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MessagePosté: 04 Nov 2013, 21:59 
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J'ai bien du mal à me souvenir de "Shame"... Le visage de Fassbender à la fin de sa dernière nuit avec les deux filles, défiguré entre plaisir, douleur et épuisement. Le long plan au resto avec sa collègue. Assis sur le coin d'une table chez lui, de nuit, en train de regarder du porno en mangeant son repas de chinese take away. En train de pisser de dos dans un appartement impersonnel. Il me reste des images... Le visage de Mulligan, tout enfantin, qui espère peut-être encore quelque chose... Le film me paraît être le miroir un peu plat d'une existence creuse.
Baptiste a écrit:
La froideur formelle rend bien l'inhumanité de la vie que mène le personnage de Fassbender, sa vacuité affective et mentale, l'étau dans lequel il est coincé. Il me manque quelque chose pour aller à 6 sans que je puisse dire quoi.
J'ai ressenti un très gros manque à la sortie de le salle. Pour moi, je crois que c'est un manque de recul et de regard par rapport à ce que tu appelles l'inhumanité de la vie que mène le personnage et sa vacuité mentale et affective. Tout ça est un peu donné comme un état de fait. Je trouve que McQueen peine à raconter et à développer la violence de la vie du personnage et la violence du monde autour de lui. La froideur formelle ne suffit pas à raconter l'étau dans lequel il est coincé... Il constate. Il me manque du coup l'étau, le vide, le trou qu'il essaye de combler. McQueen ne parvient pas à le mettre en scène ou à le faire apparaître. C'est en creux, on sent bien que c'est là, mais ça ne me suffit pas.
Cooper a écrit:
La raison la plus primaire est surement qu’il représente le monde tel que je le vois actuellement avec ces personnages solitaires coupés de toute relation autre que professionnel et qui consomment des modes de vie tel qu’ils consommeraient un repas. Brandon le personnage principal n’étant qu’un produit de la société actuelle qui existe bien au delà de son addiction au sexe qui n’est une façon pour lui que d’exorciser ses démons et de passer le temps, une passion comme une autre qui pourrai très bien être le cinéma ou la photographie dans une autre vie.
Pour moi, c'est précisément le défaut du film. Il ne met pas en scène cette société dont tu parles. Mais surtout, en quoi est-ce que Brandon en est un pure produit ? Qu'est-ce que McQueen nous raconte sur cette société ? Pas grand chose à vrai dire. Par contre, il constate le vide de l'existence d'un homme en particulier et raconte comment il s'autodétruit physiquement pour combler ce vide. C'est exactement la même trajectoire que dans "Hunger", à cette très grande différence près que dans "Hunger" le manque, le besoin est formulé, articulé, mis en scène et raconté. La privation et la violence sont le sujet même du film. Le corps est le dernier rempart face à cette privation et ce manque qui n'est pas seulement physique, mais aussi idéologique et en rapport avec l'organisation du monde social plus vaste. Ca c'est une violence terrible sur lequel McQueen porte un regard sans concession, cherchant les motifs cinématographiques qui pourraient raconter cette violence. "Hunger" m'avait bien bousculé. "Shame" me laisse un peu sur le bas-côté.

McQueen parle beaucoup "du corps comme dernier rempart" - dans "Hunger" ce dernier rempart lutte contre quelque chose avec un objectif. Le corps n'est pas vide, pas encore creux. Il est encore prêt à être le dernier rempart. La violence qu'il subit et qu'il se fait subir sont toutes deux terribles. A l'opposé, dans "Shame" le corps n'est pas le dernier rempart, il n'a plus rien à défendre. Il n'est plus un rempart. Le corps ne fait que subir les effets de la vacuité de sa vie. J'ai le souvenir d'un film d'une tristesse terrible. Mais aussi le souvenir d'une mise en scène spectaculaire et très sûre de ses effets qui ne trouvent jamais vraiment la violence de son propos. Dans "Shame", dès le départ, le corps est déjà vaincu. Il n'y a pas d'issue, plus de choix possible. Du coup, ça file droit, dans son constat. Avec trop peu de violence.

Et en parlant de violence... entre Bach sur le jogging de Fassbender et Schubert sur le trajet de Huppert qui traverse un centre commercial pour aller renifler des kleenex dans une cabine de vidéoX... y en a quand même un qui est au coeur de la violence de son propos et l'autre qui pose un peu, non ?


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MessagePosté: 04 Nov 2013, 23:06 
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Harry White a écrit:
Et en parlant de violence... entre Bach sur le jogging de Fassbender et Schubert sur le trajet de Huppert qui traverse un centre commercial pour aller renifler des kleenex dans une cabine de vidéoX... y en a quand même un qui est au coeur de la violence de son propos et l'autre qui pose un peu, non ?


Oui, Haneke.

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MessagePosté: 04 Nov 2013, 23:10 
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Tu trouves que Haneke est plus dans la pose que McQueen sur des séquences comme celles-là ?


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MessagePosté: 04 Nov 2013, 23:14 
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Harry White a écrit:
Tu trouves que Haneke est plus dans la pose que McQueen sur des séquences comme celles-là ?


Je trouve Haneke insupportable de pose.

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MessagePosté: 04 Nov 2013, 23:22 
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Haneke de la pose? C'est impitoyable comme cinéma avec une ligne claire et assez moralisante mais y a pas grand chose de superflu. Jamais compris ce reproche, ça me paraît être une manière de botter en touche par rapport à un discours qui tout simplement ne parle pas à tout le monde.


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MessagePosté: 05 Nov 2013, 01:30 
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Moi, non plus, je ne comprends pas très bien. Ce n'est pas le mot qui me vient à l'esprit quand je pense au cinéma de Haneke. Faudrait-il encore clairement définir "pose"... Sur les deux séquences que j'ai évoquées, la mise en scène de Haneke est sèche, droite et limpide. Celle de McQueen, maniérée et affectée. C'est ce "maniéré et affecté" que j'appelle de la pose et que je différencierais volontiers de la posture, ou du positionnement moral de Haneke (et je comprends qu'on puisse trouver cette posture insupportable, mais c'est pas de la pose).


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MessagePosté: 05 Juin 2016, 12:52 
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Scotché pendant les 10-15 premières minutes du film par sa beauté plastique et sa structure, je me suis dit que ça serait dommage que la suite baisse d'intensité (mais qu'il serait tout de même prévisible que cela arrive), malheureusement c'est le cas. Non pas que le film m'ait déplu, mais le film s'installe dans une certaine facilité, j'avoue ne pas trop comprendre la hype qui tourne autour. A plusieurs reprises j'ai eu le sentiment que McQueen aurait pu (dû) pousser plus loin son matériau et sa mise en scène, bien trop clipesque (combien de fois a-t-on déjà vu ces les longs travellings pendant les scènes de jogging?). Certainement un mec qui a du talent, mais je m'attend justement à ce qu'il puisse faire bien mieux que ça.

3-4/6


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MessagePosté: 05 Juin 2016, 13:21 
Le problème c'est qu'il a fait beaucoup mieux, à l'époque où il était vidéaste.
Toutefois même si ses films sont plus consensuels et "lisses" que ses vidéos, il a le mérite, à l'heure où beaucoup de cinéastes font le trajet inverse, de ne pas vouloir s'enfermer dans un fétichisme esthétique à la Matthew Barney (je dis cela mais ses vidéos étaient très différentes de Barney, travaillées par le documentaire et l'histoire passées et en cours) et le curcuit des galeries et musées. Stan Dougas butte un peu sur le même problème.


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MessagePosté: 21 Juil 2022, 22:02 
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Baptiste a écrit:
Autre question:

La meuf qu'il voit, d'en bas, être prise par derrière contre la vitre d'une des chambres de son immeuble, c'est sa soeur? Je ne l'avais pas compris sur le coup mais j'ai tilté quand Fassbender se tape une meuf dans l'exacte même position, et sachant qu'on peut dire que le film insinue qu'il y a un désir frustré pour sa sœur chez le héros...



t’as la réponse des années après : non ce n’est pas elle, on voit clairement qu’elle est brune aux cheveux longs. Mais ça aurait très bien pu, et ça collerait tout à fait au sujet. Sinon pour ta dernière phrase, t’es en plein dedans et c’est assez hallucinant de voir à quel point la critique et le public sont passés à côté du film lors de sa sortie. L’addiction de Brandon au sexe n’est pas le sujet, c’est le corollaire de quelque chose de plus profondément enfoui que ça, la honte de Brandon est bien ce qu’il ressent pour sa soeur depuis des années et qu’il tente en vain d’évacuer comme il le peut. En le renvoyant aujourd’hui, les balises sautent à la gueule : les messages qu’elle lui laisse sur son répondeur en lui parlant de son cancer fictif « du clito » (qui balance ça à son frère?), messages qu’on attribuerait volontiers à une amante un peu trop collante d’ailleurs, la fille avec laquelle il fait une cam qui demande à Sissy si elle est sa copine, la discussion qu’ils ont après sa panne érectile avec sa collègue black. Sissy lui demande pourquoi il en a constamment après elle, ce à quoi il lui répond qu’elle l’accule et le piège : ça n’a aucun sens qu’il la tienne, à ce moment-là, responsable de son incapacité à nouer une relation au-delà du simple coup d’un soir, s’il n’y a pas de corrélation entre les actes qu’il entreprend (péniblement et avec souffrance) au quotidien et les pensées qu’il cherche (vainement) à évacuer. Ça expliquerait même sa remarque au sujet de la liaison avec son boss et de l’alliance qu’il porte au doigt (au-delà du simple sentiment de jalousie), en lui reprochant de risquer de faire péricliter une famille, remarque qu’on pourrait trouver excessive et moralisatrice de sa part, mais justement très révélatrice de la nature de son complexe et de son désir incestuel interdit. Sa recherche du sexe gay me parait même plus pertinente dans cette stratégie d’évitement (pas de risque d’avoir l’esprit court-circuité par l’image de sa petite sœur pendant l’acte) que dans une simple tentative de répondre plus facilement à des besoins pulsionnels. Et le message que Sissy laisse sur sa messagerie, en voix-off en plein threesome ("Nous ne sommes pas mauvais. C’est là d’où nous venons qui est mauvais") est on ne peut plus explicite.


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MessagePosté: 22 Juil 2022, 11:16 
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Je me demande même si ça n'a pas été déjà consommé et qu'il se traîne une grosse culpabilité mêlée de désir.

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MessagePosté: 23 Juil 2022, 21:31 
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Fire walk with me a écrit:
Je me demande même si ça n'a pas été déjà consommé et qu'il se traîne une grosse culpabilité mêlée de désir.


oui, avec deux façons diamétralement opposées de faire face à ça, et à y réfléchir, ça pourrait expliquer le blocage infantile et le sentiment abandonnique que ressent sa soeur


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MessagePosté: 23 Juil 2022, 22:22 
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Non mais les gars, ça fait 11 ans, y a prescription sur les spoilers là.

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MessagePosté: 23 Juil 2022, 22:33 
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MessagePosté: 24 Juil 2022, 09:43 
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y’a prescription au bout de combien de temps?


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