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MessagePosté: 09 Déc 2019, 23:30 
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Japon années 50. La chronique d'une maison de passe dans le district de Yoshiwara à Tokyo, le "red light district" japonais (c'est d'ailleurs la traduction du titre original). Les filles ont des profils et des âges très différents : l'une a un mari malade incapable de travailler, suicidaire et desinséré, qui vieille dans la rue un enfant en bas âge. Elle a une psychologie et une apparence de ménagère pauvre mais intègre. L'autre semble bloquée à l'époque des geisha et courtisanes du passé et a un grand fils ouvrier dont elle ne comprend pas qu'il la répudie. Une troisième essaye de se marier à la campagne. La belle Yasumi doit réunir une caution de 150 000 yen pour son père emprisonné et fait office de banquière pour les autres filles. Elle a développé une mentalité très opportuniste. Elle finira par provoquer la ruine d'un de ses clients, naïf et malléable, et quitter la maison en rachetant la blanchisserie de celui-ci. Arrive "Mickey", une jeune fille issue d'une grande famille de Kyoto, très americanisée dans le look, focalisant l'attention sur elle. En apparence cynique, écervelée et "destroy", elle va révéler lors d'une scène-clé une profondeur morale et une lucidité insoupçonnées. La mère maquerelle est particulièrement aigre.
Pendant ce temps la radio retransmet les débats parlementaires autour de l'interdiction de la prostitution. Le vrai patron de la boîte, un homme rond et bonhomme aux allures d'avocat ou de notaire, et qui a des entrées au parlement, ne veut bien sûr pas entendre parler de la réforme et magouille. La perception de la réforme par les filles est plus contrastée. D'un côté le discours puritain diffus qui l'entoure accroît leur isolement social. Mais de l'autre la réforme possède un vrai versant social, et envisage de racheter la dette des filles envers leur établissement, ce qui est une opportunité pour elles. Cependant, malgré sa générosité, elle néglige le fait que cette dette existe à deux niveaux, l'un vertical, vers les patrons, qu'elle peut contrecarrer, mais l'autre horizontal : les femmes se prêtant de l'argent entre elles à des taux plus faibles. Cet aspect en apparence moins inégalitairep fait paradoxalement tenir le système et le verrouille sur lui-même.


Image

Je ne connaissais de Mizoguichi que l'Intendant Sancho, vu il y a longtemps (à l'époque où Isild le Besco faisait des films et le mentionnait comme une influence) qui ne m'avait pas marqué, mais là c'est une claque, un film qui peut encore provoquer chez le spectateur un changement moral et un bouleversement, expliquant quelque-chose du monde. Je ne vois pas à quoi le comparer sinon à Ossessione et à Païsa : un film d'une modernité intemporelle qui confronte des personnages de fiction à une liberté réelle, qu'il saisissent quoi qu'ils leur en coûte. Aussi réelle que peut l'être le spectateur qui lui a honte de ne pas la saisir, de rester un pur regard, alors qu'elle lui est expliquée, non pas élargie (elle reste une "porte étroite") mais exactement nommée et positionnée, quand les personnages (et le réalisateur avec elles) relèvent le défi.

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Erving Goffman


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 10 Déc 2019, 00:31, édité 8 fois.

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MessagePosté: 09 Déc 2019, 23:42 
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Sir Flashball
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Rien que sur les synopsis de Gontrand, y aurait une thèse à écrire.

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MessagePosté: 09 Déc 2019, 23:47 
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Non mais là c'est le film qui est génial et exhaustif dans l'observation "sociologique" d'un microcosme et d'un changement d'époque (et qui fait moins de 90 minutes).

Par contre dans le DVD Noël Simsolo interprète le film comme une défense simultanée du libre arbitre des filles et de la prostitution mais il plaque sa vision dessus . C'est l'ordre social et familial qui est au contraire montré par Mizoguichi comme proche de la prostitution. Pour le coup c'est vraiment un film qui montre le patriarcat réel, non pas par des discours et des intentions (ou quand c'est le cas c'est net et tranchant, tout est dit en trois phrases), mais par des espaces, une attention envers les gestuelles et postures physiques, une complémentarité méticuleusement établie entre les codes vestimentaires traditionnels et occidentaux.

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MessagePosté: 10 Déc 2019, 08:53 
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Sinon une des meilleures scènes des Misérables de Ly (les flics qui surprennent la tontine dans l'appartement et se la font expliquer par leur collègue, pendant que les femmes font semblant de ne pas les voir) a un côté mizoguchien, vient de ce cinéma (et a le même rôle, montrant que la serrure du système au plan sociologique est vécue comme une résistance : rhétorique qui constate amèrement qu' il n'y a pas de différence morale entre liberté et pouvoir, que c'est là une forme d'enfermement).

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MessagePosté: 13 Jan 2022, 23:16 
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Je crois que je passe à côté du portrait de femmes du film. J'admire la concision et la précision: encore un fois, en 1h20 Mizo fait la taff mais je crois que j'aurais aimé que ça se développe plus, que l'on s'attache encre plus aux persos, parce que beaucoup d'informations passent, et que le film traite de l'aspect personnel et sociétale en juxtaposition, que chaque scène a une signification, mais que certaines choses m'ont clairement glissé dessus... Malgré tout il y a une distance avec le distance, un regard toujours acerbe sur la société, ses injonctions et ses contradictions, qui respire la modernité.

Bref, je suis un peu frustré, je vois le projet mais je manque un peu ma rencontre avec lui...


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 10:45 
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Tu comptes tous te les faire ?

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MessagePosté: 14 Jan 2022, 10:48 
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Je soupçonne Jeronimo de les voir via le replay d'Arte


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 10:57 
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J'ai pas été trop emballé par celui-ci non plus en comparaison de tous les autres, je trouve ça bien fait mais je me suis ennuyé, c'est un peu trop dispersé entre les persos pour qu'on les repère et s'attache facilement. Et puis le sujet a depuis été rabâché, c'est pas la faute de Mizo, mais ça ne m'a pas trop intéressé. (Ca reste du 4/6)


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 11:01 
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J'ai aussi été me faire déniaiser dans cette Rue de la Honte, mais ça pas été le coup de foudre pour Mizo. Vous conseillez plus les Amants Sacrifiés ou l'Intendant Sansho si je comprends bien?


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 11:03 
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Crucifiés ouais. L'Intendant Sansho c'est très sombre, faut pouvoir encaisser. Sinon je conseille L'Impératrice Yang Kwei-Fei, histoire fascinante et visuel à tomber par terre.


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 11:03 
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Sir Flashball
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Ou O-Haru.

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MessagePosté: 14 Jan 2022, 11:08 
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oeil-de-lynx a écrit:
J'ai aussi été me faire déniaiser dans cette Rue de la Honte, mais ça pas été le coup de foudre pour Mizo. Vous conseillez plus les Amants Sacrifiés ou l'Intendant Sansho si je comprends bien?


Je suis entré par les Amants sacrifiés, celui que je préfère pour l'instant, ça me semble très accessible.


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 11:09 
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Cantal a écrit:
Je soupçonne Jeronimo de les voir via le replay d'Arte


Ouaip, comme précisé dans mon message sur les Amants crucifiés


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 11:10 
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Oui, j'ai regardé ça sur le replay aussi, dispo jusqu'au 31 mais je vais sans doute pas tous les tenter.


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MessagePosté: 14 Jan 2022, 11:27 
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Y'en a pas mal qui disparaissent aujourd'hui par contre


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