Forum de FilmDeCulte

J'ai trouvé cela, volontairement ou pas ? nanaresque. Dans la première demi heure j'étais plutôt étonné de retrouver des éléments d'humour quasi-chabroliens (comme dans Grave), dans les rapports de famille, ou le fait qu'elle roule en 607 (calme voiture bourgeoise à la française mais aussi mutation esthétique de 307 de l'accident), qui me semblent être la fibre profonde de son cinema, alors que l'image explicite convoque plutôt le cinéma des années 90 du type Claire Denis (Beau Travail) ou Moll voire Marina de Van et la trilogie de Kieslowski (citations un peu trop réverencieuses, au point de devenir des motifs qui accentuent l'effet de cinéma-patrimoine, issu d'un passé qui est l'enfance de la réalisatrice). Mais quand le personnage de Vincent Lindon, improbable et d'un sérieux émouvant voire attendrissant arrive (avec des répliques destinées à la positionner face à ses collègues flics ou pompiers qui renvoient elles aux Inconnus) j'ai vraiment eu l'impression de voir une parodie genre la Cité de la Peur II avec des bouts de Atom Egoyan à la place de Wes Craven. D'autant que la lumière bleuâtre et les effets sonores hyper-dirigistes (la corde de basse omniprésente au point de devenir un élément comique) évoquent véritablement le film des Nuls. Tous les topos et tropes sont convoqués en même temps. Je n'ai pas tenu sans trouver cela détestable. Invraisemblable quand-meme que cela ai choppé la palme d'or. Le jury a dû se dire que les gens qui se sont foutu de Showgirl à l'époque passent à présent pour des cons, et tenir par calcul le raisonnement inverse, mais le calcul fait que c'est la même chose.
Ceci dit, la salle, plutôt âgée, se bidonnait, je ne sais pas si c'est l'effet voulu mais cela confère une forme de légitimité au film. Les scènes dans la chambre m'ont néanmoins terrassé, on aurait dit un remake d'Eraserhead avec Sergi Lopez filmé par Manuel Poirier.

J'ai plutôt l'impression que cet aspect B est conscient et que c'est plutôt l'économie actuelle du cinéma qui amène la réalisatrice à chercher des alibis culturels ostentatoires.

Le côté manifeste transidentitaire je ne l'ai pas trop perçu en revanche. La sous-culture montrée au début me semble renforcer délibérément l'aspect comique, et dans la scène à la Scream le rire provient de la solitude de la tueuse, le rapport au genre n'est que cinématographique

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Tant de bruit et de fureur pour retomber in fine sur la bonne vieille rédemption de papa (pour la maman) et l'idéologie du care de maman (pour le papa)...

Il me semble que Lindon a littéralement une tête de gland, la subtilité c'est que dans ce film-ci c'est totalement voulu. Dans certains plans où son cou bovin est bien tendu, ça m'a rappelé certains dessins de Gotlib.