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 Sujet du message: Re: Topic Expositions
MessagePosté: 12 Mar 2006, 22:00 
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Cat Power
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Blissfully a écrit:
C'est écrit dessus, peintures, rouleaux, estampes sur l'érotisation des corps, le voyeurisme, la représentation hétéro ou homo à travers les siècles et dynasties variées, en Chine. Entre art de la suggestion florale (à la façon de l'intitulé de l'expo) et action directe (vazy prends-toi littéralement une chaise), l'expo est très bien fichue et c'est vraiment super beau.


J'ai seulement feuilleté le catalogue, c'est superbe, avec une jolie thématique voyeuriste (dans les saynètes il y a toujours quelqu'un planqué derrière la porte). Un très bel alibi cul-turel.


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 Sujet du message: Re: Topic Expositions
MessagePosté: 12 Mar 2006, 22:11 
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Matou miteux
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Yuddi a écrit:
J'ai seulement feuilleté le catalogue, c'est superbe, avec une jolie thématique voyeuriste (dans les saynètes il y a toujours quelqu'un planqué derrière la porte). Un très bel alibi cul-turel.


Ah moi c'est ce que je préfère, t'as toujours une servante qui traine avec un plateau ou un mignon qui écoute derrière le mur tout fin (parce que regarder c'est bien mais écouter ici c'est encore mieux) ou qui se cache à peine derrière un rideau, c'est assez drôle. Non en fait je préfère le decorum ultra magnifique à chaque fois les cochoncetés ça me fait rien moi.

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MessagePosté: 19 Mar 2006, 15:49 
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Bon, là, j’évoque derechef Magritte (voir autre part dans Personne n’y parle de cinéma) parce que l’exposition qui lui est consacrée au musée Maillol est magnifique. J’aime pas trop le courant surréaliste, que ce soit en littérature (Nadja de Breton) ou en peinture (Dali par exemple) mais j’avoue que Magritte en est un digne représentant . Via son œuvre traversée par l’insolite, notamment grâce à la technique du collage (l'équivalent du cadavre exquis en arts plastiques) ainsi que par un onirisme à forte puissance évocatrice, le peintre belge a donné à ce mouvement toutes ses lettres de noblesse.

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Le Balcon de Manet et à côte : Le Balcon de Manet

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Le mythique La Trahison des images, tableau substrat de la pensée magrittienne sur le langage. L'expo présente également des tableaux moins connus :

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Alice aux pays des merveilles et Le Survivant, tableau dont le contraste entre le calme de la pièce aux couleurs apaisantes et l'arme à moitié ensanglantée est saisissant.

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Echec et mat, tableau peint à la gouache et où le personnage sombre dans la démence suggérée par le fou...

Bon, pour les tarifs, rien à voir avec ceux du musée Cernuschi... L'entrée est à 8 € ou à 6 € (demi-tarif).

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MessagePosté: 21 Mar 2006, 10:54 
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Matou miteux
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Innamoramento a écrit:
Bon, pour les tarifs, rien à voir avec ceux du musée Cernuschi... L'entrée est à 8 € ou à 6 € (demi-tarif).


Et oui et ça tape à 10 ailleurs mais j'ai quand même envie de voir Ingres, le Douanier Rousseau et l'expo LA...

Du coup il y a aussi des expos gratuites huhu comme celle de Paris au cinéma, à l'Hôtel de ville

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L'expo, non exhaustive, retrace de façon malgré tout très complète la représentation de Paris à l'écran, des Lumières à Renaissance, de Panique de Duvivier à Irma Vep sur les toits parisiens, du Moulin Rouge de Renoir à celui de Luhrmann, de la Nouvelle vague au regard des réalisateurs étrangers sur la capitale, à travers des films, croquis (dont un assez particulier de Prévert sur Les Enfants du paradis), photos, costumes et comparaisons de différentes oeuvres. C'est très bien fichu (bon y'a du monde) et l'initiative est sympa.

Ouvert de 10h à 19h jusqu'au 30 juin sauf le dimanche.

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MessagePosté: 03 Avr 2006, 20:35 
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Matou miteux
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Très chouette expo Douanier Rousseau au Grand Palais. Le premier effet du très chouette, c'est les zéro minute d'attente - ça c'est bien. Puis le deuxième effet c'est d'avoir la place, dans le musée, d'écarter les bras assez grand pour chanter "New Yoooooork it's a wonderful tooooooown" oui tous mes messages se répondent.

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Henri Rousseau, sa vie son oeuvre, forcément ses tubes de jungle naïve qui annoncent le surréalisme (et c'est magnifique), mais aussi pas mal de toiles un peu moins connues de portrait bizarres (c'est du vrai autodidacte qui fout un peu les perspectives à la poubelle parfois) et de coins de Paris peints avec le même sentiment d'étrange solitude qu'on trouve aussi dans ses jungles, mais dans un décor donc totalement différent. Les correspondances sont assez intéressantes si on ne connait pas tout sur le bout des doigts. Un peu trop court mais bon...très bien.

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Ou la plus belle:

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*elle est plus belle en vrai*

Et puis le plus beau c'est de sortir et de voir dans la voiture qui attend au feu rouge une Yvette Horner plus belle que n'importe quelle charmeuse de serpents (et puis une vraie de gala hein, pas une dilettante du lundi). Total bénef, l'art est aussi dans la rue.

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MessagePosté: 03 Avr 2006, 22:07 
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Antichrist
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ça je veux le voir


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MessagePosté: 13 Avr 2006, 10:51 
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Dandy, militaire, royal, le look se décline sous toutes les coutures au musée de la Mode où se tient (jusqu’au 30 avril au 107 rue Rivoli) l’exposition L’homme paré. Les gilets s’affichent avec élégance, rivalisent avec le faste des justaucorps tandis que les costumes deux pièces se rengorgent face aux murs limpides. L’exposition joue tantôt sur le contraste, tantôt sur l’affinité des tenues de ces messieurs. Ici, l’on peut admirer un ensemble avec sa paire de baskets émaillées de motifs sinueux, le tout flanqué d’une redingote endossée par Barbey d’Aurevilly himself. Quelques mètres plus loin, l’on aperçoit un costume du siècle des Lumières aussi éblouissant que la création qui se pavane tout près d’elle, signée Jean-Paul Gaultier. Malgré les siècles, les coupes, joliment ciselées affichent des parentés mais les bijoux vestimentaires sobres ou irisés de Mugler, Delcourt, Meunier ou Yves Saint Laurent arborent puissamment leur propre style. Un regret toutefois : l’exposition n’embrasse ni la chaussure (le visiteur doit hélas se contenter de quelques paires non inscrites dans une perspective historique), ni les sous-vêtements masculins. Dommage… On se consolera (?) avec le ballon de Louis Vuitton, créé à l’occasion de la Coupe du Monde 1998…

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Faudra quand même faire attention à ne pas jouer au foot avec ça aux bois de Vincennes... Je me souviens, quand j'étais petite, y'avait toujours un molosse avec une sacrée mâchoire qui envoyait ad patres mon pauvre petit ballon. Enfoiré de médor ! Bon, en même temps, ma baballe à l'effigie de Mickey ne valait que du vent comparé au ballon Vuitton...

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Mon gros coup de cœur :

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Cette robe signée Jean-Paul Gaultier (haute couture, printemps-été 1998)

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MessagePosté: 20 Avr 2006, 01:54 
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Matou miteux
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Expo Los Angeles à Beaubourg. Très riche et foisonnant, ça couvre 40 années qui vont de la peinture pop à l'assemblage, installations expérimentales, bd ou photographies (dont de Dennis Hopper :idea: ), à la fois pointu mais pas abscons (c'est à dire que tu te retournes pas le cerveau 2 heures pour comprendre ce que tu as devant les yeux - ou alors tu t'endors juste devant une vidéo de Bill Viola). L'expo est bien fichue et a le mérite de faire découvrir pour le novice (là pour le coup je connaissais très peu de noms) plein de choses passionnantes (Judy Chicago, Betty Saar, Raymond Pettibon, Edward Ruscha, Judy Fiskin...flemme de copier toutes les images d'oeuvres).

On parle sérieux genre on rigole pas mais bon...l'installation des bottes c'est magnifique.

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*faut voir l'installation en vrai*

Et je parle pas de la mort du gentil poulet. C'est beau l'art.

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MessagePosté: 22 Avr 2006, 20:25 
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Cet après-midi, j’ai fait un p’tit tour à la Galerie Magda Danysz (tout près de la BNF) et ce qui figurait sur les cymaises (à l’occasion de l’exposition Nostalgia, hélas, dernier jour : aujourd’hui, désolée…) était superbe… Des œuvres de l'artiste néerlandais, photographe et vidéaste, Erwin Olaf ainsi que celles de Sas Christian et de Ray Caesar que j’adore. Son œuvre relève du pop surrealism et consiste en un mélange entre le suranné (ça me fait penser à Hogarth) et le futurisme et c’est très beau :

Exodus

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L'Accord d'amour

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Kit Kat Study

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Oh ! Sweet vanity

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Hall of ages
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Ray Caesar est aussi l’auteur de :

Sleeping by day

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Bubbles

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The Healing Light

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… et d’autres tableaux encore, tout autant appréciables que ceux-là sur le site officiel http://www.raycaesar.com/.

L’œuvre de Sas Christian se trouve sur http://www.hotboxdesigns.com/

...et celle d’Erwin Olaf sur http://www.erwinolaf.com/. Deux coups de coeur :

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qui rappelle le travail artistique de Norman Rockwell :

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MessagePosté: 04 Aoû 2006, 14:41 
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Quelle double gaffe à Beaubourg... :arrow: http://fr.news.yahoo.com/03082006/202/tristesse-los-angeles-apres-destruction-de-deux-oeuvres-d-art.html

J'aurais été super dég à la place des artistes...

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MessagePosté: 04 Aoû 2006, 14:51 
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Matou miteux
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Innamoramento a écrit:
Quelle double gaffe à Beaubourg... :arrow: http://fr.news.yahoo.com/03082006/202/tristesse-los-angeles-apres-destruction-de-deux-oeuvres-d-art.html

J'aurais été super dég à la place des artistes...


C'est clair que ça fait un rien tâche humpf :shock:

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MessagePosté: 11 Aoû 2006, 22:00 
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oui alors je découvre aujourd'hui que l'entrée à beaubourg est gratos pour les chômeurs... Bonne nouvelle, donc, et l'occasion d'aller voir l'expo Godard quelques jours avant sa fermeture, que j'hésitais à aller voir à 10 euros...

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Alors oui, je confirme, heu... Ca vaut pas dix euros. Mais gratos, ça vaut vraiment le détour, rien que pour estimer à quel point c'est un gâchis. On sent Godard vexé et frustré de n'avoir pas pu aller au bout de sa réflexion (dès l'entrée, le communiqué officiel de Beaubourg est rageusement biffé) et il réagit en cassant ses jouets et en nous disant: voyez ce que ça aurait pu être, eh ben je vous emmerde.

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Ce qui nous donne trois grandes pièces plus ou moins vides, avec fils électriques, rallonges et multiprises apparentes (et même une prise arrachée d'un mur), des bouts de plâtre qui traînent, un lit défait, des affiches grossières faites à la main, des traces de peinture, des écrans poussièreux et entassés dans un coin, les téloches posées à même le sol à côté de leurs magnétos et lecteurs DVD... Et puis un petit train miniature (enfin, deux, mais y'en a qu'un qui marche) qui transporte des bananes en plastique et une balle de tennis (sic! :shock: ) entre la pièce "hier" et la pièce "avant-hier".

Bref, du nawak, pas désagréable à arpenter, ceci dit, avec des chouettes effets sonores.

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Mais le gros du morceau, ce sont les maquettes exposées dans la salle "avant-hier": on peut y voir ce que Godard rêvait. Et il est vrai que ça avait une autre gueule (la palme à la salle noire, avec une bobine de film géante et un porno en boucle). Vraiment passionnant et la preuve que Godard bosse, se prend franchement la tête (alors qu'en sortant de l'expo, si tu exceptes les maquettes, t'as plutôt l'impression qu'il se fout de ta gueule).

Enfin voilà, l'effet chantier peut faire mouche, d'autant qu'il est redoublé par le fait que Beaubourg lui-même est en travaux. Et aussi par les tentes Médecins du monde attenantes à la salle "aujourd'hui' (salle quasi-vide, avec un extrait en boucle de La chute du faucon noir, deux téloches au centre de la pièce branchées en live sur eurosport et p-ê bien TF1, ainsi qu'un autre écran diffusant des extraits de porno, notamment une partouze toute gluante assez surprenante et joyeuse).

J'en profite pour toucher deux mots de son nouveau film, Vrai-faux passeport: je trouve ça très très moyen, cette façon de distribuer les bonus-malus (en gros, le film compile des extraits de films ou d'actu filmée plus ou moins connus, sans les identifier, en les classifiant en catégories, "Liberté", "Enfance, "Existence", etc. et à la fin de chaque extrait, y appose un tampon malus ou bonus). Alors certes, le montage est virtuose, comme souvent, mais c'est quand même limite agaçant ce petit "jeu"...



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Tant que j'y suis, puisque le billet y donnait aussi accès, quelques mots sur l'expo Le mouvement des images: globalement fumeux et je n'aime pas du tout l'accrochage. En fait, j'ai souvent du mal avec le mélange écrans/cimaises. Les films passent en boucle, on papillone, on peut difficilement les voir en entier (ou alors en plusieurs fois), les gens passent devant les écrans, tu n'as pas envie de lire la toute petite étiquette qui te dit ce que tu dois penser, en gros, mais en même temps t'as envie de savoir ce que tu vois...

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Et puis la cohabitation entre les toiles, les culptures, les installations et les écrans ne me convainc pas. Tu sens bien que Beaubourg réutilise son fonds en se disant qu'en tirant bien par les cheveux, on peut faire le lien avec le ciné avant-gardiste et cette fameuse pièce avec les rouleaux de feutre, le piano, le tableau noir et le thermomètre... Enfin bref...

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Bon, bien sûr, c'est l'occasion de voir des oeuvres majeures de l'avant-gardisme (que j'avais vues pour la plupart en cours, dans de moins bonnes conditions de projo, mais dans de meilleures dispositions, avec un vrai support et un prof génial -- ceci expliquant sans doute cela) et il y a vraiment des choses à voir (Le Ballet mécanique, entre autres).

Un très bon truc à sauver, toutefois, dans une salle en renfoncement, une vraie salle de projo cette fois (le cinéma n'y est jamais mieux, je trouve), Two impossible films de Mark Lewis, très belle expérience, ludique et drôle, de mise en boîte de la narration cinématographique.

Vouala.

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MessagePosté: 11 Aoû 2006, 22:05 
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sur le mouvement des images, une critique très pertinente: http://www.drame.org/blog/index.php?200 ... ges-arrete

au passage, par rapport à ce que dit le bloggeur de l'incapacité des musées à intégrer la révolution numérique, j'émets une exception: Future Cinema, vue en Allemagne il y a quelques années, sur un coup de tête absolu (en gros, un article dans Libé m'avait mis l'eau à la bouche, une semaine plus tard, j'étais en Allemagne, persuadé que j'allais faire ma maîtrise sur ce sujet). C'était juste génial. J'en ai gardé des photos, un DVD, un gros bouquin. Un jour, je dépoussièrerai tout ça...

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MessagePosté: 11 Aoû 2006, 22:10 
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Je suis allé deux fois à l'expo Godard...Une fois 30 minutes pour attendre un film puis une avec visite guidée...Avec les explications, j'ai un peu plus compris où il a voulu en venir et il faut être attentif à chaque détail, ne pas aller trop vite.

Mais comme il l'avoue dans l'interview ci dessous, l'expo ne permet pas vraiment au spectateur de sentir ce qui lui est présenté. C'est à mon avis difficile d'accès si l'on a pas quelques clés entre les mains.
Si on suit le guide, ça devient assez passionant !

Pour ceux qui veulent tenter, la visite commentée se déroule tous les samedis à partir de 15h30.

Et vrai-faux passeport est visionable sur un des écrans de l'expo.

L'interview de Godard

http://www.politis.fr/article1760.html

Citation:

Un entretien avec Jean-Luc Godard à propos de son exposition au Centre Pompidou : « Je n’ai plus envie d’expliquer »


Christophe Kantcheff

Jean-Luc Godard déambule dans les salles de « Voyage(s) en utopie, JLG, 1946-2006, À la recherche d’un théorème perdu ». Il évoque les origines de ce travail, la présence des mathématiques, le jugement critique, la platitude télévisuelle et... le cinéma.

Le lieu du rendez-vous était simple : Centre Pompidou, galerie Sud, niveau 1. Jean-Luc Godard avait décidé de parcourir ce Voyage(s) en utopie, JLG, 1946-2006, À la recherche d’un théorème perdu en compagnie d’un journaliste. Une exposition (voir critique p. 20) dont les prémices ont fait couler beaucoup d’encre. Parce qu’il y a, à l’origine de Voyage(s) en utopie... le projet d’une autre exposition, dont le titre devait être Collage(s) de France, qui n’a pu se faire. La presse a écrit sur les responsabilités de cet échec, et Dominique Païni, qui devait être le commissaire de l’exposition et qui a dû finalement se retirer après trois années de collaboration avec le cinéaste, est intervenu dans les médias à ce sujet.

Mais, aujourd’hui, Jean-Luc Godard n’est pas à Beaubourg pour revenir sur ces épisodes. Il est là, le cigare souvent à la bouche, pour accompagner son visiteur, dans la plus grande décontraction, à travers les trois pièces - nommées « Avant-hier », « Hier » et « Aujourd’hui » - qui constituent son exposition. Pendant plus de deux heures, celui qu’on a appelé « l’ermite de Rolle » déambule entre les maquettes ou les objets, les téléviseurs diffusant des extraits de films, les nombreuses citations sans auteur mentionné, en forme et en verve. Sa parole multiplie les changements de direction avec la même vélocité dont fait preuve l’équipe du Brésil avec un ballon : talonnades, déviations, passes de la poitrine. Et cela, aussi bien quand les mots brillent au soleil ou se camouflent dans la brume. Si Godard ne rechigne pas à s’arrêter devant tel ou tel élément exposé, il ne cache pas sa préférence en faveur d’une visite en mouvement, pour ne pas réduire la perception, fixer la sensation, figer le sens. Cet entretien ne doit pas se concevoir autrement.

L’exposition « Voyage(s) en utopie... » est née d’un premier projet d’exposition, dont le titre aurait été « Collage(s) de France », mais qui n’a pu être menée à bout. Comment les avez-vous articulées ?


Jean-Luc Godard : La première exposition a été empêchée, barrée ; la seconde a été pensée comme une introduction à cette impossibilité. Il y a donc des allers et retours entre les deux.

J’ai essayé d’être le plus clair possible, en disant : « Une exposition n’a pas pu avoir lieu. Il en reste quelques briques, quelques ruines, sous forme de maquettes. » Ce devait être le principe de la première exposition : édifier de grandes ruines. Les gens n’auraient rien compris, mais ils auraient senti. Dans l’exposition Voyage(s) en utopie..., on ne peut pas vraiment sentir, parce que j’ai essayé d’établir le scénario suivant : en soixante ans de cinéma, je suis finalement arrivé à ces ruines dont on n’a pas voulu. On peut toujours essayer de l’expliquer, comme un guide le ferait. Mais je n’ai rien à expliquer. Il s’agit d’une postface, sauf qu’on la met au début. Ce n’est donc pas du tout clair.

Vous vous refusez à toute explication, comme si vous vous méfiez du dire, de la parole sur, comme si vous en dénonciez même l’inanité...

Je ne peux plus parler sans images. Ce qui me revient immédiatement en mémoire, ce ne sont pas forcément des mots, mais des actions, des souvenirs... Je ne nie pas l’importance du texte. Personne n’aime autant les livres que moi, et personne ne l’a autant montré que moi. Mais il m’est difficile de tenir une discussion « de texte sur du texte », comme disait Péguy.

Si on se lance dans une discussion de mots au lieu de chercher à établir des rapports entre les choses, on reste en vase clos. C’est exactement ce qui se passe dans le domaine politique ou culturel. Dans Notre Musique (sorti sur les écrans en 2004, NDLR), l’écrivain Jean-Paul Curnier prononce cette phrase de Claude Lefort : « En faisant de la politique un domaine de pensée séparé, les démocraties modernes prédisposent au totalitarisme. » La science est plus forte parce qu’elle accepte un antagonisme entre l’expérience et la théorie. Dans l’art, il y a longtemps que cela n’existe plus. Il n’y a qu’à voir « l’exposition Duchamp » qui se déroule à côté (une exposition Claude Closky, artiste qui a reçu en 2005 le prix Marcel-Duchamp, se tient en effet actuellement au Centre Pompidou, juste à côté de l’exposition Voyage(s) en utopie..., NDLR).

Cette réticence à produire du « texte sur du texte » éclaire aussi les relations singulières que vous entretenez désormais avec les médias...


Nous - la Nouvelle Vague - avons cru qu’il fallait intervenir dans la presse pour nous faire une place, et nous avons pensé qu’on nous accepterait. J’ai cru, pris dans l’engrenage, que je pourrais convaincre qu’il était possible de faire de la télévision autrement. J’y suis donc apparu, un peu en clown, mais c’était très sincère. Aujourd’hui, je regarde cela avec un sentiment de honte, parce qu’il en reste un caractère prétentieux, autoritaire. Mais c’était bon enfant. Et puis, à un moment donné, la télévision n’a plus voulu de moi. Ce qui est bien, du reste. Aujourd’hui, je n’ai plus envie d’expliquer. Je peux, à la rigueur, déplier.

Dans l’exposition, les rapports que vous établissez entre les choses ne sont pas sans évoquer, selon vous, des formules mathématiques. Il est même question d’« un théorème perdu ». La présence des mathématiques y est forte, où l’on rencontre par exemple le nom d’un mathématicien comme Georg Friedrich Riemann...

Je fais des relations sous forme imagée. Si jamais un mathématicien vient voir l’exposition, je pourrais ainsi avoir avec lui un petit dialogue. Je lui dirais : « Vous êtes un littérateur, un écrivain. Il n’y a presque que des lettres dans vos théorèmes. Il y a très peu de chiffres. Et si vous êtes un écrivain, vous êtes un poète. » Jeune, je pensais que je me destinerais aux mathématiques. Je croyais être très doué. Ce ne fut pas le cas. Mais j’aimais bien ça.

Riemann est très difficile à lire. Certains mathématiciens sont plus linéaires dans leur démarche, plus explicatifs. Lui, il avance en faisant des sauts. Dans le même ordre d’idée, Fermat, qui était un contemporain de Pascal, a écrit dans la marge de son théorème : « Je n’ai pas beaucoup de place ici pour le démontrer, mais la solution de ce problème est extrêmement simple. » On a mis trois cents ans à le résoudre. C’étaient les débuts de l’algèbre géométrique et de la géométrie analytique, avec Descartes. Quand Fermat se plaignait de n’avoir pas assez de place, je crois qu’il voulait dire qu’il n’avait pas suffisamment de place pour exécuter des figures, contrairement aux mathématiciens arabes.

Les mathématiciens montrent mais ne disent rien. Je me suis longtemps identifié à des mathématiciens malheureux. Du début du XIXe siècle en particulier. À Évariste Galois, par exemple, qui est mort à 22 ans, et qui a fondé la théorie des ensembles. À Niels Abel aussi, un Norvégien très pauvre. Il avait démontré, à l’âge de 19 ans, l’impossibilité de résoudre les équations algébriques du 5e degré. Il a souhaité rencontrer, à Paris, un mathématicien très célèbre, Cauchy, de l’Académie des sciences, mais celui-ci n’a pas voulu le recevoir. Abel est reparti à pied en Norvège. Où il est mort aussi très jeune. Aujourd’hui, il existe un prix Abel en Norvège. Pour moi, ceux-là sont des amis.

Pour cette exposition, vous avez réalisé un film de montage, Vrai/faux passeport, où vous attribuez des bonus et des malus à des images de cinéma ou de télévision. En procédant ainsi, ne participez-vous pas à la faillite généralisée du jugement critique ?

Ce sont des citations à comparaître pour avoir la possibilité de juger des films. On m’a beaucoup reproché d’accorder des bonus et des malus. Or, c’est ce que pratiquent aujourd’hui tous les journaux : ils accordent des étoiles. Je ne fais rien d’autre que de partir de ce qui se pratique. Je mets un bonus ou un malus à telle ou telle séquence. Soit. Mais comme je procède par opposition dialectique - voici comment untel parle de la Palestine, voici comment tel autre en parle - le spectateur a la possibilité de juger du bien-fondé de ce bonus ou de ce malus. Les extraits de film sont comme des pièces à conviction.

Si je devais répondre explicitement à la question : « Pourquoi est-ce que je mets un malus ou un bonus ? », il me faudrait faire un autre film, ou un livre, qui me prendrait vingt ans. Ce ne serait pas la Critique de la raison pure, mais la Critique du cinéma pur... Mais dans Vrai/faux passeport, je ne m’intéresse pas au pourquoi, je pose la question du comment. Le spectateur, ensuite, peut voir ou revoir le film, même en DVD, et repasser le film en jugement. Et cela l’aidera peut-être ensuite pour d’autres films. Aujourd’hui, le spectateur a tous les moyens techniques pour regarder des films où et quand il le veut. Mais il préfère une autorité qui décrète, il a besoin d’être guidé, il a besoin de savoir combien on a mis d’étoiles...

Dans la pièce de l’exposition intitulée « Hier », et qui a pour sous-titre « Avoir », sont diffusés un certain nombre d’extraits de films du patrimoine, et des extraits de quelques-uns de vos films. C’est sans aucun doute la salle la plus sereine de l’exposition. Ressentez-vous de la nostalgie pour cet « Hier » ?

J’ai simplement voulu dire ceci : en soixante ans de cinéma, j’ai été influencé par ces films allemands, russes, américains..., et par quelques films français. Ça m’a amené à faire les films que j’ai réalisés, certains avec Anne-Marie Miéville, et de là je suis passé à l’archéologie du cinéma. Est-ce qu’il y a de la nostalgie ou de la mélancolie ? Non. Ma seule mélancolie personnelle vient du fait qu’on aurait pu m’aider mieux qu’on ne l’a fait. Je suis connu, mais pas reconnu. Mais aujourd’hui, c’est un peu tard.

Dans cette salle, les films dialoguent entre eux comme si vous vous effaciez derrière eux, ou comme si le visiteur se trouvait là où ils dialoguent en vous...

Imaginez que Scorcese ait eu à réaliser cette salle. Il n’aurait pas pu. Dans son histoire du cinéma italien, il raconte qu’il a vu tel film en telle année. Il a besoin de s’affirmer lui-même en s’appuyant sur l’existence de l’autre. C’est comme les livres sur moi. Ceux qui les écrivent touchent des droits d’auteur mais il ne connaissent rien. Tout est faux.

Dans la dernière salle, « Aujourd’hui », dont le sous-titre est « Etre », vous êtes en revanche, beaucoup plus sévère. La critique que vous faites de notre époque est implacable : nous sommes dans l’ère télévisuelle, c’est-à-dire celle du vide...

Il n’y a en effet que du rien : je ne le dis pas du monde entier, je le dis de la télé et de l’appartement où on regarde la télé. Si j’avais été plus explicite, j’aurais écrit en gros : « Là, à Pompidou, surnommé le garage, où on donne le moins d’argent possible, il n’y a rien ». Les gens se seraient dit : « Ah oui, d’accord, il est un peu vache avec le Centre Pompidou... »

Au début, je voulais garder ce qui restait de l’ancienne exposition. Comme ça, il y aurait eu au moins quelque chose. Et puis, petit à petit, j’ai fait tout enlever, jusqu’à ce qu’on arrive à l’idée d’un presque rien, à l’instar de ce qu’on dit par exemple du journal télévisé : ce n’est pas grand-chose... Beaucoup de gens vont se dire en entrant dans cette salle « Aujourd’hui » : ce n’est pas vrai, ce rien ne correspond pas à ce qui se passe aujourd’hui. Mais il s’agira d’une mauvaise interprétation. Il faut simplement voir ce qui est montré : des téléviseurs à plat dans un appartement. C’est décomposé. C’est un peu du Derrida. Mais, pour moi, c’est plus compréhensible que du Derrida...

Pourquoi ces écrans posés à plat ?

Puisqu’on les appelle des écrans plats, je ne vois pas pourquoi on ne les mettrait pas à plat. Dans cette salle, on est effectivement dans la platitude. On a la cuisine, la chambre à coucher, la cuisine, le bureau, c’est plat. Il n’y a pas de profondeur.

On y trouve aussi trois enveloppes vides, à côté d’une balance, sur lesquelles sont inscrits ces quelques mots : « Plus jamais ça », « Les lendemains qui chantent », et « L’Appel de Stockholm »...


Ces enveloppes introduisent un peu de profondeur, un peu de temps. Mais c’est mon temps à moi. Ce sont les premières phrases dont on m’a dit qu’elles étaient importantes. J’ai entendu : « Plus jamais ça ». On m’a parlé des « lendemains qui chantent ». Et j’ai signé l’appel de Stockholm à dix-sept ou dix-huit ans, sans savoir d’ailleurs ce dont il s’agissait exactement. Aujourd’hui, je constate que ces phrases ne pèsent plus grand chose. Le temps s’est effacé. Mais cette disparition du temps, elle, pèse lourd.

Et aujourd’hui, où en est le cinéma ?

Aujourd’hui, tout ce que je souhaite, c’est qu’un producteur me donne son avis sur le projet de film que je lui présente. Mais il ne me le donne plus. Il n’y a plus de producteur, il n’y a plus que des distributeurs. Le cinéma avait trois stades : la production (la caméra), la distribution (le projecteur), l’exploitation (la salle). Aujourd’hui, n’existe plus que la distribution qui produit pour distribuer. Du cinéma, il reste une métaphore. Mais à partir de cette métaphore, on peut encore expliquer le monde. Les mathématiciens croient que c’est à partir des mathématiques. Moi je crois que c’est à partir du cinéma. Je ne me dis pas cela depuis très longtemps, depuis sept ou huit ans seulement. Mais je crois que ce sera encore valable pour ce qu’il me reste de vie.


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MessagePosté: 11 Aoû 2006, 22:45 
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Ce sont des citations à comparaître pour avoir la possibilité de juger des films. On m’a beaucoup reproché d’accorder des bonus et des malus. Or, c’est ce que pratiquent aujourd’hui tous les journaux : ils accordent des étoiles. Je ne fais rien d’autre que de partir de ce qui se pratique. Je mets un bonus ou un malus à telle ou telle séquence. Soit. Mais comme je procède par opposition dialectique - voici comment untel parle de la Palestine, voici comment tel autre en parle - le spectateur a la possibilité de juger du bien-fondé de ce bonus ou de ce malus. Les extraits de film sont comme des pièces à conviction.

Si je devais répondre explicitement à la question : « Pourquoi est-ce que je mets un malus ou un bonus ? », il me faudrait faire un autre film, ou un livre, qui me prendrait vingt ans. Ce ne serait pas la Critique de la raison pure, mais la Critique du cinéma pur... Mais dans Vrai/faux passeport, je ne m’intéresse pas au pourquoi, je pose la question du comment. Le spectateur, ensuite, peut voir ou revoir le film, même en DVD, et repasser le film en jugement. Et cela l’aidera peut-être ensuite pour d’autres films. Aujourd’hui, le spectateur a tous les moyens techniques pour regarder des films où et quand il le veut. Mais il préfère une autorité qui décrète, il a besoin d’être guidé, il a besoin de savoir combien on a mis d’étoiles...


d'accord avec ça et avec l'analyse selon laquelle à la fois c'est naze et à la fois on est tous dedans. Perso, ça m'énerve qu'on mette des notes sur FDC, mais depuis que je m'en sers, je peux plus faire autrement que de m'en servir. Et je détestais classifier, faire des listes, et voyez ce que je fais dans mon top provisoire... Paradoxe: faites ce que je dis, pas ce que je fais...

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