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Sisters (Brian De Palma, 1973)
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Auteur:  Marlo [ 19 Avr 2010, 11:15 ]
Sujet du message:  Sisters (Brian De Palma, 1973)

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J'ai découvert "Sisters" il y a quelques années, quand je ne connaissais De Palma qu'à travers "Scarface" ou "Les incorruptibles". Je ne connaissais pas ses films des années 70 et 80 et je le prenais un peu pour un sous-Scorsese. J'avais adoré certaines scènes mais j'avais été aussi vraiment décontenancé par moments et j'avais eu du mal à adhérer à l'ensemble ... Trop baroque, trop fou, pour l'apprenti-cinéphile sage que j'étais à l'époque ...
Aujourd'hui je n'aime plus trop Scorsese, ce petit catholique à sa maman, et je suis devenu un vrai vendu au cinéma de mon pote Brian. J'ai l'impression que son cinéma des années 70 et 80 est fait pour moi.

C'était le bon moment pour revoir "Sisters", et cette fois-ci je n'y ai vu que grâce et virtuosité. Comme dans tous ses meilleurs films, la forme seule rend le film jubilatoire. Je pense en particulier à ce split screen dément et tellement audacieux, qui est probablement le plus fort que j'ai vu au cinéma, mais aussi à tous ces plans soufflants, parfois saugrenus, et ces séquences oniriques finales ; le point faible du film sûrement, et ce qui m'avait le plus gêné à l'époque, mais, rien que pour la gratuité géniale (ou le génie gratuit plutôt) de la chose je ferme les yeux, ou plutôt je les ouvre bien grand et je savoure le visage diabolique de Bill Finley et ceux hébétés de Margot Kidder et Jennifer Salt. Tous ces moments laissent transparaître toute la passion et tout l'enthousiasme de De Palma. "Sisters" est toujours une explosion de joie, une fête macabre.
Il y a aussi ce scénario Hitchcockien, admirablement construit et qui tient en haleine pendant 1H30. Le piège met une demi-heure à se mettre en place avant de se refermer sur le spectateur, qui n'a alors plus qu'à se laisser guider dans ces fantasmes voyeuristes et cinéphiliques.

6/6, évidemment.

Du coup je vais aller mettre mon top à jour, les films des années 70 et 80 qui n'ont pas 6/6 se réduisent à peau de chagrin.

Auteur:  Mister Zob [ 22 Avr 2010, 18:15 ]
Sujet du message:  Re: Sisters (Brian De Palma, 1973)

Moi aussi j'adore. Y a déjà quasiment tout De Palma là-dedans. Et puis c'est le Brian que j'aime, celui de BODY DOUBLE, celui qui y va pas avec le dos de la cuillère ! Dès les images du générique et les 1ers accords du score bien bourrin et entêtant d'Herrmann, je suis à fond.
Tiens, j'en profite pour recaser un lien vers une vieille critique (houuu que j'aime pas me relire) : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=781

Sinon, j'avais été agréablement surpris par le remake de Douglas Buck, qui arrive pas à la cheville de l'original mais reste très regardable dans mon souvenir. Faudrait que je tente une nouvelle vision d'ailleurs...

Et pour le moteur : Soeurs de sang / Sœurs de sang

Auteur:  Vintage [ 22 Avr 2010, 21:46 ]
Sujet du message:  Re: Sisters (Brian De Palma, 1973)

Je suis d'accord, le remake de Douglas Buck est vraiment potable. Faut dire que le réal est plutôt respectueux.

Auteur:  Marlo [ 22 Avr 2010, 21:53 ]
Sujet du message:  Re: Sisters (Brian De Palma, 1973)

Mister Zob a écrit:
Sinon, j'avais été agréablement surpris par le remake de Douglas Buck, qui arrive pas à la cheville de l'original mais reste très regardable dans mon souvenir. Faudrait que je tente une nouvelle vision d'ailleurs...


Vintage a écrit:
Je suis d'accord, le remake de Douglas Buck est vraiment potable. Faut dire que le réal est plutôt respectueux.


Ah bon ? J'avais entendu dire que c'était complètement nase. Je vais aller voir ça.

Auteur:  Film Freak [ 12 Juin 2018, 23:04 ]
Sujet du message:  Re: Sisters (Brian De Palma, 1973)

SPOILERS

Rien que le premier plan est génialement ludique dans sa mise en abyme, à la fois diégétique et extra-diégétique : dans un vestiaire, un homme regarde une aveugle, qui ne sait pas qu'il est là, se déshabiller. C'est un voyeur...et nous aussi. On regarde sans être vus. De Palma souligne cet effet de miroir en révélant que la séquence était en fait un segment d'une émission de caméra cachée.
Dans ses meilleures séquences, le film va directement s'amuser de ce rapport.

Derrière "l'hommage" à Hitchcock, piochant dans Fenêtre sur cour et Psychose, mais qui en soi est déjà un jeu de miroir, entre les films, pour le spectateur cinéphile, il y a une intéressante décomposition du voyeurisme inhérent au personnage pourtant "vertueux" de la journaliste qui, par définition, est là pour fouiner. Non seulement assiste-t-elle au meurtre en regardant d'une fenêtre à une autre (c'est évidemment la teuf aux cadres dans le cadres, même avant le moindre split-screen) mais elle ne va cesser de vouloir s'immiscer dans l'intimité de son sujet, jusqu'à ce climax inattendu du rêve/flashback/hypnose qui la propulse comme spectatrice/actrice improbable du souvenir d'une autre, filmée cette fois dans un N&B qui, comme son décorum, rappelle Freaks ou le muet (l'iris) et non plus Hitchcock.
C'est pourquoi je ne suis pas d'accord du tout avec Marlo :
Citation:
ces séquences oniriques finales ; le point faible du film sûrement, et ce qui m'avait le plus gêné à l'époque, mais, rien que pour la gratuité géniale (ou le génie gratuit plutôt) de la chose je ferme les yeux

Au contraire, pour moi c'est le point fort du film et surtout le point culminant de cette plongée voyeuriste qui se termine presque par la punition de l'héroïne, allant jusqu'à renier ce qu'elle a vu.

Citation:
Il y a aussi ce scénario Hitchcockien, admirablement construit et qui tient en haleine pendant 1H30.

Je suivais le récit avec plaisir mais on peut pas dire que les rebondissements ou les révélations sont surprenantes aujourd'hui. Mais à vrai dire, je ne sais pas si le film essaie vraiment de se construire vers un twist et de cacher son secret.

Citation:
Le piège met une demi-heure à se mettre en place avant de se refermer sur le spectateur, qui n'a alors plus qu'à se laisser guider dans ces fantasmes voyeuristes et cinéphiliques.

Là on est d'accord, c'est l'intérêt du film même si on est encore un peu à l'état d'ébauche de la carrière à venir.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 24 Juil 2020, 22:13 ]
Sujet du message:  Re: Sisters (Brian De Palma, 1973)

Rien à ajouter au message de Bob ci-dessus. Film fécond et séminal. Génial comment la scène de rêve devient presque un voyage dans l'histoire du cinéma, avec en plus ce personnage de prof interviewé qui rappelle Orson Welles. Et comme le souligne Marlo, le split-screen est génial, tout comme le plan en capture d'écran en haut du topic. Les touches d'humour sont cool aussi, notamment dans ce dernier plan presque gaguesque.

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