialat - 1972)

Z

14

1700

21 Sep 2020, 12:36

Cosmo Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 22 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web