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MessagePosté: 13 Avr 2020, 18:21 
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Un riche entrepreneur immobilier impose à ses enfants, jeunes diplômés en arts se rêvant bohêmes, d'aller vivre dans une maison promise à la destruction.

Boorman réalise un Where The Heart Is dans la pure tradition de la screwball comédy qui détonne dans sa filmographie, tout en continuant ses interrogations sur la jungle urbaine.

S'il n'y est plus naturel (il se moque vite fait et gentiment des militants écolos avec le perso d'Uma Thurman), cet environnement était déjà fondamental dans Point Blank et Leo the Last.
Il y est revenu avec Hope and Glory, film fonctionnant déjà beaucoup sur l'humour mais l'aspect chronique d'un pan tragique de l'Histoire le place un peu à part dans le genre.
Ici, il continue sur une certaine ligne de son son prédécesseur en étant une nouvelle déclaration d'amour à la famille.

Mais difficile de ne pas voir ce film comme un exercice de style sans grande réussite.
Quand Hope and Glory avait tout du tragique alors qu'il cherchait la légèreté, Where The Heart Is est une comédie légère qui cherche à intégrer des thèmes pesants.

Ceci dit, on peut être admiratif qu'il ait compris une sociologie de l'époque, affichant ce qui allait donner bobos gentrificateurs newyorkais avec ces riches squatters artistes, aînés des hipsters postmodernes (la repro des œuvres classiques pour le calendrier de la fille aînée), dans les années qui suivent.
Le film est aussi plutôt malin avec ses allusions à l'informatique qui vont bouleverser le monde. Le jeu vidéo développé par le fils se base sur la destruction de bâtiments historiques.

Des bons côtés, il y en a plein d'autres.
Il tire un certain charme à être joli à voir, c'est vraiment un visuel plus travaillé que la moyenne du genre.
Il n'a pas, encore, trop vieillit, les thématiques immobilière, financière et informatique tenant encore la route.
Surtout grâce à une volonté d'esthétique classique, il est vraiment beaucoup moins marqué 90s que d'autres comédies américaines de l'époque bien qu'une intrigue sans réseaux sociaux lui donne forcément un coup de vieux.
La petite communauté présentée était tout à fait valable sur les 15-20 ans qui ont suivies la sortie. En ce sens, le film est bien vu.
Et on aurait à faire plus ou moins aux mêmes profils aujourd'hui sauf qu' ils feraient du airbnb et c'étaient plié.

Boorman continue donc sa veine nostalgique et son Where the Heart Is peut être vu comme la prise de conscience d'une évolution du monde trop rapide pour échapper à un (gentil) conflit de génération.
Co-écrit avec sa fille d'ailleurs, il tombe aussi dans le cliché avec les jeunes qui s'en sortent mieux que prévu, pendant que le père voit son monde s'effondrer. Qui fait sens dans l'idée de cycle, le père ayant construit sa carrière lui-même sur la table rase faite du passé.

Mais le principal problème de cette comédie est d'être vraiment trop chiche en humour, à cause certainement d'une trop grande artificialité de l'ensemble.
On a des personnages excentriques, des retournements de situations, du slapstick, du gag construit sur la durée etc. Tous les ingrédients mais ça ne prend pas.
La faute d'abord à des dialogues trop écrits qui ne sont pas vraiment au niveau, ça cite du Shakespeare alors que ça rate le tragi-comique.
Quand même le film où l'habituel excellent Christopher Plummer est insupportable : il joue un clochard-magicien surnommé Shitty parce qu'il squatte les gogues quoi... Et l'ensemble du cast, dont Uma Thurman et Crispin Glover, n'a pas l'air de trop savoir quelle tonalité donner à leur interprétation, le film tournant virant.

Personne ne sait sur quel pied danser (en voulant trop danser la valse tout le long avant la dernière scène) dans ce film en n'explorant qu'en surface les pistes choisies, le développement des personnages en prend forcément un coup. Certains sont quasi-inexistants mais ont droit à leur conclusion alors que d'autres auraient mérités d'être développés.
C'est pas l'Hérétique mais c'est gênant quand même.

Ca manque aussi d'affectif, d'autant plus dans un univers d'ultra-riches (on regrette alors la naïveté de Leo the Last), charmants et plein de ressources (le titre français est bien vu pour le coup).
On ne s'inquiète jamais pour eux et les péripéties, vite bazardées, sont pour la plupart fonctionnelles.
En dehors de celle qui arrive au père et son parcours, qui fait un peu remonter l'intérêt mais on est déjà au 3/4 du film et c'est trop vite résolu.
Un peu gênant quand ça a la prétention de parler de la pauvreté ou du mal-logement en partant d'une famille richissime.

Boorman sauve le tout en se raccrochant à son métier : richesse et solidité de la mise en scène avec notamment une expulsion vécue sur une remorque et sous la pluie, une séance mystique, la valse finale des personnages, agrémentée de cadeaux esthétiques (les bodypaintings trompe l'oeil de la fille ainée, danses, explosions) qui offrent au film une identité propre.

Loin d'être désagréable et respectable tentative mais Where The Heart Is reste un ratage.


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