Forum de FilmDeCulte

Lena Dunham ou Noah Baumbach reprennent le fléau avec succès pourtant.
Son influence est sans doute énorme quand même : il a presque inventé une forme de type du névrosé sarcastique au cinéma qu'on reytoue aujourd'hui dans tout un tas de séries.

Chez Noah Baumbach(et sans doute dans les séries qui fonctionnent beaucoup sur le thème de la filiation et de la paternité) la psychanalyse (,et la névrose) est réduite à la mise en accusation invariable du père montré comme chronos. Chez Greta Gerwig plus jeune on sent que le filon œdipien est abordé de la même manière mais ensuite délaissé : les institutions comptent autant pour elle que la famille, et sont pareillement en crise, pareillement des sujets menacés. C'est un peu plus intéressant finalement.
Le complexe d'Œdipe n'est pas forcément le concept le plus intéressant dans la psychanalyse. J'ai été marqué récemment par la lecture de Pour Introduire le narcissisme. Freud ne cache pas qu'il s'est replié sur le concept de narcissisme qu'il introduit (il faut comprendre le verbe du titre au sens fort) parce qu'il n'arrive pas à définir les psychoses. D'une certaine manière il dérive le premier concept, économique, commun et normalisateur, du second où le sujet est seul et enfermé dans une grande souffrance,déborde au-delà de lui-même et des monde. Mais ce sont des thématiques que les cabinets de psychanalyse privés qui ont une clientèle aisée et intégrée socialement préfèrent éluder. Or c'est celui de la représentation filmique du psy à la Allen. C'est ailleurs le fait que Freud a été aussi pédiatre en hôpital qui l'amène à affronter ces problèmes.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

J'ai l'impression que les névrosé allenien que tu décrit forment un reliquat grotesque de l'homme seul et traqué du film noir. L'homme allenien voit sa psychologie et son histoire incomprises, mais reste par ailleurs sûr de son inscription sociale. Il se découvre des origines qui jouent le même rôle que la rencontre de la fatalité et du social dans le film noir, le vouant à la fois à la satisfaction de la reconnaissance (même si elle est morbide, il la paye de sa vie) et la souffrance de l'incommunicable.

Le personnage de A Double Life n'est pas exemple pas si éloigné que cela des artistes névrosés alleniens. Mais son échec est beaucoup plus poignant.

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Erving Goffman

Le dernier en date, Fleabag énorme succès sur la vie sexuelle mouvementée d'une trentenaire londonienne qui entretient des rapports contrariés avec son père et, transgression suprême (?), tombe amoureuse d'un prêtre dans la deuxième saison. Suis pas allé au-delà du deuxième épisode.

Les séries ne m'intéressent pas trop. Dans la vie on a parfois des conversations plus profondes et débouchant sur une forme de conclusion consciente avec de gens croisés une heure ou deux que côtoyés pendant cinq ans. Le cinéma c'est la même chose.

Les moments où l'on saisit la profondeur réelle de nos proches sont souvent courts et précisément identifiables. La vérité épuise. Il y a du vrai dans le pathos du romantisme, malgré sa lourdeur.

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Erving Goffman

Par ailleurs Allen pompe son personnage sur L'Homme Difficile d'Hoffmansthal (à la fois Don Juan comique et invincible malgré lui et traumatisé de la première guerre mondiale) dont il est la caricature pop.

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Erving Goffman

Le problème avec Woody Allen c'est que j'en ai vu énormément, et systématiquement depuis Match Point, mais que pour certains de ses films, je n'en garde absolument aucun souvenir, c'est inquiétant.

Oui l'écriture est lourdingue souvent, caricaturale, et le cinéma jamais vraiment poussé dans ses retranchements, il n'a jamais été pour moi un grand réalisateur, plutôt un faiseur qui fait son film indépendant par an, avec quelques éclats qui parsèment ses films, pour ça que je les regarde, jamais entièrement détestables, jamais fulgurants (même pas Match Point), mais parfois touchant le fond de la facilité de conception et d'écriture.

Un top 5 car je n'arrive même pas à trouver 10 films vraiment passionnants.

1 - Zelig (1983) : très bon souvenir quant au dispositif de ce film en tout cas
2 - Match Point (2005) : je l'ai vu plein de fois, c'est vraiment très bon quoique très classique dans la façon (une tragédie)
3 - Celebrity (1998) : acteurs au top et acidité intime, dans un souvenir très lointain
4 - Alice (1990) : bon souvenir très incertain honnêtement
5 - Blue Jasmine (2013) : film à l'écriture lourde - comme toujours ? - mais la performance d'actrice, sa mise en danger où elle poisse littéralement à l'écran me le fait distinguer

La filmo cinéma n'est jamais complète, ceci fait quand même bizarre, je la restitue :

1966 : Lily la tigresse / What's Up, Tiger Lily?
1969 : Prends l'oseille et tire-toi / Take the Money and Run
1971 : Bananas
1972 : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander / Everything You Always Wanted to Know About Sex (But Were Afraid to Ask)
1973 : Woody et les Robots / Sleeper - je suis sûr de l'avoir vu, c'était nul ? Probablement ... 0,5/6
1975 : Guerre et Amour / Love and Death
1977 : Annie Hall
1978 : Intérieurs / Interiors
1979 : Manhattan - aucun souvenir, ?/6
1980 : Stardust Memories
1982 : Comédie érotique d'une nuit d'été / A Midsummer Night's Sex Comedy
1983 : Zelig - 6/6
1984 : Broadway Danny Rose
1985 : La Rose pourpre du Caire / The Purple Rose of Cairo - 4/6 ? souvenir très vague
1986 : Hannah et ses sœurs / Hannah and Her Sisters
1987 : Radio Days
1987 : September
1988 : Une autre femme / Another Woman
1989 : Crimes et Délits / Crimes and Misdemeanors
1990 : Alice
1992 : Ombres et Brouillard / Shadows and Fog
1992 : Maris et Femmes / Husbands and Wives
1993 : Meurtre mystérieux à Manhattan / Manhattan Murder Mystery
1994 : Coups de feu sur Broadway / Bullets Over Broadway
1995 : Maudite Aphrodite / Mighty Aphrodite
1996 : Tout le monde dit I love you / Everyone Says I Love You
1997 : Harry dans tous ses états / Deconstructing Harry
1998 : Celebrity - bon souvenir lointain, 5/6
1999 : Accords et Désaccords / Sweet and Lowdown
2000 : Escrocs mais pas trop / Small Time Crooks - bof non ? 2/6
2001 : Le Sortilège du scorpion de jade / The Curse of the Jade Scorpion - je l'ai vu ... mémoire qui flanche /6
2002 : Hollywood Ending
2003 : Anything Else
2004 : Melinda et Melinda / Melinda and Melinda
2005 : Match Point - 6/6
2006 : Scoop - 2/6
2007 : Le Rêve de Cassandre / Cassandra's Dream - 2,5/6
2008 : Vicky Cristina Barcelona - souvenir atroce, 0,5/6
2009 : Whatever Works
2010 : Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu / You Will Meet a Tall Dark Stranger
2011 : Minuit à Paris / Midnight in Paris - horrible, 0,5/6
2012 : To Rome with Love
2013 : Blue Jasmine - bien aimé celui-ci, 3,5/6
2014 : Magic in the Moonlight - pas mal, 2,5/6
2015 : L'Homme irrationnel / Irrational Man - décevant, 1,5/6
2016 : Café Society - sans intérêt, 1/6
2017 : Wonder Wheel - pas mal, 3/6
2019 : Un jour de pluie à New York / A Rainy Day in New York - pas si mauvais dans sa direction de jeunes acteurs, réécriture faussement nostalgique avec des déplacements, fins et intemporels, avec tous ces côtés lourdingues dans les dialogues dont aucun film de Woody Allen n'est exempt, 2,5/6

C'est ce que je disais. C'est absurde de voir autant de films d'un réalisateur alors qu'ils suscitent aussi peu d'enthousiasme. C'est vraiment La caractéristique du cinéma de Woody Allen.
Sans parler des 5/6 qui sont des "bon souvenir lointain".

T'as toujours l'espoir qu'il refasse un (très) bon film. Bon moi j'ai arrêté après Café Society.

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J'avais bien aimé Vicky. Je ne m'en souviens plus trop mais l'intrigue amoureuse faisait une boucle et s'annulait elle-même. Il y avait une légère angoisse métaphysique derrière le marivaudage touristique.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Tu as l'air d'avoir un penchant pour les histoires de cul vaguement bourgeoises en même temps!

Pas vraiment. Elles peuvent être aussi codées pour présenter la réalité immédiate sous une forme ésotérique pour en dégager l'arbitraire et l'aspect conventionnel, pointer ce qui est faussement naturel. L'Homme Difficile d'Hoffmansthal au début cela semble une histoire de cul nunuche et précieuse mais il y a quatre phrases distillées dans le texte qui font basculer la pièce dans une anticipation terrible du fascisme qui est bien plus efficace que les Damnés de Visconti. C'est aussi le procédé de Mozart dans la Flûte Enchantée (mais pour montrer l'aspect contre naturel de la connaissance plutôt que d'une idéologie politique -ou du couple).

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Une autre femme : 6/6
Rien à ajouter.

Radio days : 4.5/6
Même si le film s’essouffle en cours de route, il y a un rythme et un art du dialogue qu’on peine à retrouver dans le Allen des vingt dernières années.

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Quelques autres films vus ces derniers mois :

3 : Accords et désaccords
4 : Vicky Cristina Barcelona
4 : Homme irrationnel (L')
1 : Scoop
3 : Whatever Works
3 : Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu
2 : To Rome with Love
2 : Woody et les robots
3 : Celebrity

Et nouvelle vision de :
6 : Maris et femmes

Et confirmation que sa période des années 2000 fait vraiment peine à voir à côté de Maries et femmes, Crimes et délits, Une autre femme, September, etc.

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T'as pas vu Le rêve de Cassandre? Un de ses plus intéressants post année 2000. Loin d'être un grand film mais bien sympa.