ATONEMENT, en français EXPIATION, en italien ESPIAZIONE, est une déception, surtout pour ceux qui avaient aimé ORGUEIL ET PRÉJUGÉS, du même Wright. Le film appartient à un genre sinistré, le mélo britannique sophistiqué. Il narre, d’après un roman à succès et sur un scénario de C. Hampton, une histoire compliquée, les amours de Cee et de Robbie, contrariées par un mensonge de la petite-sœur de celle-ci, Briony. La chronologie à tiroirs, les scènes revues sous un autre angle, les mouvements d’appareil complexes et un interminable plan-séquence sur la plage de Dunkerque où patiente l’armée anglaise (nous sommes en 1940), tout cela prépare une révélation : ce lourd spectacle est en fait tiré du roman que Briony, de nos jours, vient d’écrire pour expier. D’où le titre.

Mais le lecteur, celui qui se souvient peut-être qu’à Cannes..., s’intéresse comme nous à l’évolution du cinéma. S’il est comme nous, il ne s’intéresse même qu’à cela. Aussi trouvera-t-il intéressant que la romancière mente : dans son roman elle décrit un bonheur qu’en vérité Cee et Robbie n’auront pas connu. C’est le bon vieux truc du coup de théâtre final qui reconsidère tout. Sauf que ce mensonge n’accable pas la romancière, mais la sauve : si elle expie, c’est grâce à une fiction présentée comme un don, presque un miracle. Belle idée. Inconcevable il y a dix ans. Et qui convainc de l’évidence : le cinéma est en train de renouer avec les puissances du faux ; il est en train de réaffirmer l’image, pour elle-même. De manière à la fois timide et indéniable.

A ce stade on aimerait proposer un délassement en ouvrant le dossier Keira Knightley (qui joue Cee). Par exemple se demander pourquoi Wright ne semble lui demander rien d’autre qu’opposer un visage toujours naissant à ce qui arrive.

Pourtant j'ai eu d'autres bons échos...

J'ai très envie de le voir en tout cas.