En revisionnant The General, je me suis rendu compte que je n'avais que très peu de souvenirs de Keaton. Je me suis donc lancé cet été dans une quasi intégrale de son œuvre en tant que (co-)réalisateur (voir un peu plus, je me suis également fait quelques Fatty où il apparaît comme acteur, mais qu'est-ce que c'est faible et vulgaire). Par contre je me suis cantonné au muet. J'ai jeté un œil distrait à ce qu'il a pu faire par la suite, pas eu envie de pousser plus loin.
Courts-métragesJe ne comprends pas d'où viennent ces Malec et Frigo dans les titres français, alors que les cartons anglais mentionnent explicitement Buster. J'ai donc gardé les titres originaux.
One Week (1920)
Enchaînement de gags sur un mode frénétique autour d'une maison démontable. Le film représente bien ce à quoi Keaton est assez souvent circonscrit (la relation particulière que Keaton entretien avec les objets, qu'ils lui résistent ou que lui-même en détourne leur utilisation). Le personnage de Buster est néanmoins encore assez grossier, très loin de ce qu'il deviendra par la suite.
4/6
Convict 13 (1920)
L'apparition de nombreux thèmes que Keaton développera par la suite: l'inévitable courte poursuite avec la police, le suicide
et le rêve
4/6
The Scarecrow (1920)
L'anti Electric House que Keaton réalisera 2 ans plus tard, Keaton et son colocataire y font preuve d'une inventivité débordante pour s'offrir tout le confort dans le minuscule appartement qu'il partage. L'atmosphère de la première partie est très proche de la scène du dîner du Navigator.
4.5/6
Neighbors (1920)
Le plus circassien des films de Keaton. J'aime beaucoup comment il joue avec l'ombre et le double dans celui-ci, même si ce court reste assez mécanique et un peu moins inspiré que le précédent.
4/6
The Haunted House (1921)
Toute la première partie dans la banque, avec les billets qui collent aux mains, aux pieds, est vraiment géniale. La suite est beaucoup plus mécanique voir répétitive
4/6
Hard Luck (1921)
Celui où Keaton développe le plus le thème du suicide, sans qu'il ne réussisse une seule fois bien évidemment. C'est aussi celui qui a le plus les défauts du burlesque, passage d'un sujet à un autre sans transition et sans réelle cohérence. La fin est tout de même géniale
4/6
The High Sign (1921)
Buster engagé pour à la fois tuer et protéger le même homme. La scène finale où l'on sort par une porte/rentre par la fenêtre
ad nauseam est probablement la plus complexe de toute celles qu'il a réalisé.
4/6
The Goat (1921)
Énorme course poursuite suite à un quiproquos (Buster a été pris en photo au lieu d'un criminel, tandis que lui-même pense avoir tué un homme). On sent une progression dans la maîtrise du rythme, tout est est mieux huilé, plus fluide. En prime magnifique plan où l'a caméra film de face l'arrivée d'un train, jusqu'à finir en gros plan sur le visage de Keaton assis à l'avant de ce train.
4.5/6
The Playhouse (1921)
Mon court préféré, le plus délirant, dérision mégalomaniaque, à voir absolument. La partie centrale prélude le Figurant.
5/6
The Boat (1921)
Le premier film marin de Keaton, thème que l'on retrouvera régulièrement par la suite (Steamboat, Navigator). Intro sympa où Buster est secoué de part et d'autres dans son bateau, puis son fils tirant sur une corde à l'extérieur, montrant l'envers du décors du tournage. On y retrouve encore le thème du suicide
4/6
The Paleface (1922)
Quand on pense au temps qu'il aura fallu pour que le statut de l'indien évolue positivement dans le western, The Paleface est le parfait exemple de l'avance de Keaton sur son temps. En avance non seulement dans son jeu, qui répond au sur-jeu habituel du muet par une économie quasi ascétique d'expression - petit à petit Keaton ne va même plus ouvrir la bouche, ses émotions passant de plus en plus au travers de son regard -, mais aussi dans un humanisme de plus en plus présent - ici les indiens sont explicitement montrés comme les victimes de l'expropriation blanche qui souhaite extraire du pétrole de leur terre.
4.5/6
Cops (1922)
L'un des tous meilleurs courts de Keaton, comme pour The goat on sent que le rythme est de plus en plus maîtrisé, les gags sont de plus en plus fins, plus fouillés. Suicide symbolique final
4.5/6
The Blacksmith (1922)
Bizarre qu'il est fait celui là aussi tardivement, c'est le plus proche de Fatty Arbuckle (il reprend beaucoup de gags de The Garage, la vulgarité en moins), entreprise de destruction massive sans tout ce qui fait l'intérêt de Keaton.
3/6
Daydreams (1922)
Le personnage de Keaton prend vraiment de l'ampleur, objectivement peut être le plus importants des courts, même si je lui préfère The Playhouse. Fin proche de Cops
4.5/6
The Electric House (1922)
Prétexte à un déballage de trouvailles automatisées pour améliorer le quotidien d'une maison bourgeoise.
4/6
The Love Nest (1923)
Nouveau film à tendance marine de Keaton
4/6
Longs-métragesLes Trois Âges (The Three Ages) (1923)
Un peu laborieux avec la répétition de toute l'histoire à 3 époques différentes. Le final est peut être ce qu'il y a plus d'inspiré
4/6
Les Lois de l'hospitalité (Our Hospitality) (1923)
L'un des films les plus importants de Keaton, de ceux qui ont pour ambition de revisiter les mythes des États-Unis (ici le cycle de vengeance entre les Hatfield et les McKoy). C'est aussi le premier film où le personnage de Keaton est totalement abouti, sans aucune gratuité, qui ne fait que se défendre lorsque son honneur ou sa propre vie sont attaquées. Pléthore de trouvailles visuelles, en particulier le chien qui suit son maître sous le train-diligence, que Bunuel reprendra dans Viridiana.
5/6
Sherlock Junior (Sherlock, Jr.) (1924)
L'un des deux seuls que je n'ai pas revu, celui qui m'avait le plus marqué il y a une vingtaine d'année.
6/6
La Croisière du Navigator (The Navigator) (1924)
De la première à la dernière minute le rythme ne faiblit pas, Keaton reprend et affine tonnes de gags qu'il aura développé dans ses courts. On peut seulement lui reprocher de ne pas avoir l'ambition de ses meilleurs longs. J'aime beaucoup la scène où Buster s'ouvre le ventre pour vider son scaphandre, qui renvoie à toutes ses tentatives de suicide avortées dans ses courts.
5/6
Les Fiancées en folie (Seven Chances) (1925)
Je trouve la première partie un peu poussive, mais une fois l'annonce publiée dans le journal, il en résulte une course poursuite massive avec des centaines de fiancées à ses trousses, assez délirante.
4.5/6
Ma vache et moi (Go West) (1925)
Keaton s'attaque à une autre mythe US (et cinématographique), la conquête de l'Ouest. Il est loin d'être le plus connu de ses longs, et pourtant je trouve que c'est l'un des meilleurs, et peut être le plus drôle (la démarche de cow-boy, le pistolet de femme, la poursuite finale où Keaton est habillé en diable). Il y a aussi cette résistance de l'ancien contre le moderne, que l'on retrouve dans Steamboat Bill Jr.
5/6
Le Dernier Round (Battling Butler) (1926)
La première partie renvoie directement au Navigator (l'aristocrate incapable de rien faire de ses mains). Le reste est une nouvelle digression sur la question du double (l'homonyme ici).
4.5/6
Le Mécano de la « General » (The General) (1926)
Le plus connu de tous. Je reconnais toutes ses qualités mais il ne m'emporte pas autant que Sherlock ou l'Opérateur.
5.5/6
Sportif par amour (College) (1927)
Pas revu celui là non plus, souvenir de scènes où Buster enchaîne tous les sports importants aux US.
4.5/6
Cadet d'eau douce (Steamboat Bill Jr.) (1928)
Un peu déçu, je m'attendais à mieux. Comme dans Go West il y a cette bataille entre le moderne et l'ancien. Il y a quelques jolies scènes mais globalement je trouve le film un peu molasson.
4.5/6
L'Opérateur (The Cameraman) (1928)
Je ne me souvenais pas que celui-là était aussi fort. C'est parfait de la première à la dernière minute. Non seulement ce film à l'ambition de ses meilleurs (ici le cinéma et les actualités), mais j'ai l'impression que c'est également l'aboutissement du personnage de Buster. Pléthore de scènes magnifiques
6/6
Le Figurant (Spite Marriage) (1929)
Keaton a perdu le contrôle du film en cours de tournage, et je trouve que ça se ressent. La scène centrale au théâtre et géniale, mais le reste est moins percutant que par le passé.
4.5/6