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Même en ayant vu (et adoré) le premier long métrage de Julia Ducourneau, même en étant chaud comme un capot de voiture couvert de flammes sérigraphiées après avoir vu la bande-annonce de son nouveau film, il est difficile d'appréhender Titane tant le film apparaît aussi changeant, pour ne pas dire métamorphe, que son héroïne.

L'introduction plante les prémisses des thématiques du film, de la métaphore transhumaniste de la transidentité du personnage principal, précédent même son accident, à son rapport à la filiation et la famille. Ces deux fils conducteurs vont gouverner le film, réussissant peu ou prou à donner un semblant de cohérence à un récit qui part un peu dans tous les sens, donnant parfois l'impression de voir deux (voire trois) films en un, relativement mal conciliés en un tout convaincant.

Dans un premier temps, on retrouve tout le talent formel de la cinéaste, capable comme nulle autre de rendre son body horror affreusement sensoriel. Un piercing trop tiré, une pénétration assourdissante et autres joyeusetés épidermiques font physiquement mal au spectateur. Néanmoins, les variations de ton et décrochages narratifs paraissent moins compréhensibles et plus arbitraires que dans Grave. Même dans un film où l'on accepte sans broncher une scène qui marie Christine et Crash, les agissements du protagoniste laissent interrogateurs et semblent n'exister que pour justifier la suite du film, son véritable postulat, qui va s'articuler autour de la relation entre Alexia et Vincent (Lindon).

A vrai dire, ce personnage paraît bien plus entier que l'héroïne, et plus beau, dans ce portrait à la fois repoussant et attendrissant d'un commandant des sapeur-pompiers qui compense sa faute par une virilité exacerbée mais que le besoin d'amour paternel va transcender, au point d'annihiler toute barrière potentielle que pourrait présenter le genre.
Autant la bifurcation du film de genre choc vers une étude de personnages brisés et abîmés par la vie est louable dans ses intentions, avec des scènes où le malaise se fait autre, toujours dans un rapport au corps mais sans l'horreur graphique, mettant les personnages à mal psychologiquement (les pompiers face à la danse), autant le résultat peine à réellement emporter le morceau chaque fois que le genre fait sa réapparition, jusque dans cette fin qui sonne encore plus comme une chute type Les Contes de la Crypte que celle de Grave. La pirouette est plus poétique et la finalité présente un sens cathartique pour l'un des personnages mais achève de donner l'impression que le film a été fait pour quelques scènes-clé mal raccordées entre elle.

Au fond, Titane ressemble davantage à un premier film que Grave. Décevant.

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La consternation. Ça m'a donné envie de revoir Climax et de lui mettre au moins 5/6.

YEAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!! MDR

Je m'attendais à un film un peu plus "horreur" mais même si Ducourneau commence son film par une première demi-heure serial killer, le film bifurque rapidement vers le fantastique. Sans en révéler trop, on est ici dans un pur film de monstres, beaucoup plus radical que Grave, et qui évoque souvent Cronenberg dans la manière dont Ducourneau va jouer sur la transformation physique de son actrice. Il faut d'ailleurs saluer la performance sensationnelle d'Agathe Rousselle et moi qui ne suis pas fan de Vincent Lindon, il est ici très bien utilisé par Ducourneau dans un rôle de pompier détruit par la vie et dont la rencontre avec Alexia va lui donner une nouvelle chance.

Là où excelle Ducourneau, c'est de la manière dont elle observe les corps. Sur ce plan, sans en révéler trop, Titane est un film passionnant et va très loin. Si on passe la première demi-heure qui s'apparente au parcours ultraviolent de notre serial killeuse et qui est d'une virtuosité phénoménale sur le plan de la mise en scène, le film prend toute son ampleur dès qu'on arrive dans la caserne de pompiers dirigé par Lindon. La relation ambigüe qui lie le pompier et la tueuse, chacun en recherche d'un amour de substitution, est complexe et d'une très grande richesse. Cinéma étrange et filmé avec les tripes, la séance devient alors une véritable expérience, puissante et fascinante.

Focalisé sur les corps et les relations familiales, Titane est un véritable film coup de poing. Soit on reste à quai, soit on embarque dans une expérience unique et envoûtante. Ce n'est pas un film dont les effets chocs sont purement gratuits, tout est cohérent dans l'évolution intime que va suivre Alexia dans son parcours. On est ici en face d'un cinéma métamorphe unique, toujours surprenant, inclassable et qui fera date. Et comme disait Ducournau au jury cannois "Merci de laisser rentrer les monstres". Je ne sais pas si c'est le meilleur film de la compétition mais c'est assurément une palme audacieuse et qui a de la gueule.

5+/6

FF a tout dit, en tout cas mon avis est très similaire au sien donc je vais pas le répéter. C'est une petite déception pour moi qui adore Grave et qui n'ai pas totalement retrouvé l'energie punk de son premier film. C'est vraiment pour moi la plus grand déconvenue, je trouve la seconde partie limite chiante. Une fois que Lindon débarque, impression d'un énorme ventre mou (pun intended) où tu attends qu'il se passe un truc et ça se traîne jusqu'à cette fin somme tout assez prévisible et dont, malheureusement, l'émotion ne fonctionne pas. La faute a un vrai manque sur les personnages que l'on ne "rencontre" pas vraiment. J'aime beaucoup le perso de Lindon mais il y a trop d'angles morts et de non dits Et c'est pareil, voire pire pour Alexia dont le côté

Du coup j'ai eu sans cesse l'impression d'un film dont je voyais trop distinctement les intentions mais qu'à l'écran ça ne fonctionnait pas totalement. Ce côté trois films en un me plaît bien mais le nawakisme du scénar est pas totalement assumé pour être totalement plaisant sur la longueur et le film enchaîne trop de petites conneries qui me sortent sans cesse du délire pour que ça tienne totalement. L'exemple le plus nawak c'est

Et tout le film est un peu comme ça, on ne croit pas à grand chose de cette histoire qui part un peu dans tous les sens sans vraiment être aboutie nulle part. Le plus surprenant est finalement que le film n'est même pas gore, choc ou quoi, je m'attendais à tellement pire, Grave me semble bien plus fort de ce point de vue là. Là on sent que Ducournau vise un peu autre chose, une émotion, une sensibilité mais que ça ne fonctionne pas totalement parce que ses personnages sont vides.

Alors j'ai l'air de pas avoir aimé du tout alors que si, j'adore ce cinéma, ça reste profondément singulier et osé je continue de penser que Ducournau est ce qui est arrivé de mieux au ciné de genre français ces dernières années mais c'est une petite déception, Grave est un meilleur film. Je suis évidemment content qu'il ait eu la palme, ça va amener un public forcément différent en salles mais pas certain que ça lui soit bénéfique tant on peut imaginer une espèce de backlash face à cette série B qui est bien loin des standards des Palmes habituelles.

4/6

*C'est Ducournau et non Ducourneau (titre du topic)*

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d'ailleurs le film m'a fait penser à deux films, ton chouchou Jessica Forever et Sophia Antipolis.

Comme j'ai déjà bien daubé sur Benedetta et Annette j'ai plus de jus pour en faire de même pour Titane. De toutes façons tout ce que je pourrais reprocher au film, Art Core et Film Freak le relèvent déjà avec justesse, sauf que pour moi les réserves qu'ils ont sont des défauts majeurs. Par contre, au milieu des multiples retours que j'ai vu sur le film, je m'étonne de ne voir jamais cité une seule fois un nom. On parle de Christine de Carpenter mais la référence est totalement gadget. Crash fait un peu plus de sens, encore que... j'ai plutôt pensé à Chromosome 3.

Mais, personne ne ressent une certaine influence du cinéma de Gaspar Noé ? Non seulement visuellement (la scène du bal des pompiers évidemment, qui ne peut pas ne pas faire penser à Climax, dont les scènes de danse me semblent des coudées au-dessus de ce que propose Ducournau), mais aussi thématiquement dans sa seconde partie, qui n'est qu'une variation autour de Carne/Seul contre tous, ce rapport quasi-incestueux entre un père et sa fille (remis au goût du jour de la confusion des genres, le fils de Lindon aimait porter des robes quand Alexia se fait passer pour un homme). C'est bien simple à chaque fois que Lindon apparaissait à l'écran j'avais l'impression de voir Nahon.

Crash ça fait beaucoup de sens oui. Je pensais à La mouche, plutôt que Chromosome 3 (d'ailleurs qu'est-ce qui t'y fais penser ça m'intéresse). On est obligé de penser à du Cronenberg, même si c'est un peu injuste pour Ducournau qui a son propre style.

Idem. Je répète ce que j'ai dit sur FB : j'ai trouvé ça complètement con.
Et j'ajoute que les 30mn d'assemblage de scènes chocs, ou le moindre détail est fait pour te crisper (même quand on ramasse le savon sous la douche, il faut que les cheveux s'accrochent au piercing d'un téton), m'ont bien soulé...
Sinon, outre Cronenberg, ou Christine (de loin), il y a aussi du Tsukamoto... Le film s'inscrit dans la même mouvance.

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Elle ne le nie pas de toute façon. Par contre, elle explique que chez elle le corps transforme l'esprit, soit l'inverse de Cronenberg.

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Le fait qu'Alexia soit enceinte évidemment. D'ailleurs grosse déception à la fin, j’espérais secrètement

Je ne crois pas que Cronenberg se résume à l'esprit transforme le corps, il décrit une dialectique constante... non?

J'aurais dû mettre des guillemets, c'est elle qui dit ça de Cronenberg. Je ne suis pas convaincu non plus.

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Pour moi il y a aussi un aspect progressif et itératif, mais on part bien de la psychanalyse qui influe sur le corps / le réel.

Sinon j'ai un peu peur pour ce Titane...

Pour le fils de Lindon vous avez compris comme moi ? Sinon j'ai aussi pensé à Chromosome 3 sans trop savoir pourquoi (le côté grossesse body horror sans doute).

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