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MessagePosté: 25 Déc 2007, 20:09 
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Poupée qui fait non
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(NO SPOILERS mais n'allez PAS voir la fiche imdb avant de voir le film)

Le film est ultra gothique (Julilo tu vas avoir du mal), c'est visuellement très sombre, autant que Depp, qui a peu de dialogues, tout en colère retenue (enfin, jusqu'à ce qu'il commence à égorger les gens, donc), habité par sa soif de vengeance qui ressort plus en gestes et en chansons qu'en paroles, tandis que Bonham Carter parlotte encore et encore à côté de lui; les personnages sont très bien caractérisés, on sait très vite qui est qui, quels sont ses enjeux, ses motivations. Bonham Carter est chiante et amoureuse comme il faut, Depp triste, effrayant ET sexy comme il faut aussi, trèèès loin de la pipelette fofolle des Pirates (mais ça reste du Depp et ça peut fatiguer certains).

La direction artistique tue bien évidemment (pour tout le film en général et la chanson "By the sea" en particulier" - et je veux le manteau de Sweeney !), et la musique d'introduction est très bien.

Burton arrive à faire passer le côté théâtral linéaire un peu plan-plan avec quelques montées d'adrénaline (on attend le 1er meurtre, le juge sur sa chaise etc) et giclées de sang (et pas à moitié les giclées de sang), d'humour aussi ("A little priest").
Et puis on retrouve sa patte à lui et rien qu'à lui dans plein de détails (je prêche pour ma paroisse mais niveau persos féminins c'est du pain béni pour retoucher mon texte du dossier :o)

Le seul défaut ? Les chansons, trop classiques à mon goût (des airs de valse qui sentent venir d'un autre temps, d'un autre film), c'est là qu'on ressent le manque d'un Elfman derrière pour rendre tout ça encore plus gloomy. La voix de Bonham Carter et de la petite blonde sont de plus assez insupportables ("The worst pies in London" et "Green finch and linnet bird" c'est vraiment argl), par contre Depp s'en tire plutôt pas mal (superbe "My friends"). Mais je les réécoute déjà pour les apprivoiser, d'ailleurs le film était même pas fini que j'avais envie de le revoir.

Le résultat : un sentiment satisfaisant de Edward aux mains d'argent is back et il est vraiment, mais alors vraiment pas content; 2h qui passent comme une lettre à la poste et une fin très belle; l'impression une fois encore que ce mec fait des films pour moi : les lumières se rallument et je me vois, tout en noir, me sentant juste à ma place; l'envie qui renaît, en voyant une Angleterre si sombre, Rickman et Spall ensemble, de voir un Harry Potter version Burton (allez le dernier pleeaaaaaase)...5.5/6

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Janet


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MessagePosté: 25 Déc 2007, 21:57 
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Dancing Queen
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Janet a écrit:
Le seul défaut ? Les chansons, trop classiques à mon goût (des airs de valse qui sentent venir d'un autre temps, d'un autre film), c'est là qu'on ressent le manque d'un Elfman derrière pour rendre tout ça encore plus gloomy.


Ca c'est pour moi le gros défaut de toutes les CM de Broadway fin 70's début 80's, c'est que les musiques sont super chiantes...
Bon après voilà, il faut faire avec quoi, et du coup pour moi quand c'est adapté je ne considère pas ça comme un défaut du film...

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MessagePosté: 25 Déc 2007, 22:16 
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Poupée qui fait non
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juLILO a écrit:
Ca c'est pour moi le gros défaut de toutes les CM de Broadway fin 70's début 80's, c'est que les musiques sont super chiantes...
Bon après voilà, il faut faire avec quoi, et du coup pour moi quand c'est adapté je ne considère pas ça comme un défaut du film...


Bon disons le seul truc négatif que j'ai trouvé :wink:
Mais pour un Burton en l'occurrence, surtout quand on a déjà eu Mr Jack (ou the Corpse bride dans une moindre mesure), on sait que les chansons parfaites existent pour ses films, et c'est pas celles de Sondheim (mais comme je dis je les réécoute depuis et certaines ou certains passages de certaines vont très bien, cf "My friends" donc, hommage de Sweeney à ses rasoirs, scène qui se finit sur un "At last, my arm is complete" absolument grandiose - et c'est là qu'on se dit qu'il est venu venger Edward en fait).

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Janet


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MessagePosté: 25 Déc 2007, 22:26 
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Dancing Queen
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Janet a écrit:
Bon disons le seul truc négatif que j'ai trouvé :wink:
Mais pour un Burton en l'occurrence, surtout quand on a déjà eu Mr Jack (ou the Corpse bride dans une moindre mesure), on sait que les chansons parfaites existent pour ses films, et c'est pas celles de Sondheim


Ca c'est sûr, mais bon, il joue le jeu de l'adaptation quoi... En fait il aurait fallu que ce soit Danny Elfman qui compose les musiques du Sweeney Todd original ;)

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MessagePosté: 25 Déc 2007, 22:32 
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juLILO a écrit:
En fait il aurait fallu que ce soit Danny Elfman qui compose les musiques du Sweeney Todd original ;)


voilà :D

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Janet


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MessagePosté: 27 Déc 2007, 14:03 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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L'avis qui rassure!! Parce que franchement, même si ça me réjouissait de voir retourner Burton sur la dark side (après ses sucreries au poisson ou au chocolat), le projet ne m'a jamais emballé...

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MessagePosté: 12 Jan 2008, 13:45 
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Je garde le reste pour la critique du site (oui viens nous voir faut bien teaser) et puis sinon je vais m'étaler douze ans, globalement je suis Janet sur les chansons qui tiennent le film comme un fil à la patte, même si je pense qu'à la revoyure, certaines passeront mieux, mais à première vue, aucune ne transcende vraiment ce qu'on voit. Du coup il y a quelques problèmes de structure ou de rythme.

Pour le reste, au-delà de ce dont on se doute (la direction artistique qui tue et c'est pas juste une donnée décorative mais une grosse part du livre d'images et du climat), ça ressemble à mon sens au Burton le plus désespéré et le plus pervers, quelque chose qui éclate vraiment dans le dernier acte, que je trouve génialissime en terme de tragédie à grand souffle. Le dernier plan n'est rien moins que le plus beau et le plus fort de toute sa filmo.

5/6

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MessagePosté: 12 Jan 2008, 21:04 
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Blissfully a écrit:
Le dernier plan n'est rien moins que le plus beau et le plus fort de toute sa filmo.

ET bien! Ca a l'air de devenir une habitude. Celui de Charlie... etait deja enorme il semble me rappeler. Bon et vos critiques font vraiment plaisir.
Viiiiiiite.

edit:
(a la base, mon "e.n.o.r.m.e" n'etait pas en majuscule ^^)


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MessagePosté: 17 Jan 2008, 23:00 
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J'aime l'orgue.

Ah ça je m'en suis bien rendu compte avec La Fantôme de l'Opéra et rebelote dès les premières notes, sur les logos, avant un générique aux petits oigons façon Burton, ça en impose sur les recoins obscurs parcourus par la caméra du cinéaste...

Au même titre que certaines des chansons et compositions du film qui me font frissonner et fredonner une fois sorti de la salle...

...cela dit, je fredonne pas grand chose.
En réalité, malgré deux heures de chansons (oui parce que dans les adaptations cinématographiques récentes de comédies musicales, ça doit être celle où les chansons s'enchaînent le plus vite, avec très peu de "dialogues" entre les numéros), je n'arrive à en "chanter" qu'une seule (celle aperçue dans la bande-annonce) et je n'en retiens réellement qu'une ou deux seules autres (celle chantée aux lames de rasoir, ses amies notamment).

Et c'est un peu dommage dans une comédie musicale d'en ressortir avec finalement peu de morceaux mémorables.
D'autant plus qu'ici, l'histoire et l'approche de Burton ne semblent pas se prêter à une mise en scène tout en chorégraphies et cie...ça reste globalement assez "sobre" à ce niveau-là, un peu trop "une chanson dans une pièce nue" quoi...

Et j'ajouterai à ce titre que la forme manque également un peu de folie.
C'est très beau, vraiment, c'est pas Sleepy Hollow mais presque, et certaines images me resteront gravées là (notamment dans le climax où ça n'en finit plus) où c'est plus juste gothique mais carrément gore (et là dessus, John Rambo/Sweeney Todd, même combat) MAIS le parti-pris "factice" (effets numériques voyants, notamment durant le générique, sang trop rouge exprès, etc.) ajouté à l'aspect parfois trop studio des décors renfreine un peu l'ampleur du truc...alors quand en plus les chansons ne compensent pas (contrairement au Fantôme de l'Opéra où les chansons de Webber demeurent énormes malgré la mise en scène sans inventivité de Schumacher).

Je donne l'air d'avoir peu apprécié mais en fait non, j'ai plutôt bien aimé...ça se regarde tout seul même si c'est inégal.

J'aime beaucoup l'histoire (la vengeance de Todd et sa résolution amère), malgré une intrigue nase (la romance entre les deux jeunes) et j'aime beaucoup le cynisme des personnages, voyant du pragmatisme dans la reconversion des victimes de Todd - qui considère que tout le monde mérite de mourir, misanthrope powaaa - on s'en débarasse et on fait à bouffer en même temps en cette période de pénurie, des freaks burtoniens en diable.

Depp est énorme, Carter aussi, je parle même pas de Rickman et même Spall, mais celui qui m'a mais alors le plus étonné c'est Sacha Baron Cohen. Il n'est là que très peu de temps mais d'un coup, lorsqu'il "change" (vous verrez dans le film) et qu'il arrête de faire le bouffon, qu'il se pose, qu'il prend cette voix douce, il fait preuve d'un réel talent d'acteur, le genre qui l'amènera un jour à l'Oscar, je déconne pas (et j'ai vraiment envie qu'il signe pour le prochain Spielberg pour voir ça).

Enfin voilà...et de ceux avec qui je l'ai vu, je suis celui qui a le plus aimé...mais alors que j'avais (pour une fois pour un Burton) vraiment envie d'adorer, j'en ressors avec un film qui sera oublié à la fin de l'année.

4,5/6

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MessagePosté: 17 Jan 2008, 23:45 
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Localisation: Caché avec Charlie
Bon, j'avais peur et ma peur a été juste.

(Spoilers mineurs)

J'ai beaucoup de mal avec les chansons, qui sont toutes plus ou moins affreuses et quand c'est Helena qui chante ça casse totalement les oreilles, et fait pas passer le temps.

D'ailleurs, j'ai du mal avec Helena dans le film. Son maquillage me rappelle Marla, et son perso avait tout pour être de la grande Marla Singer, mais non, elle foire totalement le truc, elle a pas l'air dedans, je trouve que son perso est gâché.

Je passe sur les petits amoureux, ils sont atroces l'un et l'autre et ne m'intéressent juste PAS DU TOUT.

Reste l'esthétique, qui m'a vraiment plus. Cette photo "première lumière du jour", toujours en attente de la naissance de la lumière, m'a tout de suite mis dans une bonne ambiance. L'esthétique est assez jubilatoire également, cette saleté, cette merde dans les tourtes. Pleins de choses qui me ravissent. La musique, aussi, quand ça ne chante pas, celle du générique du début, qui fouette le sang et donne des envies de meurtre.

Du coup, les 20 dernières minutes sont le meilleur du film. Même les chansons font merveille, et la saveur de l'ensemble remonte méchamment de l'ennui profond que toute cette ultra longue exposition procure.

Depp est excellent, il est beau et monstrueux à souhait et si des tics de jeu se sentent, je m'en fous un peu personnellement, ça reste du bel ouvrage.

Ca peut plaire à certains, pour moi c'est un gâteau qu'on aime à gouter mais dont on ne garde pas la recette.

4/6

Charlie avait pas bien vieilli (je veux le revoir, quand même), les noces funèbres me faisait des effets de redite...Mon dernier grand bonheur Burtonnien, c'est Big Fish, merveille absolu.

Une filmo Burton s'impose!


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MessagePosté: 17 Jan 2008, 23:48 
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Le Pingouin a écrit:
Une filmo Burton s'impose!


J'y ai pensé mais vas-y, fais-la, j'ai la flemme.

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MessagePosté: 18 Jan 2008, 03:42 
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hal5 a écrit:
Le pire du pire : les chansons. Je n'en pouvais plus. J'avais envie de tous les bâillonner tellement ils me tapaient sur le système à force de chantonner leurs états d'âmes avec une crispation contagieuse. Aucune mélodie ne sort vraiment du lot d'ailleurs, quand ça ne verse carrément pas dans le cucul-la-praline interminable, voire indigeste.


Donc si les comédies musicales me font gerber dans l'ensemble c'est une raison de plus pour pas me déplacer ?


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MessagePosté: 19 Jan 2008, 02:15 
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Successful superfucker
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C'est clairement le bas du panier de la noirceur Burtonienne où trône toujours Sleepy Hollow et surtout Batman le défi. Si l'interprétation ne manque pas d'aplomb, et que Johnny Depp est grand quand il joue en famille, l'insupportable aspect musical noyé sous les tonnes de gouache agace, irrite, horripile. Tout ce côté chanté est très très très crispant, surtout qu'à part une irrésistible séquence à la mer, tout tourne quand même autour de trois quatre décors. Mais bon comme ça reste du Burton et ça ne ressemble à rien d'autre donc rien que pour ça
3-4/6


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MessagePosté: 20 Jan 2008, 20:40 
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Matou miteux
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Inscription: 05 Juil 2005, 13:48
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Lecteur *prend le visage du lecteur entre les mains* crois-moi:

http://www.filmdeculte.com/cinema/actualite/Sweeney-Todd-6614.html

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LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES

« Je n’ai jamais eu de rêves… seulement des cauchemars ». Une réplique de Sweeney Todd qui pourrait décrire à elle seule la filmographie souvent ténébreuse de Tim Burton, mais ici et plus qu’ailleurs, ces quelques mots sont pris au pied de la lettre. Pour Burton, même Sleepy Hollow, son film le plus violent et cruel à ce jour, de décapitations en massacre de bambin, n’était qu’un «cauchemar d’enfant». Sweeney Todd est son mauvais rêve d’adulte, plongé dans le Londres victorien de Jack l’éventreur dont on a essoré toutes les couleurs sauf celle de la pluie rouge sang qui tombe sur les toits hantés. Ride du lion indélébile, Sweeney n’a pas la fragilité des autres interprétations de Depp chez son mentor, celle, lunaire, d’Edward aux mains d’argent, ou celle, couarde, d’Ichabod Crane. Lui, possédé, ne conçoit de salut que dans la vendetta, damné dont les fantômes se reflètent dans l’éclat de ses lames de rasoir. Benjamin Barker revient de l’enfer, et son travestissement en Sweeney Todd, comme hier ceux de Bruce Wayne ou d’Ed Wood, devient sa raison d’être. Lui qui, bras tendu, voit ses rasoirs comme un prolongement de ses doigts, tranchants accessoires privés de la dimension érotique qu’ils arboraient le temps d’une coupe dans Edward aux mains d’argent, et qui ne sont ici que les instruments de la vengeance ivre et aveugle que Burton raconte avec un sens de la tragédie qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors.

Du Pingouin de Batman, le défi à Ichabod de Sleepy Hollow en passant par Willy Wonka de Charlie et la chocolaterie, les antihéros de Burton sont tous meurtris par une blessure d’enfance. La déchirure de Sweeney est celle d’un adulte dans un monde sourd à ses tourments, comme le montre l’une des séquences musicales où le barbier se heurte à l’indifférence des badauds, mais son monde intérieur ne bout plus que pour en finir, carotide à vif. Malgré les chansons, l’univers de Sweeney Todd referme la parenthèse des sucreries Big Fish ou Charlie…; à Fleet Street, les gamins sont envoyés à la pendaison ou sont abrutis par le gin, caveau poisseux du cannibalisme où les jeunes filles sont enfermées à l’asile avant que, tondues, leur chevelure ne serve à d’autres. L’horreur n’est plus parée du drap pudique du conte ou de la farce et l’on tranche les gorges comme dans le plus sanguinolent des giallos. On sait l’œuvre de Burton nourrie par sa propre cinéphilie, de l’hybride entre Hammer et Bava de Sleepy Hollow à la SF atomique de Mars Attacks!, en passant évidemment par le Z d’Ed Wood: c’est du côté du muet que zieute Sweeney, par la photo de Dariusz Wolski (The Crow, Dark City), des ténèbres au sépia, par le maquillage blafard et charbonneux, et par cette astuce de faire chanter quasi continuellement les comédiens pour les priver de dialogue. C’est en toute logique que le look de Sweeney rappelle celui d’Edward qui était déjà, en quelque sorte, la transposition merveilleuse d’un personnage de muet.

Reconnaissable entre mille, la patte de Tim Burton, depuis toujours dévouée corps et âme à ses créatures, vise à mettre en valeur ses héros, ici en gros plans claustrophobes, puis les installer dans le décor du fantastique transcendé, et ça n’est pas un hasard si Burton s’offre ici les services du décorateur de Fellini, Dante Ferretti, qui lui-même voit le kid de Burbank comme un héritier du maître italien. Bien plus qu’un ornement, le decorum chez Burton incarne la déraison du récit, en prend le pouls, ici ce drap noir qui, à la façon des souvenirs de Sleepy Hollow, n’est déchiré de couleurs éclatantes que par deux fois, un rayonnement du passé (perdu, celui du bonheur brisé) et du futur (inatteignable, celui des espoirs à perte). Sweeney Todd est le film le plus désespéré et pervers de son auteur, viol de la colombe, simulacre incestueux, ou abandon de la jeune première qui, dans Edward aux mains d’argent ou Sleepy Hollow, avait droit de cité. La place est à l’amoureuse tragique (Helena Bonham Carter), dont les folles espérances pourraient bien finir en cendres. La relation à peine entretenue par Sweeney et le jeune Toby rappelle celle d’Ichabod Crane et de son assistant, mais son issue sera bien différente. A sa poursuite ou face à sa fille, Sweeney dérive vers le croquemitaine, vengeur devenu démon au cœur de cette éternelle nuit du chasseur où l’on s’abîme dans la soif de sang, douleur furieuse qui explose dans un final dantesque, d’une stupéfiante force dramatique, parachevé d’un dernier plan à genoux qui, par sa puissance graphique et son souffle lyrique, constitue certainement le plus beau de toute la filmographie de son réalisateur.

5/6

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MessagePosté: 21 Jan 2008, 22:37 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Localisation: Paris
J'ai oublié de mettre mon avis.

Surpris par la noirceur du film. Ah là, ça y va! Le final est assez fort, vraiment surprenant aussi par son brisage des rythmes narratifs...

Tout ce qui viens avant... pour moi... ça va pas. J'ai du mal avec la musique, j'ai du mal avec l'absence de décors, j'ai du mal avec la sensation de déjà vu, le non-attachement au jeune, etc, etc, etc, etc.

Bien tenté. Très bonne fin. Mais ça prend pas.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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