Forum de FilmDeCulte

Les Infiltrés en français...traduction d'autant plus crétine que le titre original a un vrai sens différent qui en plus est exploité dans le film, enfin bref, j'en dis pas plus...

Ce que je dirai par contre, c'est qu'il s'agit d'un putain de bon film.

Les 20 premières minutes exemplaires au niveau de la présentation de l'univers, des personnages, des enjeux, sentent tout de suite le film pas impersonnel comme pouvaient le paraître ses deux derniers (à mes yeux, disons qu'ils ne sont pas à proprement parler "impersonnels" mais plus lisses qu'ils auraient pu l'être).

Dès les premières images, dans le choix de ce qu'il montre, le choix de garder Nicholson dans l'ombre pendant un moment, n'enlevant rien de son charisme, avec "Gimme Shelter" en accompagnement, le tout monté par une Thelma Schoonmaker plus en forme que jamais, c'est pfooooo...

Les dialogues fusent (excellent Mark Wahlberg dans un rôle certes évident mais il y apporte toute l'authenticité nécessaire), les séquences aussi (y a pas moins chiant que cette première moitié, ça va à toute allure), et on est plongé instantanément dans l'histoire. Et quand le titre apparaît enfin, tu SAIS que t'es devant un bon film.

Peut-être pas un grand film, mais un bon film. L'accroche marketing sur l'affiche d'Infernal Affairs ("on a pas vu meilleur polar depuis Heat" ou qque chose dans le genre) trouve ici enfin son sens. Au départ, je n'attendais pas le film, l'original avait un buzz surestimé, le remake ne s'imposait (surtout par Scorsese) mais le pitch avait du potentiel. La bande-annonce était classique mais pas inintéressante et puis depuis quelques jours, on peut lire un peu partout que le film est excellent et bien qu'il ne cherchait absolument pas l'oscar, il pourrait se retrouver nommé.

Bah c'est pas impossible. Ca me paraît quand même pas "gagné, dan sla poche, i'ts a done deal" mais c'est clair que Scorsese a l'aura. Et s'il est nommé, j'espère qu'il l'aura (enfin je sais pas ce qu'il y aura en face mais si c'est le Eastwood et Dreamgirls, je pense pouvoir dire tranquille que Scorsese le mérite plus, il serait temps quoi).

Le pitch donc, le scénar l'exploite au mieux, sans trop en faire, permettant à l'auteur d'explorer à nouveau l'univers des gangsters qui le fascine tant mais cette fois loin de la mafia et du glamour, et plus proche de ce qu'il semblait faire à ses débuts (bon je dois avouer que je n'ai pas vu Mean Streets et que je me rappelle plus trop de Taxi Driver). On ressent cette énergie, cette nervosité constante de la peur du personnage de DiCaprio, infiltré parmi les criminels. Le rythme sans répit du film traduit assez bien ça.

L'opposition rues/bureau est également super bien représentée (très bon dernier plan). Scorsese et Monahan exploitent ça à fond aussi. C'est pas basique quoi, pas inutilement complexe non plus, mais c'est pas juste "un flic chez les truands, un truand chez les flics". Les deux univers sont super bien cernés et la question d'identité au coeur du film se pose d'autant plus quand les échanges de confiance puis les trahisons, les abandons, abondent. C'est pas non plus un film "syndrome de Stockholm" conventionnel style Donnie Brasco genre "non je suis devenu trop copain avec ceux que j'espionne".

Les personnages des supérieurs (Baldwin et Sheen chez les flics, Nicholson chez les truands) ont aussi leur rôle à jouer. Si l'on exclue Sheen en figure paternelle évidente, Baldwin et Nicholson incarne également, dans une moindre mesure, deux points de vue sur l'Amérique. Entre Bladwin qui clame son adoration pour le Patriot Act et Nicholson qui scande les opportunités offertes par ce pays, il y a là le symbole d'un système dans lequel s'engouffre les deux jeunes du film, chacun des infiltrés, et qui les perdra.

Tout cela hisse le film au-dessus de la simple série B pour faire de ce remake un polar classe et intelligent. Et froid. Marrant de voir la même année Miami Vice et The Departed, tous deux assez proches finalement dans leurs thèmes, et tous deux épousant un même goût pour une violence graphique crue, qui ne pardonne pas.

En optant pour une photographie plus naturaliste la plupart du temps, Scorsese attache une certaine véracité et réalisme à son film qui demeure par moments plus ancré dans une lumière esthétisée.

Je ne saurai trop quoi reprocher au film à l'exception des très légères longueurs inévitables sur la fin (2h30 quand même), d'un problème dans le premier tiers concernant les repères temporels (les séquences s'enchaînent si vite et sans qu'il y ait apparemment de changement de saisons ou de fêtes pour qu'on comprenne, avant que cela ne soit dit dans un dialogue, qu'un an a passé). Et puis un truc sur la fin pas forcément utile.

Mais sinon...la mise en scène est éveillée (Scorsese est, avec Spielberg, un des plus "jeunes" de sa génération), moderne, le montage est remarquable et les acteurs très bons (probable nomination pour Nicholson, chouchou des Oscars, et on verra pour le reste).

5/6

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Un putain de bon film, c'est pas comme un grand film?

Bah non c'est un putain de bon film.

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J'ai vu infernal affairs ce week-end et c'est très bon, ça m'a rappelé le John Woo de ses Début (le syndicat du crime et hard boiled) avec moins d'action et moins d'emphase et plus de profondeur dans les personnages.

J'ai pas lu ta critique pour pas spoilé je le vois demain mais par rapport à infernal affairs c'est différent ? Dans la BA on voit des scènes identiques..

Y a des scènes-clés qui sont reprises (deux en particulier) et les archétypes sont les mêmes quoi...après je trouve ça plus fouillé ici et mieux foutu dans l'ensemble en tant que film.

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Mouais...
Moi ça m'a pas convaincu, mais j'avoue qu'il y a des choses assez marquantes dans ce film (tout ce qui tourne autours de Nicholson en fait). Mais faut que j'y réfléchisse encore un peu, c'est trop frais là...

Cacedédi.

Même s'il faut payer 10 euros, j'peux pas attendre, j'y vais !


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Tout pareil que Freak, vraiment très bon, c'est long mais bien foutu, aucun ennui de mon côté, c'est passionnant et surtout casting royal (big up à Leonardo), je regrette juste quelques défauts comme une faille temporelle :
et le truc inutile sur la fin dont tu parles Freak c'est
et enfin dernier défaut
c'est dommage mais sinon c'est en effet un putain de bon film, 5/6

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Janet

Remake Inutile, inutile remake ?

Des SPOILERS tout du long, donc à lire à vos risques et périles ....

On peut se poser la question à plusieurs titres mais peut-être suis-je trop influencé par le fait que j'ai vu le film original il y a une semaine à peine et que je l'ai trouvé très bien tel quel...

Remake inutile parce que ça commence sérieusement à me courir cette manie de faire des remakes de films non américain adaptés et calibrés pour un public américain. Alors quoi ? Sont-ils ethnocentristes à ce point qu'ils ne peuvent apprécier les films étrangers ? L'omni présence du téléphone cellulaire est pour moi très caractéristique de ce calibrage pour le public américain ... ou bien c'est un placement produit très grossier pour l'opérateur téléphonique Sprint.

Inutile remake parce que il y a un sentiment étrange qui plane tout au long du film... Scorsese s'est plutôt bien réapproprié l'histoire bien que globalement, le scénario soit à quelques détails prêts une copie confirme de l'original. Là ou ça coince, selon moi, c'est justement sur les détails comme par exemple le bras cassé du flic infiltré (Di Caprio) qui est déplacé chronologiquement dans l'histoire. Pourquoi garder ce détail pour en changer la chronologie alors que finalement il garde plus ou moins le même sens ? Le public américain ne peut pas voir Di Caprio avec un plâtre au bras durant tout le film, c'est ça ? Et puis, il y a ce triangle amoureux... là on se demande si il fallait une scène de cul pour respecter le cahier des charges ou si il fallait que Di Caprio se tape la belle... J'avoue que ça me laisse perplexe. Et, il y a cette fin et cette caractérisation du personnage de Matt Damon trop manichéenne, ici il est définitivement un méchant et il est même puni pour ça... Comme s'il fallait que le film se finisse par la mort de celui qui a trahi.

Alors oui Scorsese s'est réapproprié le film : À part le fait qu'il ait délaissé les italiens de New-York pour les Irlandais de Boston, y a pas de doutes, on est bien devant un film du réalisateur des “Affranchis”. Ainsi, là ou dans “Infernal Affairs” le chef de la triade était relégué au 2nd plan au point de n'être qu'un élément du décor, dans cette version américanisé le chef mafieux interprété par Jack Nicholson prend une telle ampleur qu'il en devient un des personnages principaux si ce n'est le personnage principal. Scorsese s'amuse avec ses mafieux et leur univers comme il l'a déjà fait dans ces précédents films et tout comme il semble s'amuser aussi avec l'univers de la police et des policiers (Le flic interprété par Mark Wahlberg pourrait être un Joe Pesci du bon coté de la lois, une sorte d'homme de main un peu barjot).

Du coup ça m'intéresse moins, car tout ce qui faisait l'intérêt selon moi d'Infernal Affairs s'envole petit à petit que le film avance. Ok, je suis pas venu voir “Infernal Affairs”, je suis venu “The Departed” mais- entre un Jack Nicholson survolté, un Leonardo Di Caprio écorché vif et un Matt Damon tout en rétention - plus le film avance plus j'ai l'impression de voir un épisode des Sopranos entrecoupé de spot de pubs pour l'Actor Studio. Et plus le film avance plus le film s'éloigne de mes centres d'intêrets (la psy et l'histoire d'amour je m'en fiche, le chef mafieux félé du bocal qui fait son one man show ça m'intéresse moyen ... les flics qui se tapent sur la gueule ouais bon c'est marrant 5 min, etc.). Bref , dans “Infernal Affairs” le scénario allait droit au but et se focalisait uniquement sur les deux personnages principaux sans s'éparpiller (le film commence alors que le flic est déjà infiltré depuis plusieurs années), dans “The Departed”, Scorsese s'attache à dépeindre l'univers et raconter plusieurs histoires parallèles (l'infiltration du fic, toujours cette histoire d'amour ou de cul je sais pas )...

Puis il y a ce sentiment de surcharge explicative ou de surchage globale typique des films américains , un coté too much. Deux exemples :
- La lettre : Dans “The Departed”, on la voit systémaquiement en gros plan (quand Nicholson monte dans la voiture, lors de l'échange au cinéma, le texte est écrit en gros au marqueur noir) alors que dans “Infernal Affairs” elle se fait magistralement discrète (le texte est écrit au stylo dans un coin).
- La scène de la sortie du cinéma après l'échande de l'enveloppe : dans “Infernal Affairs”, elle est sobre, plutôt courte, très classe mais malgré tout intense... dans “The Departed”, elle est plus longue ou du moins elle est en deux temps (inévitable séquence de "poursuite"), et surtout elle se conclut par un meurtre (pourquoi ? ... ou pourquoi pas c'est selon, mais bon encore un élément qui n'est pas dans le film original).

En oubliant Infernal Affairs je ne pense pas que ce soit un mauvais film, mais définitivement ce qui ne passe ce sont ces choix d'adaptations... c'est fidèle parfois jusque dans les moindres petits détails (le mec qui emménage dans un loft, la psy, l'enveloppe, la chute du haut du building, les conversations enregistrées, le CD... même la chaîne hi-fi à 100k$ (d'ailleurs à ce titre, référence au film original ou scène coupée au montage ?)) mais il y a malgré tout des variantes incompréhensibles, qui au fond ne passent pas : le triangle amoureux, le bébé, la fin, l'implication du FBI, le choix du personnage de Matt Damon qui finalement n'en est pas vraiment un contrairement au film original qui jouait carrément la dessus.

Bref, je suis carrément passé à coté du film, peut-être à revoir plus tard...

Il n'y a pas que toi.

C'est pas ma faute s'il lui faut du temps pour décider si c'est moral ou pas moral...

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Non ce que je toruve superflu c'est :

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ok, oui je suis plutôt d'accord...

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Janet

Quel putain de plaisir de retrouver un bon Scorsese ou on fait pas la moue toutes les quelques minutes en se disant "Ah ouais c'est pas mal... mais ça aurait pu être mieux".

Le film n'est pas un chef-d'oeuvre total, mais c'est tellement énergisant à regarder, tellement bien ficelé, avec des bons persos denses et mémorables, des bonnes situations tendues, une mise en scène toujours originale mais qui ne fait jamais "caricature d'elle-même".

C'est modeste, carré, bien pensé, bien senti et captivant.

Le scénario de William Monahan sait jouer avec nos nerfs mais ne tombe jamais dans des situations trop quelconques et trop attendues genre "Mais bon sang va-t-il se rendre compte que... ?". Evidemment il y a les obligatoires quiproquos dus à ce genre de synopsis, mais c'est jamais bidon.

De la même manière le script ne surjoue pas la carte du "les deux revers de la même médaille" ("l'un a choisi le bien, l'autre le mal", blabla). Ca reste vraiment dans la demi-teinte, avec des persos tous attachants, même les plus horribles.

Damon et DiCaprio sont bons, comme toujours, mais sont surtout en retrait. Ceux qu'on retient c'est l'incroyable Nicholson, lui c'est bon il est dans une catégorie à part faut pas chercher à comprendre, mais aussi Mark Wahlberg, génial dans le rôle d'un inspecteur venere et tête à claque, et aussi Alec Baldwin tout empâté et classe.

C'est vraiment un très très bon film... je me sentirai de le revoir là...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste