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Agora (Alejandro Amenabar - 2009)
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Auteur:  Mr.Orange [ 08 Fév 2010, 22:53 ]
Sujet du message:  Re: Agora (Alejandro Amenabar - 2009)

Qui-Gon Jinn a écrit:
et puis ce plan baroquissime dans la bibliothèque saccagée (malgré le numérisme des manuscrits qui volent).

Ca doit être à peu près le seul plan que je sauve du film.
Je copie/colle ce que j'avais écris sur enculture, parce que ça a sans doute plus sa place ici (0 réponse là-bas):


A priori ce pourrait être intéressant, le film s'occupe d'une période religieuse assez trouble, où le christianisme devenait religion dominante par la force faisant décliner la place du savoir et de la culture pour mieux s'aveugler dans une foi pas très humaniste.
Hypatie, alias Rachel Weisz, est un peu la pièce centrale, tout le monde l'aime, elle est philosophe, belle, et ce sera petit à petit la dernière représentante de la civilisation passée.

Mais il y a un hic, Amenabar nous proclame la culture, la liberté de penser, mais utilise les pires poncifs, s'enferme dans un total académisme qui frise l'indécence. C'est un imposteur. Tout, mise en scène, musique, ressorts scénaristiques, sont là pour faire les yeux doux au spectateur, pour le conforter dans son émotion crétine systématisée. On est bien loin de la pensée révolutionnaire de Hypatie ,qui arrivait à ce défaire de ses idées préconçues, encensée durant tout le film! Même ses cheminements de pensées pour arriver à ses théories sont abordées sur le mode du « Eurêka! Mais c'est bien sûr! » ultra-convenu et qui devient assez ridicule dans sa répétition systématique.

Ce qui est aussi assez crispant c'est l'incroyable premier degré permanent du truc qui annihile toute possibilité de distanciation. Et du coup les seconds rôles sont tous pathétiques, la palme revenant à Max Minghella, qu'on nous vend torturé et incandescent et qui a juste l'air con.


1/6 Le point va à la toujours belle Rachel Weisz.


Et en fait je suis descendu à 0.5 par comparaison avec les autres films. Mais le demi-point va toujours à Rachel Weicz.

Auteur:  Tom [ 14 Déc 2010, 00:07 ]
Sujet du message:  Re: Agora (Alejandro Amenabar - 2009)

Rattrapages des films pas vu de 2010... Spoilers

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Et ben putain, je sais pas si c'est d'avoir lu les amis négatifs ici, mais qu'est-ce que j'ai trouvé ça bien ! Bordel, ca fait du bien, j'avais pas vu un film hollywoodien aussi frais depuis quoi, Beowulf ?

Le premier degré du film, son aspect série B si on veut, c'est immédiatement ce que j'aime, le fait de se permettre des plans comme la vue du cosmos d'où on entend les cris des traqués poursuivis, la révélation euphorique dans l'agonie sur le toit en cercle, les maths dans le bac à sable, ou encore mettre les chrétiens tous en noir... Ca fonce tout droit, c'est naïf mais c'est aussi coloré, c'est manichéen mais c'est passionné, c'est vraiment un film tout fou qui fonce sans se poser de question et je trouve ça génial.

Le gros regret, finalement, c'est qu'Amenabar ait pas exactement les épaules, au-delà de sa passion évidente pour son sujet, pour porter ce film à un niveau majeur, ce qu'il aurait pu être sans problèmes (l'audace du concept, le peplum à faire des maths, est quelques chose d'assez génial). Malgré les idées qui courent partout, malgré la flamboyance, c'est jamais assez précis, assez construit dans la mise en scène : je demande pas forcément au film d'être fin, mais d'avoir les moyens de ses envies de démesure. Curieusement, je le trouve en fait beaucoup plus à son aise dans les scènes d'actions, de foule plus précisément, qu'il sait vraiment prendre par un bout singulier et passionnant.

Il y a pourtant un angle d'attaque parfait dans la première partie, celui d'approcher le magma idéologique, ce mélange fébrile de temps révolu et de temps à venir, de christianisme et de paganisme, de croyance et de science, de petites histoirettes et de plans de cosmos... bref, de choper ce bouillonnement intégral via l'intermédiaire d'un béguin d'adolescent tout ce qu'il y a de plus bordélique et impulsif (béguin lui-même pris dans les tirs croisés de la relations maîtresse-esclave, des pulsions de mort qui rodent, et ainsi de suite). Ce mélange constant de tout ce qui traverse le film via cet angle-là, qui voit le gamin amoureux aller prier le nouveau Dieu comme un malade pour des histoires de cœur, est ce que je préfère dans ce bouillon improbable.

La deuxième partie a du mal à tenir ces promesses, malheureusement, sans démériter pour autant. La progression plus linéaire (la montée progressive des chrétiens), dans une structure qui peine à se renouveler (violences dans la foule / séance au gouvernement / rachel fait eureka / violence dans la foule / séance gouvernement / rachel fait eureka...), avec pas mal de personnages mis sur le bas côté (l'esclave qui passe une heure à froncer les sourcils avant de réellement redevenir un protagoniste in extremis) empêchent le beau potentiel de bien déployer ces ailes.

Ca me semble dommage de tenir rigueur au film de son manque de finesse, de son côté "l'astronomie pour les nuls" et de son entêtement a représenter la science à coups de démonstrations candides et butor - de le blâmer pour son potentiel ridicule, en somme. L'énergie qui fait sa beauté vient de ce côté adolescent, passionné, volontiers impur et chaotique. Je regrette juste qu'Amenabar et sa mise en scène aient du mal à suivre. Mieux prix en charge, peut-être un peu plus ambitieux scénaristiquement, ça aurait vraiment pu tout péter.

Et Rachel Weisz est décidément la plus belle femme / meilleure actrice / phénomène sous-exploité du monde.

4,5/6

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