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RIP Abbas Kiarostami
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Auteur:  Gontrand [ 05 Juil 2016, 15:31 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Je n'ai pas vu beaucoup de ses films, mais ils avaient une telle générosité et une telle volonté de s'inscrire dans le présent, d'être confronté au paradoxe de la rencontre (dans "Close Up" comme dans "Copie Conforme" l'autre s'effaceet s'épuise à mesure qu'on le reconnaît et qu'on "l'intègre", plus son discours déploie ses effets et influence et perturbe le monde, plus il disparaît, "Ten" montre au contraire une oppression politique construite sur le refus de cette perte: la parole est tolérée, circule en vase clos dans un espace lui-même en mouvement, se conserve ausis bien que l'identité de celui qui l'énonce mais n'a plus d'effet, cependant la lassitude éprouvée face à cette impuissance fixe le cadre d'un réveil possible) que je ne réalisais pas qu'il était presque de la même génération que Truffaut ou Chabrol. Avec "Ten" il avait réussi à se renouveler, et avec "Copie Conforme" (très beau film) j'ai l'impression qu'il part à un moment où il pouvait encore faire évoluer et développer son cinéma, que l'oeuvre n'était pas achevée, que le pessimisme saturnien du plan séquence se muait en vitalité ironique, acceptant partiellement la fragmentation du réel et de la perte de contrôle (Close Up anticipait déjà cette forme, mais avec moins de résignation, en s'identifiant au désir de l'autre). Le minimalisme faussement documentaire de "Ten" et le plan-voiture ont beaucoup influencé le cinéma de la décennie suivante (de Panahi à Steven Knight voire Tarantino ou Ceyan), mais on sent que Kiarostami s'en méfiait et n'a lui-même pas voulu en faire un procédé.
Il permettait au cinéma iranien d'être vivant (belle émulation avec Panahi, une génération plus jeune) et de défendre un point de vue et un propos qui pouvaient concerner le monde entier.
C'est triste.

Auteur:  Arnotte [ 05 Juil 2016, 15:59 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Shame on me, je n'ai vu aucun de ses films.
J'aimerais beaucoup voir, évidemment, Où est la maison de mon ami?, Le Goût de la cerise et Le Vent nous emportera.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 05 Juil 2016, 19:08 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Gontrand a écrit:
Je n'ai pas vu beaucoup de ses films, mais ils avaient une telle générosité et une telle volonté de s'inscrire dans le présent, d'être confronté au paradoxe de la rencontre (dans "Close Up" comme dans "Copie Conforme" l'autre s'effaceet s'épuise à mesure qu'on le reconnaît et qu'on "l'intègre", plus son discours déploie ses effets et influence et perturbe le monde, plus il disparaît, "Ten" montre au contraire une oppression politique construite sur le refus de cette perte: la parole est tolérée, circule en vase clos dans un espace lui-même en mouvement, se conserve ausis bien que l'identité de celui qui l'énonce mais n'a plus d'effet, cependant la lassitude éprouvée face à cette impuissance fixe le cadre d'un réveil possible) que je ne réalisais pas qu'il était presque de la même génération que Truffaut ou Chabrol. Avec "Ten" il avait réussi à se renouveler, et avec "Copie Conforme" (très beau film) j'ai l'impression qu'il part à un moment où il pouvait encore faire évoluer et développer son cinéma, que l'oeuvre n'était pas achevée, que le pessimisme saturnien du plan séquence se muait en vitalité ironique, acceptant partiellement la fragmentation du réel et de la perte de contrôle (Close Up anticipait déjà cette forme, mais avec moins de résignation, en s'identifiant au désir de l'autre). Le minimalisme faussement documentaire de "Ten" et le plan-voiture ont beaucoup influencé le cinéma de la décennie suivante (de Panahi à Steven Knight voire Tarantino ou Ceyan), mais on sent que Kiarostami s'en méfiait et n'a lui-même pas voulu en faire un procédé.
Il permettait au cinéma iranien d'être vivant (belle émulation avec Panahi, une génération plus jeune) et de défendre un point de vue et un propos qui pouvaient concerner le monde entier.
C'est triste.

Il est où le calembours ?

Auteur:  Gontrand [ 05 Juil 2016, 19:36 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Il n'y a pas de calembours. S'il est obligatoire, je suggère que l'on dédouble "les espaces deuil" sur ce forum, avec deux sujets séparés, l'un pour les Boby Lapointe 2.0 en tournée à l'auberge des 3 Faisans, l'autre pour les psittacistes nostalgiques et éplorés.

Auteur:  Jerzy Pericolosospore [ 05 Juil 2016, 21:52 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Citation:
Il est où le calembours ?


Mais partout, voyons.
Oh, pas au sens strict. Mais techniquement, c'est un pur régal de jeux de et sur les mots, intégralement vide de sens et bien plus comique que ce que pourrait produire un générateur de volapük 5.2. Bobby Lapointe en serait vert de jalousie.

On navigue, sidéré, ravi & hilare, entre un paradoxe de la rencontre où l'autre s'effaceet s'épuise à mesure qu'on le reconnaît et qu'on "l'intègre", et un discours qui déploie se effets à mesure qu'il disparaît et influence et perturbe le monde. Et s'il est ô combien vrai qu'une parole qui "circule en vase clos dans un espace lui-même en mouvement, se conserve ausis bien que l'identité de celui qui l'énonce mais n'a plus d'effet", on se prendra à méditer sur le fait poignant que "la lassitude éprouvée face à cette impuissance fixe le cadre d'un réveil possible".

Pourtant, le morceau de bravoure, le pic dirais-je, qui achève d'emporter tout, c'est ce "pessimisme saturnien du plan séquence" se muant en "vitalité ironique, acceptant partiellement la fragmentation du réel et de la perte de contrôle".
Ce qui, irrésistiblement, évoque Saturnin le canard atteint non de saturnisme mais de psittacose.

Bout de ficelle, selle de cheval, saucisson... de gontrisme.


Auteur:  Karloff [ 05 Juil 2016, 21:55 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Le retour du clown triste

Auteur:  Castorp [ 05 Juil 2016, 21:57 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Karloff a écrit:
Le retour du clown triste


Non. Il a juste envie de recevoir des coups de fil.

Auteur:  Castorp [ 05 Juil 2016, 21:58 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

By the way, Karloff, tu as perdu ton avatar lors de ton dernier voyage en avion ?

Auteur:  Tetsuo [ 05 Juil 2016, 22:13 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Puck a écrit:
J'aimerais vraiment bien que le monde entier voit ce film qui est un des plus beaux et des plus justes sur l'enfance et ses extrêmes.


Grave.

Auteur:  Karloff [ 05 Juil 2016, 22:51 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Castorp a écrit:
By the way, Karloff, tu as perdu ton avatar lors de ton dernier voyage en avion ?


ah oui, tiens

Auteur:  Abyssin [ 06 Juil 2016, 10:45 ]
Sujet du message:  Re: RIP Abbas Kiarostami

Lohmann a écrit:
Abyssin a écrit:
Poru une fois, ton calembour est bien.
Putain avec Cimino, ça fait 2 géants qui nous quitte en quelques jours.


Kiarostami c'est largement superieur a Cimino, avec tour le respect que j'ai pour Cimino.

Enorme tristesse :cry:

J'avoue connaitre mal Kiarostami. Cimino je trouve que c'est un cinéaste énorme sur 3 films (The deer hunter, Heaven's gate, L'année du dragon), après oui ses autres films c'est moyen. Un peu comme Wim Wenders, le mec touche l'excellence sur une partie de sa carrière puis se foire sur le reste. En tout cas les trois chef d'oeuvres de Cimino restent parmi mes meilleures expériences de spectateur.

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