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MessagePosté: 09 Juin 2010, 22:52 
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Il y avait eu une discussion de ce genre sur l’ancien forum à propos des années 90, où on essayait de voir quels en étaient les principes, la forme, l’œuvre qui avait ouvert et celle qui avait fermé…
Tout est dans le titre : on en sort, on commence à avoir le recul > quelle gueule a eu le cinéma de cette décennie ? Y a déjà eu un dossier maousse sur Filmdeculte sur le genre hollywoodien phare de ces dix ans (le film de super-héros), les Cahiers ont passé leur temps à disséquer les films tournés en numérique. Mais il doit y avoir encore plein d’autres choses !

Pour ouvrir la danse (histoire que vous ayez quelque chose sur quoi taper :D ), je vais essayer de trouver des tendances majeures. C’est évidemment un peu flou et juste esquissé, c’est juste une base.

La première suit, j’essaierai de parler d’autres trucs dans les jours à venir.


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MessagePosté: 09 Juin 2010, 22:53 
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L’énergie primale

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Pour moi il y a un plan emblème, qu’il ait réellement influencé les réalisateurs ou pas (il reste quoi qu’il en soit un exemple parfait), qui est la percée de l’eau dans le couloir de Titanic. Au milieu d’un film qui réimpose pourtant avec fermeté les capacités d’un cinéma classique puissant (science du découpage et du montage à leur paroxysme, ensemble bloc où aucun plan ne sort de son rôle pour venir faire le beau…), arrive soudain ce plan totalement déraisonnable :

Image Image Image
http://www.youtube.com/watch?v=VYc_3elRxsU#t=0m14s

Une traînée d’énergie qui traverse le couloir, explose tout (murs, portes, mobilier), comme un animal carnivore (à certains moments du travelling arrière, elle semble presque sur le point de rattraper la caméra). Il est amusant de faire la comparaison avec la scène qui précède juste, et qui filme la même chose en fonctionnant sur une chorégraphie beaucoup plus traditionnelle (observant à distance en tirant sa force du montage : vague vers la gauche, vague vers la droite, etc.). Ici, il n’y a plus qu’un plan unique et ostentatoire, soudain très plastique, bizarrement « joli », pour du Cameron (= jouant sur des effets purement graphiques : cadre oblique et bien dans la symétrie du couloir, alors que sa mise en scène évite toujours ce genre de « facilité »), car en fait tout entier focalisé sur l’énergie qui a lieu dans le plan : la valeur du cadre n’est plus aussi décisionnelle, ca devient un truc purement sensoriel.

Je crois qu’on en retrouve déjà surtout des traces chez les coréens. Le début de The Host ne fonctionne pas autrement : une boule d’énergie pure qui traverse un décor sage et y envoie tout valser. Là encore, on trouve le côté très « pulsionnel » :
http://www.youtube.com/watch?v=uSMSGDqltzc (surtout les deux premières minutes)

Ca fonctionne aussi beaucoup sur la fluidité. Voir ici le plan du Bon la brute et le cinglé, qui focalise là-encore, accumulant toute l’énergie jusqu’à l’explosion de la fusillade.
http://www.youtube.com/watch?v=wljNbhWIVmU#t=1m25s

Du coup le plan-séquence (moins un plan séquence de la performance comme avant, puisque le numérique leur fait perdre leur valeur de « preuve par l’image », mais un plan-séquence du « ne surtout pas lâcher », façon rodéo, centré sur la sensation d’ivresse). L’exemple type c’est Spiderman :
http://www.youtube.com/watch?v=2DYodUX4sJU#t=1m22s

Et on retrouve dans beaucoup d’autres films hollywoodiens la même chose. Par exemple Happy Feet :
http://www.youtube.com/watch?v=GUYKStgP2wI


C’est là que je vois le côté primal : on essaie de retoucher aux sensations profondes, sans passer par le récit. C’est d’ailleurs visible dans les sujets : les exemples cités sont des films centrés sur des adolescents, un animal, une bande de fous. Un certain désintérêt pour la mesure et la maturité laissent entrevoir un désir d’aller retoucher aux origines. Pour reprendre Happy Feet :

http://www.youtube.com/watch?v=qUdBg1nXk1M

C’est le principe même du film : établir le contact par des moyens purement pulsionnels (physiques, musicaux, sensuels). Rafik Djoumi en parlait dans sa critique du film :

Citation:
Happy Feet débute en plein milieu du cosmos, sur les paroles de la chanson des Beatles, Golden Slumbers : “Once there was a way to get back homeward... Once there was a way to get back home.” (Autrefois existait un chemin du retour… Autrefois existait un chemin pour retourner au foyer.) (…) L’aventure de Mumble ne consiste pas à mener son enquête pour retourner simplement vers son foyer de la banquise, elle consiste à trouver la Voie par laquelle tous ses semblables manchots, aliénés par la souffrance, obsédés par la lutte pour la survie, s’ouvriront à l’énergie de la source et remonteront d’un cran vers leur « paradis » originel. Et comme les humains l’ont semble-t-il compris un jour (avant de presque l’oublier) cette ouverture à l’énergie de la source se pratique par le rituel du chant et surtout celui de la danse, en harmonie avec les forces spirituelles de la compassion et de l’amour. (…) Seuls le chant et la danse (…) sauront nous faire retrouver un jour « le chemin du retour au foyer ».


C’est d’ailleurs pas un hasard si la grosse star de cette décennie, question musique de film, c’est John Powell : musique pleine de basses, de chocs, de coups, d’où s’extrait des orchestrations très lyriques.


Il y a un film qui applique exactement ce programme, en utilisant la danse et les cris comme exutoires primal/tribal à tous les traumas du films : c’est Shara.
http://www.youtube.com/watch?v=sw5q9UbU-jo

Dans cette scène, centrale, où on observe une énergie qui gonfle et se répand, comme en attente, l’explosion se fait en harmonie avec les éléments : c’est la pluie qui libère l’énergie, pour remplir tout, jusqu’à ce qu’on ne voie plus rien – plus de personnages, plus de sons, plus d’image. Quand elle a fini, tous ressortent « lavés ». On peut d’ailleurs remarquer, dans cette lignée, que ca a été la décennie des projets flirtant avec le New-Age (Le nouveau Monde, The Fountain, etc.)

De manière générale, l’arrivée tardive (et l’acceptation) de Bollywood en occident me semble pas étrangère à cela. L’exemple évidemment c’est Devdas :
http://www.youtube.com/watch?v=58Zn_gjybFg
Je ne sais pas si ce style (sur-rythmé, plein de basses, de chocs, d’arrêts) est récent à Bollywood, mais ca colle parfaitement.


Voilà, si vous voyez d’autres choses qui rentrent dans ce schéma-là, où si ca vous semble complètement foireux (ou pas spécialement propre à cette décennie en particulier), bah hésitez pas. J’essaie de proposer un autre axe plus tard.


+ Toujours pas moyen d'intégrer directement les vidéos youtube ?


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MessagePosté: 09 Juin 2010, 23:10 
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J'ai du mal à voir de véritable similitude entre les différents plans-séquences que tu cites...et, à part pour ceux qui sont permis par le numérique (alors qu'ils étaient jusqu'à présent "impossible"), je vois pas ce qu'ils ont de particulièrement 2000 (surtout les deux coréens).

La caméra libérée par le numérique, ça c'est la véritable forme filmique née dans les années 2000.
Y a les adaptations de comics donc, comme j'en ai discuté dans le dossier sur FDC, mais aussi les Zemeckis par exemple, avant même sa phase performance capture (What Lies Beneath s'en donne à coeur joie dans l'exercice de style, c'en est presque théorique, cf. Panic Room aussi).

Le plan-séquence autour de la voiture de La Guerre des mondes est assez parlant également à ce niveau (Children of Men aussi donc, forcément).

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MessagePosté: 09 Juin 2010, 23:29 
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Film Freak a écrit:
J'ai du mal à voir de véritable similitude entre les différents plans-séquences que tu cites...et, à part pour ceux qui sont permis par le numérique (alors qu'ils étaient jusqu'à présent "impossible"), je vois pas ce qu'ils ont de particulièrement 2000 (surtout les deux coréens).

La caméra libérée par le numérique, ça c'est la véritable forme filmique née dans les années 2000.
Y a les adaptations de comics donc, comme j'en ai discuté dans le dossier sur FDC, mais aussi les Zemeckis par exemple, avant même sa phase performance capture (What Lies Beneath s'en donne à coeur joie dans l'exercice de style, c'en est presque théorique, cf. Panic Room aussi).

Le plan-séquence autour de la voiture de La Guerre des mondes est assez parlant également à ce niveau (Children of Men aussi donc, forcément).


Oui voilà, bien résumé. J'y ajoute le numérique à la Collateral - Miami Vice - Zodiac, Slumdog and co. qui permet de supprimer les projecteurs sur le plateau, et de se rapprocher de la sensibilité de l'oeil. Pour finir par le numérique qui permet la naissance d'un monde 100% inventé et propose un rendu en 3D sans être gadget (Avatar).

Mais là c'est technique, faudrait plus parler mise en scène. Même si c'est lié. Mais là je suis crevé.

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MessagePosté: 09 Juin 2010, 23:58 
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Film Freak a écrit:
J'ai du mal à voir de véritable similitude entre les différents plans-séquences que tu cites...et, à part pour ceux qui sont permis par le numérique (alors qu'ils étaient jusqu'à présent "impossible"), je vois pas ce qu'ils ont de particulièrement 2000 (surtout les deux coréens).

Je focalisais pas forcément sur le fait que ce soit des plan-séquences en fait : pour les trois cités (Happy Feet, Spiderman et Le Bon la brute et le cinglé - pour moi Shara en est pas vraiment un), je voulais les mettre en exemple comme un moyen parmi d'autres de mettre en valeur cette énergie (sans que ca implique que ce soit le but de tout plan-séquence de la période, comme tu l'as très bien montré) : ce qui m'intéresse ici c'est leur côté "ivre", courant après les sensations de vitesse, de perte de contrôle, d'espace offert. Cette utilisation très sensorielle me semble avoir une démarche différente des plan-séquences des années 90 - ceux de DePalma, par exemple - qui sont d'avantage des tours de force très calculés, millimétrés, justement plutôt soucieux de nous transmettre un sentiment de maîtrise (même s'il y a sans doute des contre-exemples auxquels je ne pense pas...).

Mais je suis tout à fait d'accord pour la vague des plan-séquences numériques à caméras qui peuvent s'introduire partout (et pour les cas que tu cites), et qui n'obéissent pas du tout à ces règles : ça croise ce dont je parle par certains exemples en commun sans forcément le contredire.


Tiens, en y pensant, pour les plan-séquence d'abord utilisés dans une optique sensorielle/ivre, en opposition avec l'utilisation qui en était faite les décennies précédentes, on pourrait citer Noé ; mais là on sortirait du sujet qui m'intéressait (l'énergie).

Et comme Z, yé vais me pieuter...


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 08:57 
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Quand je pense aux années 2000 je pense comme Z et Film Freak à ce numérique qui peu à peu envahit tout. Pour moi l'utilisation du numérique visant à reproduire le réel est certes une avancée technologique, mais s'inscrivant logiquement dans la grande histoire des effets spéciaux ... Par exemple les approches de Cameron avec "Avatar" et Lucas avec "Star Wars" sont similaires pour moi (et dans le genre le meilleur film de la décennie est selon moi "La guerre des mondes" qui utilise de façon très intelligente les SFX).
J'ai été plus intéressé par ceux qui ont envisagé le numérique comme un moyen de créer des images nouvelles. Les frères Wachowski semblent avoir compris que le numérique était encore bien loin de l'humain aujourd'hui. Il y a en effet toujours cette froideur et ce manque d'humanité dans les décors et sur les visages des personnages. Avec "Speed Racer", ils vont à contresens du mouvement global, assument la laideur que le numérique peut revétir, et vont même jusqu'à en jouer. Et créent ainsi un film hors-normes, sans ascendance ni descendance, un vrai accident au coeur du système, qui ne vieillira pas. "Speed Racer" est un film des années 2000.
Peut-on dire qu' "Avatar" est un film des années 2000 ? Ca reviendrait pour moi à dire que "Jurassik Park" est un film des années 90, ou "La guerre des étoiles" un film des années 70 ... Or mis à part l'avancée technique je ne vois rien dans chacun de ces films quelque chose qui porte vraiment le sceau de leur décennie.

Bref, quand je pense aux années 2000, je pense à ces films qui vont de pair avec notre époque mutante, dévorée par les flux d'information de toutes sortes et par tous ces régimes d'images différents. En plus de "Speed Racer" me viennent notamment à l'esprit "Time and tide", "Southland Tales" ou "Miami Vice".
Si on élargit le champ à la télévision je vois mal comment ne pas citer "24" et son influience incroyable sur tout le cinéma hollywoodien de la décennie qui a suivi.

Mais bon, j'en parlerai plus (et de façon moins brouillonne, je manque un peu de recul je trouve) quand tu décidera d'aborder cet axe, Tom. :mrgreen:


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 09:49 
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Antichrist
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Speed Racer est vraiment un film à part, qui intègre aussi bien l'imagerie comme tu le dis, des réseaux d'information et de flux et aussi l'esthétique régressive issue - peut-être - du jeu vidéo, que d'ailleurs reprend Noé dans Enter the Void.

Sur le plan esthétique - comme thématique d'ailleurs mais pas forcément pour les mêmes films - l'influence du jeu vidéo me semble majeure, y compris dans le cinéma d'auteur. Plan à la troisième personne dans les films de Gus van Sant - inspiré aussi de Béla Tarr, certes -, insert de discussion dans le plan, retour du split screen, plan vu de dessus... Tout cela contribue à lier les deux médias. Avatar est peut-être l'aboutissement ultime de cette "confusion" esthétique. Des plumes acerbes ont d'ailleurs critiqué l'aspect "cinématique" de jeu vidéo du film, comme si cela était une tare en soi. Bien sûr, le numérique facilite cette transition. Il est d'ailleurs amusant de noter que le jeu vidéo fait le chemin inverse, en cherchant à coller au cinéma par l'utilisation de ces genres et de ces clichés.


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 11:11 
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L'esthétique des années 2000, c'est l'éclatement, éclatement des possibilités, des styles, où les films deviennent d'un côté plus indistrieux et de l'autre plus radicals. Le mot clé du début du 21íème siècle c'est nettement numérique et pas uniquement trucages numériques, mais caméras numériques, voire même transferts numériques avec l'avènement de YouTube et des nouveaux moyens de diffusions. Z disait qu'il ne fallait pas uniquement parler de technique et parler aussi de mise en scène, mais pour moi, surtout dans notre exemple c'est absolument indissociable. On a pu écrire et composer de la musique pour des orchestres massifs aussi parceque l'architecture et les techniques acoustiques ont à un moment permis la construction de bâtiments capables d'accueillir tout se monde et le public pour venir les voir jouer. Et je pense qu'au delà de l'exemple des plans séquences plus ou moins artificiels grâce aux techniques numériques [que ce soit ceux de la Guerre des mondes ou celui de l'Arche Russe], le numérique est venu remettre le cinéma avec autant de bonheur que de honte entre les mains du peuple. Et pareil pour la quasi totalité de l'ensemble du reste des outils nécessaires à faire un film, ils sont dispos à quelques clics de souris. Et si la DV a été l'équivalent du modem RTC, la HD grand public a fait l'effet de l'arrivée de l'ADSL pour ce cinéma là. Aujourd'hui, tu peux obtenir facilement une image cinéma [à peu près] avec une caméra à moins de 1000 euros, ce qui n'a JAMAIS été possible lors du règne de la pellicule. Les pros sont sur 35mm les amateurs font ce qu'ils peuvent avec du super8, voire du 16 pour les plus passionnés, mais même là, la lourdeur des différents procédés pour manipuler tout ça, ont fait que jamais ils ont pu venir taquiner les pros sur leur propre terrain. Aujourd'hui c'est potentiellement possible et on voit à la fois des talents émerger, ainsi que la confirmation que suffit pas d'avoir du bon matos entre les mains pour faire de bons films.
Pour ce qui est d'une thématique dominante, j'avais lu, je ne sais où, que c'était surtout Nolan qui incarnait le mieux le cinéma, occidental on va dire, du 21ième siècle, avec une parenthèse ouverte sur la narration ambitieuse de Memento en 2000 et à priori s'achevant avec Inception. Et c'est vrai que son cinéma incarne bien une forme de ciné post-Tarantino de Pulp Fiction, beaucoup plus sérieuse dans le fond, avec des thématiques complexes mais amenées en douceur et qui passent comme un suppo. Je veux dire, tu regardes la narration de Memento, Batman Begins et le Rrestige, c'est hyper couillu de tenter ces histoires totalement non linéaires dans un univers qui s'assume entièrement pour le grand public.

Après pour ton plan de Titanic Tom, je l'adore. Ce plan m'avait titanisé [haha] au ciné en 97. Par contre je trouve que tu force un peu en voulant le mettre à part dans la philosophie Cameron. Déjà ce plan a été tourné par l'équipe responsable de la photographie des miniatures, Cameron a rajouté en post prod le débullage quand il a vu qu'il lui manquait justement l'énergie dont tu parles. Donc du coup, il est difficile de juger de la vraie pérennité du plan [est-ce un plan prévu au storyboard? a-t-il été conçu pendant la fabrication des maquettes? [on sait qu'ils ont pas mal utilisé les décors miniatures à la fois pour les scènes de destruction mais aussi comme fond pour des acteurs film'es sur fond vert]. Après, il est clair que dans le film, il résume et renforce parfaitement la situation en général à ce moment du métrage.


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 11:19 
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C'est pas con, l'exemple de YouTube et évidemment des petites caméras numériques...quand on pense à des films comme Redacted ou Paranormal Activity...de toute façon, la réprésentation de la Guerre à la télé ainsi que les images du 11 septembre sont sans doute - avec la libération de la caméra via les CGI - la plus grosse influence esthétique sur la forme filmique de cette décennie...La Guerre des mondes, Les Fils de l'Homme, Cloverfield...et c'est indissociable du fond une fois de plus.

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MessagePosté: 10 Juin 2010, 11:36 
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Film Freak a écrit:
C'est pas con, l'exemple de YouTube et évidemment des petites caméras numériques...quand on pense à des films comme Redacted ou Paranormal Activity...de toute façon, la réprésentation de la Guerre à la télé ainsi que les images du 11 septembre sont sans doute - avec la libération de la caméra via les CGI - la plus grosse influence esthétique sur la forme filmique de cette décennie...La Guerre des mondes, Les Fils de l'Homme, Cloverfield...et c'est indissociable du fond une fois de plus.


Oui, c'est certain, mais je pense qu'il ne faut pas toujours tout baser sur le 11 septembre. On parle tout le temps de cinéma post-11 septembre mais je pense que les germes de ce nouveau cinéma d'action étaient présents depuis longtemps.
"24" a été réalisé avant les attentats et propose un cinéma basé sur la multiplicité des sources d'images (sentiment renforcé par le split-screen, etc.), sur l'utilisation de la caméra à l'épaule, ... Les films de Greengrass eux tiennent leur esthétique du documentaire. Bref sur "Cloverfield" plane l'ombre du 11 septembre mais dans les faits ce qui est proposé n'est pour moi que la continuation des recherches formelles entamées les années précédentes.
Ce sont les petites caméras numériques qui ont permis au 11 septembre de devenir un évènement cinématographique, pas le 11 septembre qui a amené l'utilisation de ces caméras.


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 11:44 
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Marlo a écrit:
Film Freak a écrit:
C'est pas con, l'exemple de YouTube et évidemment des petites caméras numériques...quand on pense à des films comme Redacted ou Paranormal Activity...de toute façon, la réprésentation de la Guerre à la télé ainsi que les images du 11 septembre sont sans doute - avec la libération de la caméra via les CGI - la plus grosse influence esthétique sur la forme filmique de cette décennie...La Guerre des mondes, Les Fils de l'Homme, Cloverfield...et c'est indissociable du fond une fois de plus.


Oui, c'est certain, mais je pense qu'il ne faut pas toujours tout baser sur le 11 septembre. On parle tout le temps de cinéma post-11 septembre mais je pense que les germes de ce nouveau cinéma d'action étaient présents depuis longtemps.
"24" a été réalisé avant les attentats et propose un cinéma basé sur la multiplicité des sources d'images (sentiment renforcé par le split-screen, etc.), sur l'utilisation de la caméra à l'épaule, ... Les films de Greengrass eux tiennent leur esthétique du documentaire. Bref sur "Cloverfield" plane l'ombre du 11 septembre mais dans les faits ce qui est proposé n'est pour moi que la continuation des recherches formelles entamées les années précédentes.
Ce sont les petites caméras numériques qui ont permis au 11 septembre de devenir un évènement cinématographique, pas le 11 septembre qui a amené l'utilisation de ces caméras.

Je parle pas juste de caméras à l'épaule (qui existe depuis...1895?), mais de films qui renvoient directement à l'imagerie du 11 septembre (le Spielberg et ses bébés : le Cuaron et Cloverfield).
Cloverfield, c'est pas juste filmé "à l'épaule", c'est la caméra qui est diégétisée, qui fait des personnages des homologues de ceux qui ont filmé le 11 septembre.
Et la longueur des plans (parfois des plans-séquences), toujours situés à échelle humaine, c'est particulier aussi (Cruise qui fuit l'attaque du premier tripode, Owen qui doit s'infiltrer dans l'immeuble en pleine guerilla, les protagonistes de Cloverfield qui fuient le monstre)...c'est pas la même chose que dans un Die Hard 3 de la décennie précédente ou même que dans un Bourne.

Alors tu pourras toujours me dire que le filmage de La Guerre des mondes est déjà là dans le débarquement de Ryan mais bon...l'influence du 11 septembre est indéniable.

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MessagePosté: 10 Juin 2010, 12:55 
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Film Freak a écrit:
Cloverfield, c'est pas juste filmé "à l'épaule", c'est la caméra qui est diégétisée, qui fait des personnages des homologues de ceux qui ont filmé le 11 septembre.
Et la longueur des plans (parfois des plans-séquences), toujours situés à échelle humaine, c'est particulier aussi (Cruise qui fuit l'attaque du premier tripode, Owen qui doit s'infiltrer dans l'immeuble en pleine guerilla, les protagonistes de Cloverfield qui fuient le monstre)...c'est pas la même chose que dans un Die Hard 3 de la décennie précédente ou même que dans un Bourne.


Comme je l'expliquais plus haut je mettrais plus le 11 septembre et Cloverfield au même niveau. Pour moi le premier a peut être été un déclic pour le second mais le second aurait pu naître sans ça. Ce sont les caméras numériques qui ont amené à la fois le 11 septembre à être filmé sous tous les angles, et "Cloverfield" à être réalisé. C'était une conséquence logique à l'apparition de ces caméras, comme pour les millions de vidéos YouTube prises sur le vif.
Le 11 septembre n'est pas à l'origine d'une nouvelle forme cinématographique, plutôt un révélateur.
L'influence du 11 septembre s'est plutôt fait sentir sur le fond (sentiment de paranoïa, l'Amérique qui chute de son piédestal, etc.) et dans l'imagerie même (certains plans dans "La guerre des mondes" ou "Les fils de l'homme"), pas vraiment dans la mise en scène je pense.


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 13:09 
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Marlo a écrit:
Mais bon, j'en parlerai plus (et de façon moins brouillonne, je manque un peu de recul je trouve) quand tu décidera d'aborder cet axe, Tom. :mrgreen:

Héhé, ben tiens !

Le numérique, en fait, je comptais pas en parler seul, vu qu'à mon sens il transcende tout : quel que soit "l'axe" surlequel on veuille se pencher pour cette décennie, il est présent, il est l'une des causes. C'est effectivement vraiment une décennie qui aura été marquée par ça. Néanmoins, ca ne reste qu'un point de départ : ca ne peut être une esthétique en soi, c'est une technique (même si comme le dit Mufti, c'est d'emblée lié).

Je pense en fait que l'une des choses importantes que le numérique a amené, c'est la fin de la preuve par l'image. On sait qu'une image est potentiellement, d'emblée, fausse. Les films ne peuvent plus jouer là-dessus, ils ont à assumer d'être d'entières représentations.

Les trois exemples que tu cites me semblent justement bien l'illustrer : ce n'est pas le trucage qui a changé, mais le fait d'avoir créé, façon petit dieu, des images sorties de rien.

Car Star Wars, c'est du filmé : c'est des maquettes, c'est des associations de matières vraies, ça se voit, ca se sent (ca m'avait frappé d'ailleurs, en revoyant des images en projo pellicule il y a quelques années). Si on le rattache parfois au genre du merveilleux, c'est sans doute aussi pour ça : rien n'y est créé, c'est au contraire la célébration d'un collage génial.
Jurassik Park, qui s'installe justement dans une décennie qui met en avant la pellicule (son grain, ses nuances - moins de contraste ces années-là), le numérique y est un évènement : son intrusion dans le film se fait en parallèle du dinosaure qui sort de sa cage et s'introduit dans le parc ; c'est quand même le film où les personnages passent leur temps à faire de grand "oooh" en découvrant la chose, et en demandant aux chercheurs "mais comment vous avez fait ?". Je pense que c'est vraiment l'un des films qui parle vraiment, de manière allégorique, de l'avènement d'une nouvelle forme, et c'est pas le seul (chez Pixar ces années-là, comme sujet du premier film entièrement sfx, on a aussi l'intrusion d'un jouet high-tech dans une chambre de jouets anciens...)
Avatar, on a passé une étape : ce n'est plus un objet introduit dans le film, c'est un monde en soi. Et on achève le processus : c'est une mutation, une transformation. Un héros en miettes, diminué, handicapé, va renaître de ses cendres en créature merveilleuse dans un monde luxuriant, géant, féérique ; ca accompagne l'histoire d'un cinéma usé qui va renaître en nouveau cinéma numérique.

Je vois du coup une certaine logique, une progression, et une façon d'intégrer le faux qui correspond à l'époque : après il faudrait voir si ca a vraiment influé la mise en scène - mais dans le cas de Jurassic Park, ca me semble flagrant, il y a vraiment là, à ce moment-là, un réalisateur qui invente une façon, une distance, bref, un manuel pour savoir comment filmer et approcher les images de synthèses.

C'est en ça que la décennie me semble passionnante : avant qu'on arrive à Avatar, y a un entre-deux qui joue sur le faux / pas faux, sur la certitude que l'image est trafiquée et l'incapacité de savoir où et comment. Le cinéma de Kurosawa a beaucoup joué sur ça par exemple, en en faisant l'origine même du malaise ou de l'émerveillement.

Sur cette scène de Kaïro : http://www.dailymotion.com/video/x50123 ... rt=220&amp
Ou sur le final de Tokyo Sonata : http://www.youtube.com/watch?v=UNdJQe13 ... re=related

Dans les deux cas, cette hésitation dit "Anomalie !" : la monstruosité des deux scènes vient de là. Quelque chose a envahit l'image, mais on ne sait pas où, ni comment.


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 13:12 
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Mufti a écrit:
Après pour ton plan de Titanic Tom, je l'adore. Ce plan m'avait titanisé [haha] au ciné en 97. Par contre je trouve que tu force un peu en voulant le mettre à part dans la philosophie Cameron. Déjà ce plan a été tourné par l'équipe responsable de la photographie des miniatures, Cameron a rajouté en post prod le débullage quand il a vu qu'il lui manquait justement l'énergie dont tu parles. Donc du coup, il est difficile de juger de la vraie pérennité du plan [est-ce un plan prévu au storyboard? a-t-il été conçu pendant la fabrication des maquettes? [on sait qu'ils ont pas mal utilisé les décors miniatures à la fois pour les scènes de destruction mais aussi comme fond pour des acteurs film'es sur fond vert]. Après, il est clair que dans le film, il résume et renforce parfaitement la situation en général à ce moment du métrage.

Quand je disais qu'il est à part de la mise en scène de Cameron, c'est surtout qu'il me semble fonctionner un peu comme le feront les films 3-4 ans plus tard : comme tu dis, on le remarque, il avait quelque chose d'assez singulier, où comme un aboutissement en tout cas, une fuite lyrique ; d'ailleurs Titanic était déjà pionnier pour ça, il ramenait le lyrique et le premier degré dans une décennie plus distanciée. Mais je veux bien tout à fait croire qu'il soit le fruit d'un accident, ou même pas le fait de Cameron lui-même : je pense juste qu'à cette époque, il a été l'exemple de quelque chose de nouveau, d'une voie à explorer.

Sinon tout à fait d'accord sur la "popularisation" via le numérique. Savoir si ca a été concluant, après, je sais pas trop...


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MessagePosté: 10 Juin 2010, 13:17 
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Tom a écrit:
Je vois du coup une certaine logique, une progression, et une façon d'intégrer le faux qui correspond à l'époque : après il faudrait voir si ca a vraiment influé la mise en scène - mais dans le cas de Jurassic Park, ca me semble flagrant, il y a vraiment là, à ce moment-là, un réalisateur qui invente une façon, une distance, bref, un manuel pour savoir comment filmer et approcher les images de synthèses.

Truc qu'il "révolutionne" encore dans La Guerre des mondes et sa manière de filmer l'effet sans le filmer, du moins sans le magnifier, sans le foutre au premier plan, positionner toujours l'humain d'abord, etc.

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