Forum de FilmDeCulte

J’adore le titre. Il est tellement parfait que c’est à se demander si c’est pas le titre qui vous a donné envie de faire le film.

Sinon c’est dispo dimanche inclus ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

D'où tu as vu que le doc était à charge ? Il y a un discours critique, mais le regard reste bienveillant.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Envers les étudiants. Je serais moins catégorique quant à leurs enseignants. Et à cause de ce que je relevais précédemment, l'absence de contexte a également perturbé ma perception de ces jeunes gens, dont je n'arrivais pas à définir leurs compétences. J'ai plusieurs fois eu des doutes sur le fait qu'ils aient suivi une quelconque formation de journaliste, ce qui me laissait l'impression qu'ils étaient avant tout attirés par un boulot qui leur apporterait une certaine notoriété. Mais oui ils sont tout de même filmés avec bienveillance, on les sent hésitant, perdus, bosseurs à répéter à l'envi leur même brève, les réalisateurs réussissent à nous les rendre attachant.

Pour le reste, Baptiste parlait de déontologie, mais finalement ça n'est jamais abordé avant la table ronde post attentat du Bataclan. Avant, au lieu de formation on a plutôt droit à du formatage, où la nature de l'information qui est donnée est moins importante que l’intonation sur laquelle elle est prononcée (pour retenir l'auditeur/client) et que cette information soit délivrée dans le temps imparti (ce qui la réduit à un statut marchand pas très éloigné d'une quelconque publicité). C'est pour ça que je dis que le film est à charge, parce qu'on ressent cette volonté de formater ces étudiants dès le départ, que le message que veulent faire passer Meunier/Magnier est que la compétition entre les chaines d'infos en continue et les radios a totalement perverti ce pan de l'information, qui se réduit à des batailles marketing (cette horrible anecdote sur le JT de TF1 qui use de la caméra subjective pour que ses spectateurs soient dans la peau d'un mec qui se jette d'une fenêtre) et d'audience, impression renforcé par les choix du montage (débuter par la longue phase de formatage pour basculer sur la prise de conscience post-attentat). Le film est à charge sur l'état actuel de l'information télévisuelle et radiophonique, mais se clôt sur l'espoir que cela pourrait peut-être évolué positivement (ce dont je doute).

Je suis d'accord que cette dimension existe, mais ça m'a moins semblé à charge qu'une simple monstration du truc, avec un regard de la caméra très neutre, très bienveillant (même envers les profs, qui s'ils sont parfois antipathiques, ne le sont que par leurs propos, pas à cause de ce qu'en font le filmage et le montage). Bien sûr, le film raconte quelque chose sur la façon dont le journalisme conçoit l'info et l'actualité, mais ça m'a paru très discret, et j'ai justement eu la sensation que les réalisateurs nous laissaient tirer nos propres conclusions (contrairement, donc, à la caméra de TF1 qui déforme).

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Que Meunier et Maignant fassent confiance à l'intelligence de leur spectateur (à l'inverse des chaines d'infos en continu) est l'une des plus grande qualité de leur film. Ça peut sembler con, mais c'est malheureusement trop rare.

Sinon, le truc qui m'aura probablement le plus étonné dans leur film, c'est de ne pas avoir vu QGJ dans la séquence face au Bataclan. Je ne sais pas pourquoi mais je m'attendais à ce qu'il apparaisse à tout instant.

D'abord merci de prendre du temps pour voir le film et venir en parler ici.
Pour ce qui est du contexte, on pense qu'il n'y a pas vraiment besoin d'en savoir plus que ce qu'on voit. C'est une grande école, le CFJ, et la plupart des étudiants n'y connaissent rien puisque c'est leur première année. La première scène pose ça, c'est la première fois qu'ils parlent dans un micro, ils n'ont souvent jamais bossé en rédaction ni écrit une brève avant d'entrer à l'école. Quasi aucune formation avant (ce qui est logique quelque part, ils sont jeunes, ils commencent).

Pour ce qui est d'un film à charge, disons qu'on ne charge pas (aucun effet ne vient rajouter une couche artificielle à ce qu'on montre), mais le regard est construit, on articule des moments choisis, et effectivement la prédominance de la forme et la manière de dire l'info sur son contenu nous a frappé et on a travaillé sur cette idée.

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Pré Carré

lol.
Oui, l'intelligence du spectateur, effectivement c'est pas une idée neuve, mais face à l'obsession de certains profs à attraper l'attention du spectateur/auditeur, cette idée d'être dans des effets d'annonce et du storytelling constant, on a eu envie de se placer à l'inverse de ça, de défendre une autre idée d'un rapport à ceux à qui on s'adresse.

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Pré Carré

C'est effectivement ce qu'explique Guillaume dans le démontage, qui est par ailleurs passionnant, je conseille à tout ceux qui ont vu le film d'enchainer dessus (mais du coup ça fait un film de quasi 2h30). Si pendant les 40 premières minutes je n'ai été que conforté dans l'impression que j'ai eu hier soir en visionnant le doc, les 30 dernières minutes sont très riches, approfondissent un peu plus l'aspect théorique (toute la discussion au sujet de la séquence coupée au Bataclan), ça m'a donné envie de revoir votre film. Par contre je serais curieux de voir le premier montage de 2 heures, où la phase d'apprentissage/formatage est encore plus longue (de manière à ce que l'épuisement des étudiants soit encore plus communiquée au spectateur). Et sinon votre monteur qu'est-ce qu'il parle, à croire que vous étiez trois à la réalisation et non deux !

Sinon pour ce qui est de la diffusion, il y a une sortie salle de prévue ?

Le monteur dans ce genre de film c'est crucial, c'est au montage où beaucoup de choses se décident et s'écrivent pour nous. C'est pour ça qu'on a pris Guillaume au montage, parce qu'on voulait un monteur qui puisse nous faire des propositions, et on voulait pouvoir réinventer les choses au montage avec quelqu'un qui avait un regard neuf. Du coup Guillaume a participé à la plupart des décisions de montage, il est au courant de toutes nos réflexions et il peut témoigner des raisons de toutes nos décisions. Et en plus c'est un bavard, du coup il parle beaucoup.
(Pour que ce soit clair, Guillaume c'est celui du milieu, Sébastien c'est le taiseux à sa droite et moi c'est le pull noir à sa gauche).

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Pré Carré

C'est tout à fait clair, Guillaume je l'ai vu lors de la projection de son film au Luminor, et il est captivant à écouter (vous aussi hein).

C'est tellement toi le plus bavard ! ...

Entretien passionnant, effectivement. Vous êtes précis, très généreux, vous parlez merveilleusement bien du film, des ressorts, des pistes abandonnées, et plusieurs de vos réflexions m'ont beaucoup apporté.

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I think we're gonna need a helmet.

Je suis assez d'accord avec Lohmann et Baptiste il y a quelque chose d'un peu gênant, voire même malhonnête, dans le postulat du film. Vous parlez d'une école de journalisme, or là on est dans une formation de "présentateurs radios/tv" ça me semble quand même assez différent (et je dis ça, sans rien connaître de la formation des journalistes mais j'imagine sans mal que ce n'est pas ça du tout) et du coup effectivement très rapidement on voit que le regard est quand même assez à charge sur ces étudiants un peu ridicules (et globalement tous incroyablement nuls) qui ne s'intéressent pas à ce qu'ils disent mais uniquement sur comment ils le disent et comment ils sont perçus, dans quelque chose d'assez indécent (notamment tout le passage sur les migrants).

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CroqAnimement votre

Bah si c'est ce que l'école leur propose d'emblée...

Je trouve ça fou d'ailleurs, tout le passage sur l'attentat d'Ankara... Les conseils de la prof, qui leur transmet l'inquiétude que le spectateur zappe, ne comprenne pas, soit distrait, n'en ait rien à foutre. La meuf t'apprend non pas le journalisme, mais comment achalander le client sur le marché ! ... Alors que bordel, c'est pas du tout leur métier ! ... Ce n'est pas au journaliste, à son niveau, de se soucier de l'audience de son média. Moi ça m'a mis en rogne.

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I think we're gonna need a helmet.

C'est ce que j'ai compris aussi avec la vidéo démontage, les élèves (la plupart) ont fait Science Po avant, et pouf bascule là-dedans. Les cours de déontologie c'est à eux de se les faire sur le tas (ou pas, c'est peut être d'ailleurs l'option que les enseignants favoriseraient).