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MessagePosté: 29 Juil 2005, 22:37 
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Beau titre original, que je préfère au pauvre Livre de Jérémie français, et l'un des rattrapages pour l'année en cours sur lequel je comptais le moins (surtout à cause de l'accueil réservé au film sur FDC, mais aussi parce que je n'ai pas vu Scarlet Diva, donc zéro attente).

Et gros choc à l'arrivée. Séance assez éprouvante ce matin au mk2 beaubourg, avec une poignée de personnes quittant la salle, fâchés et/ou choqués, et une incapacité à dire ce que j'ai aimé, voire si j'ai aimé ce que je voyais - sans cesse partagé entre une répulsion envers le sadisme de la narration (n'en jetez plus!), un sourcil froncé envers le symbolisme parfois trop appuyé, mais dans le même temps une énorme admiration pour la simplicité, l'immense honnêteté et finalement une forme de pudeur iconique interdisant tout voyeurisme.

The heart is deceitful above all things est un film rude mais ample, grave mais léger, tétanisant mais éthéré. Sorte de cousin fictionnel à Tarnation ou de grand frère rebelle à Mysterious Skin, il est à mes yeux une synthèse horriblement sublime de l'amérique telle que le cinéma nous la montre depuis, disons, Larry Clark et Harmony Korine, jusqu'aux deux films sus-cités, en passant par Palindromes, Elephant, L.IE., et j'en oublie certainement.

Mais ce n'est pas que redite : c'est aussi continuation, voire détournement. On trouve ici une justesse de ton et une volonté d'éviter tout jugement, toute morale qu'on ne trouve pas forcément, par exemple, chez Solondz. Il y a une volonté de prendre le contre-pied des attentes, de compter avec l'inconfort, de ne pas tendre la face aimable, de ne pas freiner un certain jusqu'au-boutisme narratif et visuel (voir les séquences avec les oiseaux rouges, qu'on peut rejeter pour leur simplisme ou qui peuvent épouvanter d'évidence). J'y trouve également un tableau social et psychologique de l'Amérique et, plus largement, une approche des traumatismes enfantins, certes crue, mais d'une pertinence impressionnante (l'évolution de Jérémie, la moindre de ses lignes de dialogue, fournit une matière psychologique d'une richesse rare).

Pour tout cela, d'ailleurs, je trouve qu'Argento se range plus clairement du côté d'un Gummo ou d'un Kids que du reste des films que j'ai cité. La douceur pop d'Elephant ou de Mysterious Skin, la relative gratuité/facilité de Ken Park, la quasi-obscénité de Palindrômes... Toutes ces choses que, moi (je sais que c'est loin d'être le cas de tout le monde, et qu'on risque encore de bien me jeter la pierre pour ce fil, mais j'asusme...), j'ai ressenties devant ces films et qui m'y ont gênées - je ne retrouve rien de tout cela dans The Heart... Au contraire, il y a une forme de pureté dans ce film : à mon sens, Argento rattrape en quelque sorte cette pureté originelle recherchée en vain par Palindromes dans ses hommages à La Nuit du Chasseur.

A mon sens, on a ici le digne successeur contemporain de Gummo, même si je suis incapable de le noter, de le conseiller comme "bon" film, ni même de clamer que j'ai adoré... Par contre, dire que j'ai trouvé ça puissant et le faire entrer dans mon top 15 pour la gamme d'émotions qu'il a suscitées en moi; dire que j'aimerais le revoir dès ce soir, le montrer autour de moi pour en parler (car c'est un film qui a besoin d'être débattu) - ça je ne m'en prive pas.

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MessagePosté: 29 Juil 2005, 23:14 
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Antichrist
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Détesté... et franchement comparer ça à Gummo me dépasse... au suivant et très moyen film de Korine oui, mais Gummo a un poésie qu'à mon sens (admires ma reprise de tes formules) jamais le présent film ne possède.


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MessagePosté: 29 Juil 2005, 23:53 
Je trouve que le film a une force qui va au delà de la lourdeur que l'on a le droit de lui trouver et qui passe par le regard d'enfant qu'Asia Argento choisit de prendre....C'est quelque chose quelle prend à bras le corps avec une sensibilité non-feinte, mais on n'est pas obliger d'y adhérer. Si on veut bien l'accepter, on se rend compte que le film est d'une grande beauté. Tant pis pour ceux qui restent en dehors.


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MessagePosté: 30 Juil 2005, 10:06 
Dans mes brad, Zad !!!!!! :D

Voici ce que j'avais écrit à la sortie :

Après l'intrigant Scarlet Diva, tentative foutraque de vraie-fausse autobiographie, Asia Argento s'est penchée sur l'adaptation de The heart is deceitful above all things, le second roman de J.T. Leroy, qui lui a donné le feu vert en collaborant étroitement au projet.

Le résultat est un vrai film "punk" dans le meilleur sens du terme. Le résumé pouvait laisser craindre une accumulation de scènes glauques et complaisantes, d'autant plus qu'Asia Argento, géniale dans le role de la mère irresponsable, ne se prive pas d'enchainer les pétages de plombs. Mais la force du film vient qu'il adopte avec intelligence le point de vue de l'enfant, qui grandit petit à petit, qui perd ses repères, et qui s'imagine meme des créatures imaginaires. La narration désinvolte et éclatée traduit bien ses états d'ame, sa lutte désespérée pour se sortir de cette descente aux enfers. On pourrait meme se demander si le film ne ferait pas quelques échos à la propre enfance d'Asia, tellement il semble habité par une dimension intime et personnelle.

Virulent et émouvant, The Heart is Deceitful above all things est un film magnifique sur l'enfance face à la monstruosité, qui risque fort de diviser les spectateurs.


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MessagePosté: 30 Juil 2005, 11:36 
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Bob Harris a écrit:
Dans mes brad, Zad !!!!!! :D


du calme, du calme :o



Bob Harris a écrit:
Après l'intrigant Scarlet Diva, tentative foutraque de vraie-fausse autobiographie,


que je suis curieux de voir, maintenant...

Bob Harris a écrit:
il adopte avec intelligence le point de vue de l'enfant, qui grandit petit à petit, qui perd ses repères, et qui s'imagine meme des créatures imaginaires.


J'en profite pour évoquer la scène du charbon, selon moi la plus belle, la plus forte scène du film, et peut-être la scène d'enfance la plus déchirante et la plus vraie qu'il m'ait été donné de voir depuis bien longtemps.

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MessagePosté: 30 Juil 2005, 12:02 
Zad a écrit:
que je suis curieux de voir, maintenant...

C'est assez bordélique, parfois vain et narcissique, mais tu peux le voir par curiosité si t'es amoureux d'Asia.

Citation:
J'en profite pour évoquer la scène du charbon, selon moi la plus belle, la plus forte scène du film, et peut-être la scène d'enfance la plus déchirante et la plus vraie qu'il m'ait été donné de voir depuis bien longtemps.

Scène magnifique en effet. Et puis, je garde un bon souvenir de la séance à l'Etrange Festival car j'étais au premier rang et Asia présentait son film juste devant moi. :oops:


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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:02 
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Matou miteux
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Je l'avais zappé en salles car Scarlet Diva, malgré sa sincérité coeur saignant sur la table, était bien lourdingue, hystéro et égomaniaque. Plutôt assommant.

Et ici ça me fait un peu le même effet au début, brouillon et un chouille complaisant, voir la scène avec Kip Pardue (hey) et sa ceinture. Et il y a d'autres lourdeurs d'éléphant, comme le passage plus près de toi mon dieu chez Muti et Fonda...

Mais si on s'accroche (quelle pugnacité jeune spectateur), certaines choses valent le coup. L'onirisme de bouts de charbon et de corbeau rouge, la façon très juste avec laquelle le personnage du garçon se sexualise. L'interprétation souvent (seules Muti et Winona Ryder semblent à l'ouest), avec notamment un Marilyn Manson tout nu de la figure.

Maladroit, parfois gonflant, mais touchant à droite ou à gauche.

3/6

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:06 
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Antichrist
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pour ma part rejet total. De la pose arty glauque pour être glauque. 1/6


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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:22 
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Matou miteux
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Karloff a écrit:
pour ma part rejet total. De la pose arty glauque pour être glauque. 1/6


Alors c'est vraiment ce que je redoutais au départ mais je trouve qu'elle s'est calmée sur la pose depuis Scarlet Diva, qui était vraiment le monument à ses pieds avec sa fin où tu la montes en croix. Je trouve qu'il y a une vraie place pour le gamin et son point de vue, quelque chose de plus généreux là où son premier est complètement enfermé sur elle.

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:39 
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"le livre de Jérémie" reste l'un de mes films préférés de 2005 :)

le film est effectivement plus mature,plus ouvert et plus maitrisé que "scarlet diva" (film sympatoche mais il est vrai très narcissique :mrgreen: ),et l'interprétation est très bonne (notamment les gamins qui sont étonnants! :shock: )

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:49 
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Film incroyablement bruyant pour pas grand chose, mal fichu, con mais con comme c'est pas permis. Restent quelques acteurs et deux trois moments jolis qui font que j'hésite entre 1 et 1.5/6.

Ce film ne contient pas le 10è de la poésie d'un Gummo.

[Cela dit, au moins, tu parles de coup de coeur (là, c'est tout à fait ton droit et tes arguments sont d'ailleurs parfaitement valables) alors que l'autre couillon (gratuit, oui, je sais) parle de "film sublime parmi les plus beaux de l'année". Faut arrêter la coke]


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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:53 
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Cosmo a écrit:
Film incroyablement bruyant pour pas grand chose, mal fichu, con mais con comme c'est pas permis. Restent quelques acteurs et deux trois moments jolis qui font que j'hésite entre 1 et 1.5/6.

Ce film ne contient pas le 10è de la poésie d'un Gummo.

[Cela dit, au moins, tu parles de coup de coeur (là, c'est tout à fait ton droit et tes arguments sont d'ailleurs parfaitement valables) alors que l'autre couillon (gratuit, oui, je sais) parle de "film sublime parmi les plus beaux de l'année". Faut arrêter la coke]


juste un truc, on sait pas à qui tu t'adresses : qui est "tu" et qui est "l'autre couillon" ? Parce que personne n'a écrit "film sublime parmi les plus beaux de l'année" ici...

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:55 
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Cosmo a écrit:
alors que l'autre couillon (gratuit, oui, je sais) parle de "film sublime parmi les plus beaux de l'année". Faut arrêter la coke]


:shock: :?:

je rectifie alors:

"pour moi un des meilleurs films de 2005,parmi la petite cinquantaine que j'ai découvert en salles :oops:"
ce qui n'en fait pas un chef d'oeuvre,mais "juste" un bon film... :wink:

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 17:03 
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Zad a écrit:

juste un truc, on sait pas à qui tu t'adresses : qui est "tu" et qui est "l'autre couillon" ? Parce que personne n'a écrit "film sublime parmi les plus beaux de l'année" ici...


Alors, "tu", c'est toi, et le couillon, c'est celui qui te traite de gaucho. Tu vois de qui je parle ? ;)


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