Forum de FilmDeCulte

Mytho, je suis sûr que t'as fait des trucs pas très catholiques, la nuit, au bord de la Rance.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Dormir

Je ne m’attendais pas du tout à ce genre de film, puisque j’avais (de loin) suivi le succès critique à Cannes et l’absence au palmarès constituait pour beaucoup le gros loupé de cette édition, alors que le film prend le spectateur à rebrousse-poil, ou qu’en tout cas l’originalité du traitement pouvait mener à un clivage plus prononcé.

Il y a sans quelques SPOILERS de-ci de-là.

Sur la durée du film, je suis assez partagé, certaines scènes y trouvant leur force (le chant, l’intro sur le père également que je trouve assez justifiée au final) et le rythme assez particulier participe fortement à l’ambiance générale, mais le tout aurait quand même gagné à être un peu plus concis (exemples cons : le père qui achète du pain puis rentre chez sa fille, en prenant 10 secondes pour ouvrir la porte, la scène des chiottes au chantier,…).

Là où je trouve le film très juste, c’est dans la description de la dichotomie entre le monde professionnel rigide et de ses soirées impersonnelles, et l’univers fantasque et lunaire du père. Faire de l’héroïne une cost killer avait tout pour être casse-gueule, et on frôle le too much dans l’opposition des deux univers à quelques reprises, mais le propos sur la déshumanisation de la société et la quête de sens finit par se faire bien présent et très fort. La relation père-fille évite d’ailleurs l’écueil des flashbacks, ce qui ancre le récit dans le réel et la maturité, renvoyant les adultes à leurs failles et leurs faiblesses.

Le film réussit le tour de force de la scène du brunch – anniversaire, qui peut paraître tarte sur le papier et a tout pour être sursignifiante, mais qui se fait porteuse de sens avec une certaine modestie dans ses effets. Je trouvais l’affiche intrigante, ne comprenant pas vraiment de quoi il s’agissait, et la séquence à laquelle elle renvoie offrait une belle fin. La suite me semblait un peu superflue mais l’échange final entre le père et la fille, cette dernière se grimant à la manière du premier, est magnifique. Cette fin témoigne d’une lucidité et d’une maturité poignante, renvoyant son héroïne à la difficulté de changer de destinée au sein des rouages du « système », sans tomber dans la caricature du martelage de discours sur ledit système qui broie tout. Je ne dirais pas que le film est pessimiste, mais le côté dépressif évoquée plus haut me semble assez juste, et j’y vois aussi une certaine justesse dans la vision de la société actuelle et des rapports humains.

En sortant hier soir, j’étais à 3-4/6, mais certains aspects vieillissent déjà bien. Pour le moment je dirais 4,5/6.

Je m'aperçois que je n'en parle pas vraiment dans mon avis, mais pour moi on est dans l'équilibre entre ces deux aspects (envie de vivre vs dépression & vacuité), à l'image de l'humour dans le film, toujours en décalage et en second degré (ou en tout cas avec du recul sur la situation au premier plan). C'est vraiment très fort, très juste, bien écrit (sur des scènes précises, car le film souffre quand même de certaines longueurs à mon sens) et bien joué.

Sur la fin:

JE PRÉCISE QUE J’ÉTAIS PAS SÉRIEUX NON PLUS.

Prout Man, à ton tour.

C'est là que ça devient gênant...

Pour le coup Prout Man c'est le gars qui force le plus de mythos exagérés pour faire rigoler même quand la discussion est sérieuse donc on peut sans risque dire qu'il déconnait aussi...

Captain Obvious in da houze

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Tiens, la scène de la réception "à poil" fait fort penser au début de "Reflets dans un Oeil d'Or" de Carson McCullers (en tout cas la nouvelle, pas vu le film d'Houston), le personnage d'Inès ressemble d'ailleurs un peu psychologiquement à celui de la femme du capitaine et le père au capitaine lui-même (mais le lien sexuel d'attraction-rejet maso entre eux est déplacé sur relation père-fille).

J'ai trouvé ça très réussi, et les longueurs me sont apparues utiles à la caractérisation (les scènes de "consulting", qui sert à faire porter la responsabilité des décisions cruelles à d'autres, la veulerie des sous-fifres Anca < Ines <Gerald < Henneberg, et a contrario les relations simples que peut avoir le père avec des gens normaux, alors qu'il ment en permanence). Pourtant je supporte mal les films de plus de 2h, à mon âge c'est ma prostate qui contrôle mes loisirs

J'apprécie particulièrement l'association du drame avec la comédie; quand c'est bien fait c'est ce qui m'émeut le plus, par la distanciation que l'ironie injecte dans le mélo, et la catharsis que ça procure. Ici, rien d'aussi violent (sauf dans l'énorme scène de chant), simplement le poison lent de l'incommunication, l'incompréhension profonde entre le père et la fille, contrebalancé par des vannes toujours un peu nulles ou absurdes du père. On est le cul entre deux chaises tout le film, ce que l'on peut avoir du mal à supporter mais qui m'a paru très proche de situations réelles, ça sonne juste.
Le film est très riche de détails un peu cons mais qui construisent les personnages, comme cet homme d'âge avancé qui regarde patiner un grand-père et son petit-fils, ou cette femme - seule - qui se zippe sa robe dans le dos avec une fourchette, ou les défis que se lancent père et fille en se mettant l'un-l'autre dans des situations plutôt inconfortables. J'ai d'ailleurs trouvé ce moment où Ines commence elle aussi à tendre des pièges à son père, au péril de sa situation-réputation, très beau en ce qu'il signe une prise de conscience de sa part, et montre qu'elle a quand même hérité de son père une certaine dose de culot, d'orgueil, et de folie. La fin montrera les limites de ses points communs avec son papa, mais l'irruption de ces petites ressemblances dans un contexte d'opposition de caractères qui aurait pu sombrer dans la caricature m'a paru très bien géré.

Et malgré une ambiance générale génératrice d'un malaise diffus, il y a quand même des scènes d'émotion assez forte, comme la chanson bien sûr, mais aussi le calin à la bête poilue, ou la fin plutôt désespérante.

Bulletin familles : film vu avec mes fils de 10 et 13 ans (attention ce sont bien sûr des génies), qui ont aimé ça, mais n'ont pas goûté tous les deux la durée et la VO.

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-I failed.
-Good. Now go fail again.

A moi je trouve ça très bien. Très intéressante la vision du monde contemporain que donne Ade. Connaissant le monde du consulting de luxe, ça m'a bien parlé

J'adore cette scène. En effet, pour moi ça n'est pas une scène de comédie. Ca aboutit sur un climax surréaliste et le câlin avec la bête poilue m'a remué comme rarement. Un peu comme le moment du chant, on ne s'y attend pas du tout et soudain on se prend une grosse claque d'émotion dans la gueule. Magique.

Après vous avez tout dit. Honnêtement, je ne connaissais rien du film avant de le voir à part son buzz cannois et c'est tout aussi bien. C'est clairement mon film favori de 2016. J'adore la mécanique de la mise en scène, ce faux rythme et cette fluidité qui émanent du film. C'est constamment surprenant et intelligent. C'est fou le film a eu la meilleure moyenne du tableau de Screen international (3,8) de toute l'histoire de Cannes et gros succès public cannois. J'aurais pensé que comme pour Adèle, le film aurait fonctionné en coup de coeur et il aurait clairement mérité la palme mais voilà pire palmarès de Cannes.

Pour ceux que le pitch ou la durée ne tentent pas, il faut absolument tenter. Le film me repoussait initialement et bien pas de regrets de l'avoir vu. Rien que pour son ambition et tout ce qu'il ose, je le conseille. Pour moi, un film majeur de la décennie.

6/6

Qu'on m'explique ce que la scène de branlette sur les gâteaux a d'intéressant.
Le film n'est pas raté, loin de là, mais surestimé à mon avis. Curieux de voir la version américaine qui va tout arrondir. Les scènes où l'on voit le monde du consulting sont intéressantes.
Ma soeur bosse dedans, il faudra que je lui demande ce qu'elle en pense.

C'est dans la lignée des scènes exprimant une certaine vacuité dans la vie de cette femme. La jouissance n'est plus possible que via un gâteau, la communion des corps devient difficile.