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MessagePosté: 07 Mai 2009, 08:13 
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Inscription: 07 Oct 2005, 10:23
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Après l'excellent "Chez les heureux du Monde" Terence Davies était resté un peu silencieux, avec en particulier un projet avec Kirsten Dunst qui ne s'est pas monté. Il revient ici à l'occasion d'une commande pour fêter le choix de Liverpool, sa ville natale, comme capitale culturelle européenne. Pour autant on ne peut pas dire qu'il ait servis de la soupe à la municipalité. C'est un essai subjectif sur la ville plutôt qu'un documentaire, que le metteur en scène définit comme poétique. On y retrouve donc en dehors de la fiction le sentiment nostalgique de Distant Voices, Still Lives.

Le montage assez passionnant et non chronologique d'images d'archives et de quelques prises de vues réalisées pour l'occasion compte autant que la dimension architectural et géographique pour aborder le rapport des hommes à cette cité. Le film allie la mélancolie à un côté profondément narquois et critique, qui s'en prend à l'église et à divers symboles britanniques. Ce film est aussi un peu le témoignage élégiaque d'une basse classe moyenne déçue en même temps que le récit d'un affranchissement avec la découverte par l'auteur de l'art et de son homosexualité. La voix-off présente un long texte dit par Davies lui même, avec une emphase et un contrepoint parfois limite, mais qui mêle de façon passionnante les longues citations (Joyce, Jung...) à des impressions plus personnelles.

Sur le site de notation du forum je vois que je suis le seul à l'avoir vu ici; bon il ne passe plus à Paris pour l'instant, mais il tourne encore en province et il mérite vraiment qu'on lui donne sa chance. C'est du foisonnant sur 75 minutes, aussi bien dans la richesse thématique que par la la beauté insufflée à ces souvenirs et son point de vue esthétique sur la mutation urbaine.


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MessagePosté: 11 Mai 2009, 02:44 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
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Gloire à la pertinence et au sens du partage de Mr Chow d'avoir exhumé ce Tarnation Geographic à la gloire de l'enfance du réalisateur à Liverpool passé complètement inaperçu à sa sortie début Février (et pourtant stabiloté sans suite dans le Telerama des spectacles de Zad), vaste poème filmé comme une symphonie entre somptuosité littéraire et musique classique, grâce à un montage érudit et sensible d'images d'archives en les accolant sans les porter aux nues faces à celles d'aujourd'hui, avec une mélancolie intimiste bouleversante, à la simplicité toute évidente. Un chef d'oeuvre messieurs dames.

6/6


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MessagePosté: 29 Oct 2009, 00:54 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
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Extraits commentés du film pour sa sortie DVD sur le site de Telerama

http://www.telerama.fr/cinema/terence-davies,48850.php


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MessagePosté: 12 Aoû 2014, 21:04 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Curieux film dont je me suis demandé, durant toute la vision, à quelle commande il pouvait bien répondre. Je découvre de quoi il en est dans ce topic, et ça le rend quelque part encore plus intéressant dans son amertume.

Ce film c'est d'abord une voix-off passionnante, extrêmement séduisante, qui plonge à pied joints dans les vertiges dorés et crève-cœur de la nostalgie. Sans complaisance pourtant : "nous vénérons les lieux abhorrés", dit-elle en ouverture, et il est assez fascinant de voir le film créer un tel tombeau d'or et d'adoration à une jeunesse de frustrations, d'angoisses, de pauvreté, d'inégalités, de rituels contraignants. C'est toute l’ambiguïté géniale d'un film qui, loin de louer simplement le passé, en explore d'abord le sentiment de perte, la douleur aiguë d'un monde disparu, quel qu'il soit. Au point que c'est presque moins par les transformations urbaines qu'il filme qu'il entend choquer, que par la disparition progressives des chaudes images d'archives altérées...

Le flux d'archives, justement, est je trouve malheureusement assez peu construit, un peu trop illustratif (un léger parfum de doc TV d'ultra-prestige, parfois), et il égare par moments, notamment lorsque la voix n'est plus là pour le prendre en charge. Mais c'est aussi une qualité du film : le fait d'utiliser ces images comme un grand bain indéfini et non chronologique, doux va-et-vient à travers les différentes strates du passé, donnant libre cours à de mystérieuses digressions. Voir, par exemple, ce glissement muet vers les premiers HLM, que le film ne dramatise aucunement, et qu'il parvient tout de même à nous rendre intolérable.

J'y sens quelques limites, l'ensemble se fait parfois un peu laborieux, mais c'est un film impressionnant de mélancolie, et donc une bonne adresse, merci Chow. Et ça m'a grave donné envie d'aller regarder la filmo de Davies, dont les films traînent depuis des lustres sur mon étagère...


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MessagePosté: 12 Aoû 2014, 21:28 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
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Tom, essaie The deep blue sea. Si tu n'es pas allergique au violon, ça devrait passer.


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MessagePosté: 12 Aoû 2014, 23:33 
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Ouaip, c'est au programme (quoique plus intrigué par The Long Day Closes)


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MessagePosté: 13 Aoû 2014, 11:22 
"Of time and City" m'avait pas trop convaincu. C'est l'équivalent luxueux des recueils de vieilles photos de ville que l'on trouve souvent en Angleterre et aux USA (et parfois en Belgique) qui ont tous la même maquette mais sont publiés par des éditeur locaux.

Le regard regard nostalgique et individuel sur la condition ouvrière du film de Davies trouve son origine là qui transparait dans les légendes à la fois concises et incisives des photos.
En fait ces bouquins sont plus fascinants et formellement complexes que le film, ils sont conformes à la fois à ce que Benjamin dit d'Atget (la problématique sociale est montrée comme les lieux d'un crime policier, abstrait, épuré et rationnel, avec une nuance de scandale moral) et à la mémoire individuelle et intime de celui qui les feuillette. L'ironie trop marquée de la voix-off de Davies est par rapport à cela une réduction et un affadissement.

La série s'appelle "Images of England", mais il y a aussi "Images of america"
http://www.lovereading.co.uk/series/Ima ... %20England
http://www.pickabook.co.uk/search.aspx? ... ngland%20S.

http://www.amazon.com/Vintage-Birmingha ... 073855376X

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J'en ai un sur Birmingham (en Angleterre), fascinant, où on suit en 60 pages toute l'histoire de la ville (mémoire ouvrière du début du XXème siècle et partage net entre les quarters ouvriers et bourgeois, puis bombardements intenses de la seconde guerre mondiale, puis optimisme de l'immédiat après guerre avec de larges photos de foule heureuse, et finalement dans les anées 50-60 restructuration urbaine pour le tout-voiture où la montée du chômage et de la désindustrialisation apparaissent paradoxalement évidentes vu la brutalité et la démesure du changement architectural).


Mais j'avais bien aimé the Deep Blue Sea aussi


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MessagePosté: 13 Aoû 2014, 17:03 
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Inscription: 14 Mai 2014, 10:12
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Beaucoup eu de mal avec la voix off à l'époque


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MessagePosté: 13 Aoû 2014, 17:10 
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Gontrand a écrit:
En fait ces bouquins sont plus fascinants et formellement complexes que le film, ils sont conformes à la fois à ce que Benjamin dit d'Atget (la problématique sociale est montrée comme les lieux d'un crime policier, abstrait, épuré et rationnel, avec une nuance de scandale moral) et à la mémoire individuelle et intime de celui qui les feuillette.

Ça résume bien le film pourtant, je trouve, ça y est peut-être moins puissant (pas lu les albums dont tu parles) mais il en reste une trace. Ça passe peut-être aussi mieux pour moi dans le sens où je ressens plus de haine que d'ironie dans la voix-off de Davies...


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MessagePosté: 20 Mar 2015, 13:26 
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Antichrist
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Merci Mr Chow, merci DPSR, merci Tom, merci ce forum. J'avais vu une photo du film lors de sa présentation à Cannes et j'avais immédiatement été fasciné. Puis j'avais oublié son existence, jusqu'à mes recherches récentes sur les films qui seront en compétition lors du prochain Festival de Cannes. Je veux Sunset Song en compétition, pour m'obliger à voir en salles la splendeur visuelle du travail de Terence Davies... Poème documentaire qui transcende totalement la commande - j'imagine la tête des gars qui ont passé commande... ils ont dû se dire: bon, c'est pas une carte postale qui vante la beauté de la ville, mais BORDEL QUE C'EST BEAU -, "Of Time and the City" renvoie Sorrentino et même Malick à leurs chères études sur le thème de la mélancolie du temps qui passe et du portrait d'une ville en mouvement. Parfois pompeux - pas fan des citations -, souvent sublime - le basculement ville balnéaire, cité ouvrière... Prix de la mise en scène possible de mon auto-festival de Cannes

5/6


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MessagePosté: 20 Mar 2015, 13:42 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Mise en scène ? Tu déclencherais la polémique, malheureux.

Le film m'est bien resté en bouche. J'ai The Long Day Closes sur mon ordi (que je vous gardais pour le ciné-club :mrgreen:) que je vais me démarrer sous peu.


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MessagePosté: 20 Mar 2015, 19:56 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23635
Créons la polémique.... mais en fait, il y avait le même problème avec le Guzman cette année à Berlin... Je trouvais sa mise en forme éblouissante mais comment le récompenser face à un film de fiction sur ce plan-là ? L'animation pose le même souci, je me souviens pas d'un prix de la mise en scène donné à un film d'animation.


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MessagePosté: 20 Mar 2015, 20:02 
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Il n'y a pourtant aucune raison logique d'avoir des réticences (encore Davies on peut prétexté qu'il n'a été que monteur, mais concernant le cinéma d'animation je vois même pas l'argument rationnel qu'on pourrait opposer...). Ça dépend ce qu'on met dans "prix de la mise en scène" évidemment (qui ces dernières années à Cannes est devenu un prix de la virtuosité, ou de la meilleure image), mais le prix en soi est absurde. Je charriais sur Terence Davies, parce que ce n'est que de l'image d'archives, mais la manière dont on la gère, dont la structure, dont on la marie à la voix... tout ça c'est de la mise en scène (au sens propre, même : comment "mettre en scène" ces images d'archives pour les faire parler).


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MessagePosté: 20 Mar 2015, 20:06 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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je suis entièrement d'accord avec toi, et je la trouve totalement virtuose ici - j'aurais même plus de doute sur le scénario.


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