Forum de FilmDeCulte

Vanya on 42nd Street en VO.



La représentation de la pièce Oncle Vania de Tchekhov, dans un théâtre abandonné de New York.


Ce film, c'est un coup à la John Huston. C'est-à-dire une filmo qui, des quelques films que je récapitule en comptant sur mes doigts, ne m'a au fond jamais convaincu : impression traînante de mollesse, d'une volonté toujours trop visible dans le maniement des idées, d'une incapacité gauche à faire poindre la grâce. Et puis paf, ce dernier film, évident, d'une humilité souveraine, épatant dans cette capacité à se faire totalement oublier, à ne jamais en rajouter, à ne plus rien avoir à prouver, juste occupé à être à la bonne place, exactement posé là où il le faut.

On peut sans trop de difficultés voir ce qui dans une telle pièce résonne avec l'esprit d'un réalisateur en fin de vie. On peut aussi observer le travail d'acclimatation d'une pièce intimidante : flou sur la frontière entre les échanges d'acteurs et les répétitions, ronron familier de New-York qui résonne en sourdine entre les murs du théâtre... Mais au fond, tout ça n'est que pacotilles, et on est assez démunis face à un tel objet, constitué à 99,5% de la pièce et de rien d'autre, n'essayant même pas de capitaliser sur l'étrangeté du décor. Qu'est-ce qui vient de la pièce, qu'est-ce qui vient des acteurs (excellentissimes, évidemment), qu'est-ce qui vient du réal et de parti-pris si évidents qu'on ne parviendrait pas à les voir ?

Je me sens bien incapable de démêler ça et de savoir si Malle mérite ses lauriers, mais je noterais simplement que, ne connaissant pas Tchekhov, et découvrant ici de manière flagrante d'où le récent Winter Sleep tire son inspiration, je peux au moins pointer ceci : Louis Malle, lui, aime profondément les personnages qu'il filme, il voit la beauté à travers leur aigreur, il n'a a aucun moment besoin de nous les faire détester, et ne nous donne jamais envie de quitter la pièce, même au summum des prises de têtes atroces. Et parvient bizarrement à nous faire nous sentir bien dans ce théâtre vide, bulle d'intimité suspendue au milieu de la cité agitée, comme une planque secrète sous la ville où l'on se retrouverait avec de vieux amis pour goûter le meilleur des vins. Rien que pour ça, c'est un beau film.


Blu-ray Criterion impec sinon, sans surprise.

D'une main j'espère??

Ascenseur pour l'échafaud, Zazie dans le métro, Viva Maria !, Le Souffle au cœur.

Ouf, moins d'une main !
Et pourtant j'attendais beaucoup du dernier (qui reste pas mal, mais bon).

Je recommande Black Moon et surtout son film ainsi que sa série documentaire en Inde, c'est ce qu'il a fait de plus fort.

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Ce que j'ai vu de de loin de Black Moon me rassure pas des masses (impression d'un cinéaste populaire qui essaie de faire de l'expérimental, sans trouver de forme adaptée à la bizarrerie du truc), mais j'irai vérifier mes préjugés !

On m'a parlé d'Atlantic City aussi, dans ses bonnes adresses.

Oui c'est pas mal, AC, dans mes souvenirs.
Mais vraiment, l'Inde Fantôme et Calcutta, c'est génial.

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Je vois qu'il a fait plein de docs d'ailleurs, je savais pas :



Bon bah je note.

La Petite, aussi, c'est pas mal du tout.

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excellent souvenir d'atlantic city vu durant ma période Lancaster. J'aime nien au revoir les enfants.

Cependant pour moi dans ceux vus, son chef d’œuvre est le voleur. . Très bonne adaptation d'un roman pas facile.

Ses films pré- et contemporains Nouvelles Vagues sont moins intéressants que ce qu'il fait à partir des seventies je trouve.
Même si j'aime beaucoup Le Monde du Silence (enfin... à revoir!).

J'aime beaucoup Fatale (même si c'est possible que ça ait mal vieilli).

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CroqAnimement votre

Sinon, pour revenir au film, je crois comprendre que la pièce était jouée par les acteurs depuis 1989 entre eux, pour le plaisir, sans volonté de représentation. C'est hallucinant ça, je savais même pas que ça existait. Ça explique la perfection et la finition du jeu, et sans doute aussi l'intimité du truc d'ailleurs...


Une fois n'est pas coutume, un commentaire d'IMDB offre une perspective intéressante :

There's no shortage of intelligent work in film. But here we have one of the most complexly referential things I've ever seen. Simple self-reference points to itself. Common self-reference points to the viewer defining the experience.

But Mingus used to say why have three threads when you can have seven? Here, some of the most adventurous thinkers in film give us four threads, actually four and a half.

We have the Chekhov play and the Mamet wrapping. Make no mistake that this is not an editing or a translation, but an annotation. We have two perspectives simultaneously. Add to that the notion of the play not as a play for an audience as intended, but an event conducted regularly by the performers for their own sake. This is a creation orchestrated by Gregory, the third thread. One can clearly see in some scenes neither Chekhov nor Mamet but artists collaborating in dialogs. The inner eyes and the outer eyes differ.

Fourth, we have Malle's creation which introduces us into the equation with deliberately shaky and sometimes misframed camerawork. We aren't part of any prior experience, but the actors do include the camera in their collaboration, as an independent thread. Watch how Andre works the camera.

And finally, we have the framing of the artists in real life. This is not simultaneous with the others and in any case excludes the filmmaker.

Le feu follet c'est un de ses meilleurs.

pour tout l'amour que j'ai pour louis, pour toute l'admiration que j'ai pour sa carrière incroyable (palme d'or à 24 ans ! seul réalisateur français à avoir eu une carrière aux usa - avec louis leterrier, dans un tout autre style - !) j'ai pas de passion du tout pour sa période américaine.
j'aime la petite, parce que c'est zinzin et que ça ressemble vraiment à un film de louis malle mais aux etats-unis, mais sinon, le reste m'emmerde un peu, je ne le retrouve nulle part. je vois son éclectisme, sa curiosité, son ouverture, sa modestie consistant à toujours considérer que ce qu'il filmait et la richesse du monde étaient plus intéressants que ce qui pouvait venir de lui, son amour de l'exploration formelle - mais moi je l'adore et je ne le retrouve pas, lui.

alors ce n'est pas avec ce dernier film accidentel (il est mort peu de temps après, mais était jeune et ce n'était pas "prévu") qui a corrigé ça, puisque effectivement c'est à 99% la pièce, et que je ne le savais pas, et que je n'étais pas du tout t'attaque pour du tchekov. j'ai aussi pensé au petit panneau introductif de black moon, les explications arrivent ici en fin de générique mais je n'avais aucune idée de ce qu'était le film et j'avoue que ça n'aurait pas été de refus de les avoir d'abord.

un peu dur de trouver un positionnement émotionnel et critique face à du tchekov quand tu n'avais aucune idée que c'est ce que tu allais voir, et le film ne fait quand même aucun effort pour accompagner ou rendre ça accessible ou quoi : c'est vraiment un film experimental-bulle. je ne doute pas que ce soit une experience passionnante pour les gens qui connaissent et aiment le texte, qu'en étudiant tchekov c'est incontournable, tout ça, mais à brule pourpoint franchement c'est compliqué.

le dispositif est assez passionnant, pourtant. j'adore le théatre, je me questionne souvent sur comment le filmer - les captations sont frustrantes, je conçois que le pur "théâtre filmé" ne passionne pas les gens - et ce truc hybride est assez passionnant, le décors quasi nu, le décors du théatre, la manière dont c'est filmé, le jeu extraordinaire et totalement naturel des acteurs (julianne je meurs, mais tout le monde est formidable) dans ce dispositif totalement artificiel... c'est passionnant, comme une scène vie débarrassée de tout ce qui fait la "mise en scène" : d'un côté, ça participe à te laisser en dehors quand tu ne sais pas de quoi il retourne, et d'un autre l'émotion ou la réflexion arrivent à naitre. j'ai pensé que plein de pièces mériteraient d'être captées avec ce dispositif (j'ai pensé au spectacle sur marylin monroe avec adjani, par exemple).

c'était à la fois un peu frustrant comme dernier film, et en même temps sa filmo est faite de tellement de trucs randoms pour une raison ou une autre que ça fait bizarrement sens.

Et Jeannot Szwarc.

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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