Forum de FilmDeCulte
https://forum.plan-sequence.com/

Le Miroir magique (Manoel de Oliveira - 2009)
https://forum.plan-sequence.com/miroir-magique-manoel-oliveira-2009-t10915.html
Page 1 sur 3

Auteur:  Blissfully [ 10 Jan 2009, 11:06 ]
Sujet du message:  Le Miroir magique (Manoel de Oliveira - 2009)

Très très léger photoshopage

Image

Libéré de prison, après avoir purgé une peine pour un crime qu'il n'a pas commis, Luciano trouve un emploi auprès d'Alfreda. Il se lie d'amitié avec cette dame fortunée, qui vit dans une spacieuse demeure et apprécie le luxe, tout en exprimant le voeu de voir apparaître la Vierge Marie...

Je suppose que c'est un certain acharnement qui me pousse à aller voir ce qui se cache derrière les films d'Oliveira, au moins les derniers, et j'en étais resté à Un film parlé que j'avais trouvé pas si mal. Là j'ai juste eu une abdication filmée avec une succession de plans d'ensemble mous où des mecs parlent Vierge Marie, ou Monique Ranou, ou l'inverse, tiens Michel Piccoli qui passe. Le film se trouve probablement plus quà n'importe quel autre instant lors de cette scène où un personnage enlève des cheveux d'un autre une toile d'araignée, filmée avec un ralenti fasciné lorsqu'il la lache à terre. Comme d'habitude, la page presse d'allocine ressemble à un check up chez le doc, entre autres "hommage en forme d'apologue". Moi j'ai trouvé ça irregardable mais je donne un point pour la jolie scène en vue subjective sur Venise. Ah tiens.

1/6

Auteur:  Art Core [ 10 Jan 2009, 11:14 ]
Sujet du message: 

Je voulais y aller et puis j'ai vu que ça durait 2h17...

Auteur:  Blissfully [ 10 Jan 2009, 11:21 ]
Sujet du message: 

Art Core a écrit:
Je voulais y aller et puis j'ai vu que ça durait 2h17...


Et aucune minute ne manque à l'appel...

Auteur:  Zad [ 10 Jan 2009, 12:09 ]
Sujet du message: 

je suis curieux quand même, j'aime beaucoup son dernier.

Auteur:  skip mccoy [ 10 Jan 2009, 12:11 ]
Sujet du message: 

Blissfully a écrit:
Art Core a écrit:
Je voulais y aller et puis j'ai vu que ça durait 2h17...


Et aucune minute ne manque à l'appel...



:lol:

Auteur:  Tetsuo [ 10 Jan 2009, 18:59 ]
Sujet du message: 

Pas facile de parler de ce film parce que, j'avoue, beaucoup de choses m'ont échappé. De Oliveira, à la base, c'est déjà pas très simple, mais ce film-ci m'a frappé par son étonnante vitalité qui le rend incroyablement speed. A peine a-t-on le temps de s'attarder sur une réplique que le dialogue enchaîne à un rythme infernal, que tout ce que brasse le film s'écoule à flot s'en répit. J'ai eu l'impression par moment d'être un candidat de fort boyard qui essaye de choper comme il peut les pièces qui tombent dans la cage là, à la fin du jeu (*d'ailleurs, ça existe toujours ce truc ?). Bref, on sent que De Oliveira est conscient qu'il n'a plus de temps à perdre (95 ou 96 ans quand il a fait le film), c'est la dernière ligne droite, alors il fonce à toute allure.

J’ai peut-être pas tout saisit (et je pense d’ailleurs que c’est impossible de tout capter du premier coup), mais ça ne m’a pas empêché d’apprécier, au contraire. Tout le film tourne autours d'Alfreda, cette riche oisive, obsédé par le désir que lui apparaisse le Vierge Marie, c'est-à-dire une révélation sur les questions qui la hantent, sur la douleur qui l'assaille. En fait il serait plus juste de dire que c’est elle qui tourne au centre du film, les autres personnages faisant la ronde autour (ce n'est pas pour rien que le film est rythmé sur la Danse Macabre de Saint-Saëns). Personne ne la rejoint, personne n'ose. C'est Luciano qui s'en approche le plus. Il a d’abord dans l'idée de lui monter un subterfuge en créant une fausse apparition de la Vierge. D'abord par vanité et mesquinerie pour se moquer d’elle, puis par compassion, pour soulager Alfreda de ce poids, car lui seul finira par réaliser sa souffrance et sa solitude.
Mais au final il y renonce, de peur de sombrer avec elle dans un océan de doute ("Comment en sortir" se demande-t-il), de peur d'affronter le principe de l'incertitude, ce sur quoi repose le cinéma de De Oliveira. Il aura raison car, à force de s'y enfoncer de plus en plus, elle en mourra.


C’est un film sur la communication entre les classes, sur la signification des actes désespérés, sur la solitude de l’homme face aux questionnements métaphysiques, sur la perversion du mysticisme, que De Oliveira filme avec ce style si particulier, qui n’appartient qu’à lui. C'est complexe, assez obtus et je peux tout à fait comprendre que ça rebute. Ca m'a moins touché que Belle Toujours (pour moi un des meilleurs films de la décennie), qui est un film plus simple et plus pervers, mais ça reste néanmoins un des grands films de son auteur (dont le dernier, Christophe Colomb, l'énigme, était sympathique mais n'en demeurait pas moins une petite récréation pour lui).
5.5/5

Auteur:  Film Freak [ 10 Jan 2009, 19:02 ]
Sujet du message: 

Tetsuo a écrit:
5.5/5


Trop fort Manoel.

Auteur:  Allan [ 10 Jan 2009, 20:00 ]
Sujet du message: 

Ce ne sera pas l'affiche qui me donnera envie de le voir.

Auteur:  Jericho Cane [ 10 Jan 2009, 20:06 ]
Sujet du message: 

Yeah Tetsuo ! :D

J'essaierai de voir ça demain.

Auteur:  the black addiction [ 11 Jan 2009, 00:19 ]
Sujet du message: 

Jericho Cane a écrit:
Yeah Tetsuo ! :D


En même temps c'est pas une surprise, c'est un vendu absolu à Manoel, moi le fait qu'il ne mette pas 6 ça m'inquiète...

Auteur:  Jericho Cane [ 11 Jan 2009, 01:17 ]
Sujet du message: 

the black addiction a écrit:
En même temps c'est pas une surprise, c'est un vendu absolu à Manoel, moi le fait qu'il ne mette pas 6 ça m'inquiète...

Il a noté sur 5, pas sur 6 !

Auteur:  Tetsuo [ 11 Jan 2009, 11:19 ]
Sujet du message: 

the black addiction a écrit:
En même temps c'est pas une surprise, c'est un vendu absolu à Manoel, moi le fait qu'il ne mette pas 6 ça m'inquiète...


'tain, pour une fois que j'écris sur un film que je viens de voir, et c'est tout ce que tu trouves à dire ?! Je retourne me coucher, tient !

Et de tous les Oliveira que j'ai vu, y'en a qu'un auquel je mets 6...

Auteur:  the black addiction [ 11 Jan 2009, 12:20 ]
Sujet du message: 

Rhooo mais je plaisantais, on en parlera quand je l'aurai vu, mais il ne passe pas à montpel pour l'instant. :wink:

Auteur:  Zad [ 09 Fév 2009, 15:21 ]
Sujet du message: 

j'ai trouvé le film absolument sublime, pas un plan où je ne me sois pas dit "ah l'enculé, c'est exactement comme ça qu'il faut cadrer"... Heu voilà pour l'instant.

Auteur:  Zad [ 09 Fév 2009, 17:13 ]
Sujet du message: 

en y repensant, je pense que c'est vraiment un film sur la mort, sur ce qui reste de vie après la mort, et donc sur le cinéma.

mais ce n'est pas du tout un film morbide, très beau au contraire, complètement du côté de la vie, et très limpide, je suis surpris tetsuo que tu le trouves obtus.

l'apparition de la vierge n'a pas besoin de survenir puisqu'il y a déjà eu l'apparition de la beauté et de la jeunesse. C'est frappant, d'ailleurs, comme la jeune femme qui est censée jouer la vierge n'est pas un canon de beauté.

je veux dire : elle peut être (relativement) ingrate selon l'angle, son nez notamment change complètement son visage selon l'angle : elle est belle par le point de vue, selon le point de vue, sa première apparition est sublime parce qu'elle est préparée selon le point de vue. Du coup il n'est plus nécessaire de simuler une apparition factice de grosse farce, comme on pourrait le craindre. Picturalité, sainteté, dans la simplicité et non dans l'artifice (alors même qu'artifice il y a, c'est paradoxal).

c'est aussi un film ouvertement politique, je pense notammentà la séquence où le mari de la comateuse explique qu'il a voulu l'amener dans des lieux saints et tout ce qu'il trouve à dire c'est qu'il a loué un hélicoptère, il faut qu'il précise ça... C'est ainsi qu'il peut prouver qu'il s'occupe bien d'elle, il n'y a que comme ça, en dévoilant toute l'ampleur de ce qu'il est prêt à investir pour elle qu'il pense prouver son amour. Et le pire, enfin le plus beau p-ê, c'est qu'Oliveira n'en fait pas un monstre pour autant : le type est tout à fait sincère dans son amour malgré tout, c'est très destabilisant.

les séquences dans la prison sont assez superbes, aussi, la promenade et la cantine surtout : il y a un vrai amour de l'homme, qui parvient à être politiquement engagé et pourtant jamais sectaire ; ouvert à l'homme.

conscient de la lutte des classes, des inégalités sociales et physiques, mais amoureux de l'humanité même dans ses tares.

l'amour des belles choses, ou plutôt des choses belles, c'est aussi bien pour les escaliers impressionnants qui montent au paradis que pour le petit cactus ridicule

le beau est une notion large (pas nécessairemment solennelle non plus, d'ailleurs, le film est souvent très drôle), il n'existe que par l'amour qu'on lui porte

d'où l'extrême importance de l'art, et donc du cinéma.

Page 1 sur 3 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
http://www.phpbb.com/