Forum de FilmDeCulte

Oui clairement. Surtout que Mocky ça avait pas l'air d'être le père trop présent, il se vantait d'avoir dix-sept enfants...

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CroqAnimement votre

C'est un type plein de paradoxes Mocky. Ses films transpirent la haine de la France et de ses classes supérieures alors qu'il s'est toujours complaisamment vanté dans des interviews de ses relations avec le gratin du cinéma, où perçait une certaine aigreur, ce qui ne relève pas uniquement du mythe et de la mythomanie dans la mesure où il a toujours fait jouer les acteurs français les plus célèbres dans ses films avant que ce ne soient les has-been en fin de carrière.

Je n'ai pas trop perçu la haine de la France que tu deceles dans ses films.
Je dirais plutôt qu'il y a chez lui un côté anar et réactionnaire et une forme de populisme de classe moyenne (de plus en plus marqué avec le temps) qui le rapprocherait plutôt de ce qu'écrivait Marcel Aymé dans les années 30 (d'ailleurs initialement plutôt socialiste et moqueur vis-à-vis du fascisme).

C'était pas non plus un cinéaste maudit.

A la limite Chabrol était plus en colère contre la société française et moins enraciné dans la province que lui (car il reliait la médiocrité de la bourgeoisie et son égoïsme à une métaphysique catholique du mal et de la chute complètement absente chez Mocky). D'ailleurs Chabrol n'allait pas trop (et moins que Mocky) dans la dérision du pouvoir politique, qui l'intéressait peu.

Par contre cette métaphysique se traduisait dans le fait qu'il était intéressant (et soudainement grave) dans le portrait de femme (un côté les souffrances de Marie-Madeleine scorsesien)

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

J'ai gardé un souvenir amusé d'Y a-t-il un français dans la salle, qui est une de ses réussites, avec son irrévérence volontairement rustre qui rapproche Mocky de Chatilliez, ses voix-off entremêlées, si je puis dire, au début avec le réveil du président de la république.
Haine de la France peut-être pas mais bien haine des puissants, dont la vulgarité ou le snobisme viennent contredire l'idée qu'on pourrait se faire d'une certaine grandeur de la France. A l'autre bout du spectre, les petites gens, les trognes impossibles dont Mocky raffolait, vis-à-vis desquels s'exprimait sa tendresse, une sorte de sentimentalisme forain, anar et franchouillard.
Le goût des polars rapproche peut-être plus Mocky d'un Léo Malet, sa trilogie noire dont je parlais plus haut qui commence avec Solo n'est pas sans me faire penser à celle de de Malet dans le ton (La vie est dégueulasse, Le Soleil n'est pas pour nous, Sueur aux tripes).

Cinéaste certes pas maudits et à qui les acteurs célèbres ont souvent fait comme l'aumône d'une apparition mais qui semble avoir rencontré de plus en plus de résistances dans son travail, ainsi que nous sommes plusieurs à l'avoir fait remarquer, qui s'est trouvé de plus en plus marginalisé, ce qui à l'évidence l'a rendu un peu aigri à la fin de sa carrière.



Justement je trouve la critique de Mocky et son goût de la caricature sociologique souvent plus cinglante que la pseudo-métaphysique de Chabrol, occupée en fait à touiller avec délectations les turpitudes de la bourgeoisie comme un tas d'asticots. On dit que Chabrol faisait des films avec le souci de bien manger. Des années plus tard, c'est surtout ce qu'il en ressort.
Aussi limité qu'ait pu être Mocky, ce qui s'est traduit aussi par sa radinerie légendaire, il semble que le cinéma fût pour lui comme quelque chose de vital, ce qu'on voit de manière assez rare. Même dans ses derniers films, à l'économie de bric et de broc, il y a quelque chose d'émouvant et qui ne mérite pas les quolibets. Regret d'ailleurs de cette époque où il passait ses films dans l'ancien Action école, qu'il avait renommé Desperado. Là où ceux qui médisent habituellement voyaient de la mégalomanie pathétique subsistait à mon avis un certain panache.

ça me paraît assez juste. Mocky d'ailleurs, assez adepte de théories du complot lui même, n'avait de cesse de dire qu'il continuait de faire salles pleines en province avec ses films dans les années 2000 et que ses dvds s'écoulaient à des centaines de milliers d'exemplaires, ce que j'ai toujours eu du mal à croire, connaissant en plus sa propension à raconter des craques.

Est-celle qui fut imposée à Bresson d'après la rumeur pour l'Argent ?

Apparemment non. Je n'étais pas au courant de cette histoire. Mais d'un autre côté comme Bresson privilégiait la notion de modèle à celle d'acteur et neutralisait le jeu de ses personnages, pourquoi pas prendre la fille du ministre ?

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Oui c'est sa sœur. D'après Wikipédia, Bresson l'aurait acceptée pour remercier Lang d'avoir reçu l'avance sur recettes...

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CroqAnimement votre

Je confirme qu'ils se détestaient.

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