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MessagePosté: 15 Sep 2018, 21:34 
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Le Cow-boy a écrit:
Beaucoup aimé Hippocrate pour ma part. Je verrai celui-ci à la télé 8)


Si t'as pas vu médecin de campagne, il est programmé ce dimanche à la télé.


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MessagePosté: 15 Sep 2018, 21:46 
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Même avis que Freak, d'ailleurs c'est assez marrant le consensus dans le tableau des notes. On pourra décerner à changjackie aux oscars du forum le film avec le plus faible écart-type. Moins convaincu par le script quand il décrit le pétage de plombs de Lacoste mais le film reste assez drôle et son côté buddy-movie fonctionne bien. J'espère pour toi que le succès en salles va être présent (ça a l'air de bien démarrer) car c'est une tentative réussie de cinéma populaire. Faut que je rattrape tes deux précédents.


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MessagePosté: 15 Sep 2018, 22:14 
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changjackie a écrit:
Quant à Première année, c'est pas encore le chef d'oeuvre escompté, mais c'est franchement un film pas trop malade avec deux acteurs incroyablement touchants. Pour eux au moins, ça vaut le coup.


J'avais bien aimé Hippocrate (et découvert Abourachid au passage, à qui j'ai direct fait appel pour un court), mais j'ai zappé le second... de loin, je trouvais que ça faisait redite avec La maladie de Sachs de Deville. Mais je vais essayer de mater ça, puisqu'il y a des fans.

Celui-ci je vais aller le découvrir en salle ; la BA et le combo de comédiens font envie.

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MessagePosté: 15 Sep 2018, 23:18 
Pas mal. Le film m'a parlé car la personne qui était à côté de moi à la réunion de rentrée en fac (il y a plus de 20 ans), pendant laquelle on avait eu le laïus des profs sur la sélection en première année, est un ami qui ne m'a jamais lâché. Ce n'était pas en médecine mais en philo. Je lui avait demandé, inquiet et craintif Tu crois qu'il faut quel niveau pour suivre le cours d'allemand ?, et il avait répondu Ecoute on n'y va pas pour commander un café, mais lire Goethe ou Kant dans le texte !. Je m'étais dit Putain il est vachement trapus. Plus tard (pas "bien plus tard", mais deux semaines plus tard), je me suis aperçu que l'on avait le même (non) niveau mais que l'on s'accrochait principalement parce que le cours était réputé plus sélectif que l'anglais (et les deux profs que l'on a eu en DEUG, une Française proche de la retraite puis une jeune monitrice allemande, qui donnait tout le cours en allemand l'avaient à la bonne). Je me souviens qu'à la pause (la pose en fait) on discutait avec la prof sur un sujet "relevé" et elle avait dit ...Thomas Mann je trouve qu'il peut parfois être assez chiant.... Puis lui (bon timing) s'était amené et dit Il paraît qu'à la fête de la bière à Munich on pisse tellement que la municipalité envisage de lever une taxe vespasienne, j'ai vu ça hier soir dans un reportage d'Arte ! , et la prof qui parlait 5 minutes plus tôt du Laocoon comme d'un vieux collègue à qui elle avait serré la pince a embrayé sur le sujet. L'année suivante avec la jeune il avait été encore plus habile : Vous savez que George Steiner vient donner une conférence jeudi mais que personne n'est au courant (c'est scandaleux n'est-ce-pas) ?. Tout le monde pose son stylo : comment il avait eu l'info (de fait la présence des étudiants de DEUG à ce type d'événement était fortement découragée) ?
Je m'accrochais grâce au néerlandais et mes parents avaient pu me payer un cours au Goethe Institut. Il venait d'une ZUP ouvrière de Calais, le premier de sa famille à étudier. On ne lui avait jamais expliqué ce qu'étaient les classes prépa ou Normale Sup avant qu'il ne débarque en fac. Il l'a découvert dans l'année. Lui (ni moi) n'y auraient forcément prétendu, mais connaître le fonctionnement du système et sa propre position en son sein aide à s'y repérer, et à y survivre. Résultat : bon étudiant et bosseur, il a néanmoins quitté le système en licence, au moment où ses notes s'amélioraient mais aussi quand les recalés du concours de Normale, formés dans le moule très différent des prépas, le rejoignaient. Il est parti deux ans à l'armée, pour reprendre et terminer ensuite la licence ailleurs (en trouvant sa femme) , puis finalement intégrer l'IUFM et devenir instit en maternelle. C'est une auto-censure sociale et politique, qui transparaissait aussi dans le fait qu'il rejetait a priori toute la philo moderne au profit des Grecs, croyant faire preuve d'élitisme alors que cela accusait en fait son complexe social et le déterminisme de la sélection scolaire. Il aurait pu aller plus loin. Des étudiants de notre groupe ont été au doctorat (souvent ceux, et particulièrement celles, du cours d'allemand, justement) sans que la différence de niveau ne soit flagrante. Indirectement c'est l'élimination (ou plutôt : le cantonnement dans une position subalterne car il a malgré tout intégré le système et vécu une promotion sociale) d'un fils d'ouvrier (et d'immigré) et l'annulation d'une chance d'intégrer le corps professoral (ou bien la recherche en sciences sociales) où sa différence aurait compté.

Donc voir traiter ce sujet dans une comédie pas idiote et digne m'a plu.
L'oeil sur le décorum et les rituels des concours (entre conservatisme et adaptation technologique) est aussi très juste. Et le film est drôle quand il faut.

Maintenant le film n'est pas parfait et un peu trop schématique (deux tunnels narratifs jouant uniquemement sur
le montage
) pour expédier le premier concours
ou le rabibochage trop rapide entre Lebghil et Lacoste qui remonte trop rapidement la pente pour être crédible, tout comme la prise d'assurance du personnage de Lebghil est trop soudaine. On sent que l'inconscient des Cousins de Chabrol a peut-être pesé et évité de développer plus les situations et psychologies
, personnage de la chinoise peu développé alors que c'est le seul contrechamp du film à l'univers des facs de médecine, qui, s'il est ici le cadre d'une fable politique, reste assez privilégié et hermétique, n'appelant pas forcément la reconnaissance ou l'identification) mais il n'est pas déshonnorant et tient la route face à Ressources Humaines de Cantet (déjà vieux mais défendu à l'époque par les Cahiers). La fin est aussi ambiguë. Car la générosité du gars empêche le sadisme du système plutôt qu'elle ne s'y oppose ( en vieillissant j'ai appris à douter de la vertu contestataire ou de l'exemplarité du sacrifice). Mais les deux personnages ont un parcours beau et significatif.
Le rapport aux parents (aux pères surtout) dans le film m'a particulièrement touché et est bien écrit et filmé. Il est rare d'amener cette amertume, sans outrance ni surtypage des caractères, dans une comédie.


Dernière édition par Gontrand le 16 Sep 2018, 11:26, édité 24 fois.

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MessagePosté: 16 Sep 2018, 08:14 
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Gontrand a écrit:
Pas mal. Le film m'a parlé car la personne qui était à côté de moi à la réunion de rentrée en fac (il y a plus de 20 ans) où on avait eu le laïus des profs sur la sélection en première année, est un ami qui ne m'a jamais lâché. Ce n'était pas en médecine mais en philo. Il venait d'une ZUP ouvrière de Calais, le premier de sa famille à étudier. On ne lui avait jamais expliqué ce qu'étaient les classes prépa ou Normale Sup avant qu'il ne débarque en fac. Il l'a découvert dans l'année. Lui (ni moi) n'y auraient forcément prétendus, mais connaître le fonctionnement du système et sa propre position en son sein aide à s'y repérer, et à y survivre. Résultat : bon étudiant et bosseur, il a néanmoins quitté le système en licence m, au moment où les recalés du concours de Normale, formés dans le moule très différent des prépas le rejoignaient. Il est parti deux ans à l'armée, pour reprendre et terminer ensuite la licence ailleurs (en trouvant sa femme) , puis finalement intégrer l'IUFM er devenir instit en maternelle. C'est une auto-censure sociale et politique, qui transparaissait aussi dans le fait qu'il rejetait a priori toute la philo moderne au profit des Grecs, croyant faire preuve d'élitisme alors que cela accusait en fait son complexe social et le déterminisme de la sélection scolaire. Il aurait pu aller plus loin. Des étudiants de notre groupe ont été au doctorat sans que la différence de niveau ne soit flagrante. Indirectement c'est l'élimination (ou plutôt : le cantonement dans une position subalterne car il a malgré tout intégré le système et vécu une promotion sociale) d'un fils d'ouvrier (et d'immigré) et l'annulation d'une chance d'intégrer le corps professoral (ou la recherche en sciences sociales) où sa différence aurait compté.

Donc voir traiter ce sujet dans une comédie pas idiote et digne m'a plu.

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MessagePosté: 16 Sep 2018, 10:30 
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Alabama a écrit:
Si t'as pas vu médecin de campagne, il est programmé ce dimanche à la télé.

C'est mon anniversaire, j'ai autre chose à foutre bordel !

12eme revision de The Greatest Showman voyons

_________________
Netflix les gars, Netflix.


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MessagePosté: 16 Sep 2018, 15:39 
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Le Cow-boy a écrit:
C'est mon anniversaire, j'ai autre chose à foutre bordel !


Bon anniversaiiiiiiiiiire.
Sois ravi, tu partages ta date avec ma mère et mon mariage :-)

Le Cow-boy a écrit:
12eme revision de The Greatest Showman voyons

<3
Très bon choix.
Un des 2 seuls HD-DVD que j'ai possédés de toute ma vie (eus en achetant un ordi portable Toshiba...). Quel beau support d'avenir... En plus il était complètement foiré, on a jamais pu revoir le film en entier.


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MessagePosté: 16 Sep 2018, 16:01 
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Alabama a écrit:
Quel beau support d'avenir...

Soit tu confonds The Greatest Showman et The Elephant Man, soit le HD DVD était effectivement un support d’avenir.


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MessagePosté: 16 Sep 2018, 16:06 
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Déjà-vu a écrit:
Alabama a écrit:
Quel beau support d'avenir...

Soit tu confonds The Greatest Showman et The Elephant Man, soit le HD DVD était effectivement un support d’avenir.



Non, c'est pire, je parlais du Prestige en fait (et je suis sobre...) !


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MessagePosté: 16 Sep 2018, 16:18 
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Alabama a écrit:
Non, c'est pire, je parlais du Prestige en fait (et je suis sobre...) !

Au contraire, il y a bien Hugh Jackman en homme de spectacle, c’est moins grave que de le confondre effectivement avec The Elephant Man, qui n’est pas le genre de film qu’on offre avec un lecteur.


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MessagePosté: 17 Sep 2018, 11:50 
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Gontrand a écrit:
Pas mal. Le film m'a parlé car la personne qui était à côté de moi à la réunion de rentrée en fac (il y a plus de 20 ans), pendant laquelle on avait eu le laïus des profs sur la sélection en première année, est un ami qui ne m'a jamais lâché. Ce n'était pas en médecine mais en philo. Je lui avait demandé, inquiet et craintif Tu crois qu'il faut quel niveau pour suivre le cours d'allemand ?, et il avait répondu Ecoute on n'y va pas pour commander un café, mais lire Goethe ou Kant dans le texte !. Je m'étais dit Putain il est vachement trapus. Plus tard (pas "bien plus tard", mais deux semaines plus tard), je me suis aperçu que l'on avait le même (non) niveau mais que l'on s'accrochait principalement parce que le cours était réputé plus sélectif que l'anglais (et les deux profs que l'on a eu en DEUG, une Française proche de la retraite puis une jeune monitrice allemande, qui donnait tout le cours en allemand l'avaient à la bonne). Je me souviens qu'à la pause (la pose en fait) on discutait avec la prof sur un sujet "relevé" et elle avait dit ...Thomas Mann je trouve qu'il peut parfois être assez chiant.... Puis lui (bon timing) s'était amené et dit Il paraît qu'à la fête de la bière à Munich on pisse tellement que la municipalité envisage de lever une taxe vespasienne, j'ai vu ça hier soir dans un reportage d'Arte ! , et la prof qui parlait 5 minutes plus tôt du Laocoon comme d'un vieux collègue à qui elle avait serré la pince a embrayé sur le sujet. L'année suivante avec la jeune il avait été encore plus habile : Vous savez que George Steiner vient donner une conférence jeudi mais que personne n'est au courant (c'est scandaleux n'est-ce-pas) ?. Tout le monde pose son stylo : comment il avait eu l'info (de fait la présence des étudiants de DEUG à ce type d'événement était fortement découragée) ?
Je m'accrochais grâce au néerlandais et mes parents avaient pu me payer un cours au Goethe Institut. Il venait d'une ZUP ouvrière de Calais, le premier de sa famille à étudier. On ne lui avait jamais expliqué ce qu'étaient les classes prépa ou Normale Sup avant qu'il ne débarque en fac. Il l'a découvert dans l'année. Lui (ni moi) n'y auraient forcément prétendu, mais connaître le fonctionnement du système et sa propre position en son sein aide à s'y repérer, et à y survivre. Résultat : bon étudiant et bosseur, il a néanmoins quitté le système en licence, au moment où ses notes s'amélioraient mais aussi quand les recalés du concours de Normale, formés dans le moule très différent des prépas, le rejoignaient. Il est parti deux ans à l'armée, pour reprendre et terminer ensuite la licence ailleurs (en trouvant sa femme) , puis finalement intégrer l'IUFM et devenir instit en maternelle. C'est une auto-censure sociale et politique, qui transparaissait aussi dans le fait qu'il rejetait a priori toute la philo moderne au profit des Grecs, croyant faire preuve d'élitisme alors que cela accusait en fait son complexe social et le déterminisme de la sélection scolaire. Il aurait pu aller plus loin. Des étudiants de notre groupe ont été au doctorat (souvent ceux, et particulièrement celles, du cours d'allemand, justement) sans que la différence de niveau ne soit flagrante. Indirectement c'est l'élimination (ou plutôt : le cantonnement dans une position subalterne car il a malgré tout intégré le système et vécu une promotion sociale) d'un fils d'ouvrier (et d'immigré) et l'annulation d'une chance d'intégrer le corps professoral (ou bien la recherche en sciences sociales) où sa différence aurait compté.

Donc voir traiter ce sujet dans une comédie pas idiote et digne m'a plu.
L'oeil sur le décorum et les rituels des concours (entre conservatisme et adaptation technologique) est aussi très juste. Et le film est drôle quand il faut.

Maintenant le film n'est pas parfait et un peu trop schématique (deux tunnels narratifs jouant uniquemement sur
le montage
) pour expédier le premier concours
ou le rabibochage trop rapide entre Lebghil et Lacoste qui remonte trop rapidement la pente pour être crédible, tout comme la prise d'assurance du personnage de Lebghil est trop soudaine. On sent que l'inconscient des Cousins de Chabrol a peut-être pesé et évité de développer plus les situations et psychologies
, personnage de la chinoise peu développé alors que c'est le seul contrechamp du film à l'univers des facs de médecine, qui, s'il est ici le cadre d'une fable politique, reste assez privilégié et hermétique, n'appelant pas forcément la reconnaissance ou l'identification) mais il n'est pas déshonnorant et tient la route face à Ressources Humaines de Cantet (déjà vieux mais défendu à l'époque par les Cahiers). La fin est aussi ambiguë. Car la générosité du gars empêche le sadisme du système plutôt qu'elle ne s'y oppose ( en vieillissant j'ai appris à douter de la vertu contestataire ou de l'exemplarité du sacrifice). Mais les deux personnages ont un parcours beau et significatif.
Le rapport aux parents (aux pères surtout) dans le film m'a particulièrement touché et est bien écrit et filmé. Il est rare d'amener cette amertume, sans outrance ni surtypage des caractères, dans une comédie.


Intéressant... sur la manière dont certains étudiants se retrouvent, ou se sentent, bloqués par le système des grandes écoles mais discutable d'un point de vue extérieur. D'abord pour l'analogie : peu à voir entre la philosophie, matière marginale, et la médecine mais où l'on rencontre néanmoins, je le concède, la même reproduction sociale. Qu'est-ce qui a failli si on lui avait jamais expliqué le système des classes prépa ou l'existence de Normale Sup ? Ses enseignants d'abord, qui s'il en avait les capacités, auraient dû l'orienter vers la prépa où il y a d'ailleurs beaucoup de fils de profs et de bourgeois, ce qui n'est pas un scoop, mais qui ne vont pas tous faire normal sup (c'est quoi, 100 places par an ?, Ulm et Lyon). Je me rends compte que le sujet est trop complexe pour être abordé en quelques lignes mais dans cette autocensure, il y a une forme de mauvaise foi, que tu lui prêtes sans doute. Faudrait voir ce qu'il en pense aujourd'hui.


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MessagePosté: 17 Sep 2018, 18:04 
Oui, la philo et la médecine sont éloignées (et les université à Lille et Strasbourg d'alors diffèrent de Paris Descartes du film maintenant), mais il y a quand-même de scènes dans le film assez réussies (les plus réalistes -concernant l'Université, pas la partie sur la famille où ce sont les plus amères- sont aussi les plus drôles) qui m'ont rappelé cette réalité (le gag avec l'achat des bouquins "hors-programme" qui donne un avantage concurrentiel supposé mirobolant, ou le passage du binôme ou "couple" d'étudiants à la révision en groupe -mixte- qui marche très mal et fait même dérailler un des deux dans une jalousie régressive ... ce sont des trucs bien vus).
Je n'ai pas fait mes études secondaires en France mais dans le public belge, du coup le film Première Année (d'ailleurs qui a l'air de trouver son public en Belgique ... cela ressemble au système belge sans l'être tout à fait) me semble peut-être d'autant plus révélateur des particularités françaises.


S'agissant de mon pote, son père et sa mère ignoraient tout du système des grandes écoles (son père est un O.S. algérien ayant vécu en Yougoslavie après la guerre de 1962, sa mère une femme de ménage française, si je ne me trompe pas). Seul le lycée pouvait lui expliquer cette réalité et les règles complètes du jeu, et il ne l'a pas fait.
En 1996-1999 on était alors loin de l'idée de créer des filières spécifiques à l'entrée des prépas (venues un peu plus tard à Science-Po, mais court-circuitant justement les prépas en lycée). Je ne dis pas que cela aurait marché pour lui, mais cela valait la peine d'essayer de rentrer un dossier, voire l'inciter à se rendre à ube journée portes ouvertes. Il y aurait eu assurément un choc social entre Calais et le Lycée Faidherbe à Lille (le seul de la région à offrir des prépas sérieuses).

Mon père vient aussi d'un milieu ouvrier, mais qui a connu une promotion sociale collective dans les années 60, était obsédé par la trinité (qu'il n'avait pas faite) "Polytechnique-Centrale-Ecole des Mines - autres écoles" (l'Université n'existait même pas dand cette représentation symbolique ... à la différence de la médecine ou la sélection est interne à l'Université) et nous bassinait (avec des conséquences je dois dire qui n'ont pas été géniales) avec cela (il est vrai qu'il raconte que sa mère ne comprenait rien non plus à ce truc et l'a orienté par accident sur un concours assez sélectif qu'il a réussi en pensant qu'il n'y aurait qu'un seul reçu).

Pour lui étudier les lettres c'était forcément faire Normale. Boris Vian était un poète centralien (donc un poète sérieux et approuvé par le système dans son anticonformisme).

Ce qui est assez étonnant c'est que mon pote a entretenu (encore récemment) une correspondance avec son prof de philo du lycée de Calais (qui a traduit quelques textes de stoïciens du grec vers le français qui ont, je me trompe peut-être je suis pas tout à fait sûr, été publiés chez des éditeurs genre Vrin ou les Belles Lettres...une partie de son dédain pour la philo contemporaine vient probablement d'une émulation -sans doute mal comprise- ou d'un transfert envers ce professeur particulier), et que celui-ci n'a pas pris la peine de le mettre au courant du système.
Il a aussi quitté la fac quand le milieux plus bourgeois (et plus concurrentiel, mais par ailleurs parfois plus ouvert et franc sur la sélection, et souvent plus apte à relier politiquement sa propre situation aux références théoriques sur lesquelles nous devions travailler... je veux dire que ce n'étaient pas des "ennemis de classe") des étudiants en prépa y arrivait.

Bien-sûr dans le décrochage il y a des raisons plus personnelles et confuses qui ont joué, et la problématique sociale n'explique pas tout.
Ni lui ni moi n'étions sans doute fait pour être profs de philo en lycée, qui était le seul débouché réaliste, on faisait semblant de se projeter dans cette réalité, donc pas de regrets. Mais d'un autre côté rien n'était fait pour nous inciter de l'intérieur de la fac vers une filière recherche (certes la licence marque un cap à cet égard, en Belgique aussi, et on a décroché juste à ce moment, sur des bases non liées aux résultats).

Ceci dit, ce qui l'a définitivement démoralisé c'est de passer trois mois dans une chambre en licence de la cité U de Lille 1 de l'époque, qui était vraiment déglinguée et isolée de la ville, au bout du métro [en France depuis 1968 les facs sont en banlieue, ce n'était pas le cas avant] (alors que chez ses parents il arrivait à être un bon étudiant, même s'il se plaignait alors de partager une chambre avec son frère, et pouvait cumuler job de cafetier chez de la famille et études).
En 2007, j'ai passé deux semaines dans une cité U pourrie à Reims pour terminer ma propre licence (pendant une session d'examen) et je comprends ce qu'il a enduré (et aussi peut-être Didier Eribon, passé par la même fac). Après j'ai fait des études à distance dans un autre domaine, et passais pas des IBIS budget ou des appart-hôtels que je pouvais me payer, c'était le jour et la nuit.


Dernière édition par Gontrand le 18 Sep 2018, 07:50, édité 3 fois.

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MessagePosté: 17 Sep 2018, 20:10 
son prof de lycée était normalien, spécialiste de Spinoza et des sceptiques ainsi que responsable (plus tard) d'une collection aux PUF


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MessagePosté: 19 Sep 2018, 10:01 
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J'ai aimé le côté monomaniaque est centré du film. Il aurait été facile de se disperser dans des sous-intrigues inutiles typiquement françaises du genre "Ma soeur est malade mais je vais jamais la voir" pour montrer l'obsession estudiantine des deux jeunes gens, mais il n'en est rien. Les parents sont là, mais ils sont finalement assez peu caractérisés, un peu évanescents - y a plein de gens dans ce film dont je comprend même pas exactement qui ils sont censés être. En plus, ils sont joués par des inconnus et pas par Thierry Lhermitte ("Bouleversant en père médecin distant") ou Marie-Josée Croze.
En fait c'est une sorte de film-wiki de la première année de médecine, et j'ai aimé cette approche.

Le film est en plus parsemé de saynètes super, type la vieille qui distribue les fascicules - qui ont peut-être changé ou peut-être pas - ou le proche qui taxe un pain au chocolat. Savoureux.

Enfin, c'est un de ces rares films où la figuration joue un vrai rôle. J'ai même pensé à DUNKERQUE car on retrouve la même volonté de raconter l'histoire par les figurants, par les mouvements de foule. Impressionnant.

Et j'ajouterai que voir toutes ces figurantes minettes super mimi qui peuplent les plans n'enlève rien au plaisir... hmmm....

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MessagePosté: 19 Sep 2018, 10:39 
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