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MessagePosté: 30 Jan 2020, 12:38 
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Art Core a écrit:
Bon j'arrête Les furtifs de Damasio après 400 pages, trois mois que je me force à essayer de le finir (en entrecoupant avec d'autres bouquins) mais j'y arrive pas.

Le début est excellent (la première scène est une merveille) et le bouquin fourmille d'idées brillantes en premier lieu le lieu de l'action à Orange :shock: (mais ça a un vrai sens) et l'univers décrit par Damasio s'il n'est pas original (dystopie capitaliste où l'espace public devient propriété de marques, ségrégation de la population en clients basiques ou premium etc...) paraît tristement crédible et pas si exagéré que ça. J'ai retrouvé comme dans La horde du contrevent des scènes d'action assez dingues et des concepts vraiment cools et funs (la prise d'assaut épique d'un immeuble ou encore ce groupe de rebelles qui ne se déplacent que de toits en toits sans jamais toucher le sol).

Mais le problème du roman est double. D'un côté il est d'une affreuse lourdeur en permanence. Damiaso en fait tout simplement trop que ce soit dans la description du deuil de parents dont l'enfant a disparu (c'est d'un pathos sérieux), que ce soit dans son discours politique (du Black Mirror puissance 1000 avec des scènes de dialogues d'une naïveté où il enfonce des portes ouvertes) ou que ce soit plus simplement dans la colonne vertébrale de son récit ultra casse-couilles (ce truc des furtifs qui après 400 pages est toujours aussi abscons, une vraie idée poétique, des êtres musicaux mais putain ça va où ? Ça raconte quoi ? Ça sert à quoi ?). Et le récit n'avance tout simplement pas, on fait du surplace pendant des centaines de pages, on recherche une enfant disparu en discutant pendant trente pages de la signification d'un symbole laissé sur le mur. Il y a des pages où on se rapproche d'une littérature expérimentale qui joue avec les mots qui me sont littéralement tombées des mains (= que j'ai zappé).

Ça rejoint le deuxième problème du roman qui est sa langue, sa prose. En fait Damasio (et c'est super décevant) copie/colle son système de La horde en faisant parler différents personnages et en adaptant le niveau de langage en fonction de qui ils sont (et en leur associant un symbole de ponctuation comme dans La horde). Ainsi on a une espèce militaire argentin qui parle avec plein de mots espagnols qui viennent s'insérer ici où là, ou des personnages hyper calés sur un sujet (le son par exemple) qui vont avoir un langage hyper pointu et technique mais il introduit après 200 pages une espèce de jeune mec un peu rebelle qui fume des gros joints et le fait parler avec un langage de jeune absolument INSUPPORTABLE. C'est à s'arracher les yeux tellement c'est ridicule, bordel de merde, c'est un mélange d'argots prétendument contemporain avec des mots anglais, du parler gitan (marave, latchave etc...), des néologismes mongols etc... Chaque phrase de ce mec te donne envie de jeter le bouquin par la fenêtre et j'exagère même pas. Surtout qu'il devient un personnage central parce que pas impliqué dans le récit dont une espèce de narrateur qui regarde les autres persos avec une certaine distance.

On sait que Damasio est passionné par les mots, par la langue, qu'il adore jouer avec ça et que le langage est sans doute la matière première de son roman. Mais c'est raté, c'est abrasif, irritant, ça te sort en permanence du roman et pire que tout ça le vulgarise terriblement, ça le rend tristement puéril comme si un vieux essayait de parler jeune avec des clins d'oeil. C'est horrible.

Comme je l'ai lu ailleurs c'est vraiment un mélange raté de ses deux premiers romans, tout était déjà là dans La Zone du Dehors pour tout ce qui est politique et La Horde pour la construction du livre, pour l'idée du groupe et pour certaines scènes un peu épiques. Une fois de plus fois assez étonné du consensus critique sur le roman qui, je le répète, est parfois passionnant et brillant mais bordel le pavé qui te reste sur l'estomac... Grosse déception (et je vais revendre le bouquin).


Tout pareil. Mais j'ai réussi à finir le livre, qui est une corvée dans son dernier tiers... Je retiens le premier tiers, dynamique, inventif et quelques passages par ci par là (la fuite du trio), mais qui ne resteront pas gravés dans ma mémoire comme certains de La Horde. Par contre, j'ai vraiment bien aimé le jeu sur le langage de Trishka, très frais.
Pour le reste, c'est très pataud, naïf et un peu con des fois : une phrase - de mémoire - teubé : "Il faisait bon en ce mois d'avril, au moins quelque chose que nous a apporté le réchauffement climatique". Gné ?


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MessagePosté: 30 Jan 2020, 17:20 
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Dernière édition par Razheem L'insensé le 04 Avr 2020, 16:50, édité 2 fois.

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MessagePosté: 30 Jan 2020, 17:23 
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oncletom a écrit:
Art Core a écrit:
Bon j'arrête Les furtifs de Damasio après 400 pages, trois mois que je me force à essayer de le finir (en entrecoupant avec d'autres bouquins) mais j'y arrive pas.
[...]

Comme je l'ai lu ailleurs c'est vraiment un mélange raté de ses deux premiers romans, tout était déjà là dans La Zone du Dehors pour tout ce qui est politique et La Horde pour la construction du livre, pour l'idée du groupe et pour certaines scènes un peu épiques. Une fois de plus fois assez étonné du consensus critique sur le roman qui, je le répète, est parfois passionnant et brillant mais bordel le pavé qui te reste sur l'estomac... Grosse déception (et je vais revendre le bouquin).


Tout pareil. Mais j'ai réussi à finir le livre, qui est une corvée dans son dernier tiers... Je retiens le premier tiers, dynamique, inventif et quelques passages par ci par là (la fuite du trio), mais qui ne resteront pas gravés dans ma mémoire comme certains de La Horde. Par contre, j'ai vraiment bien aimé le jeu sur le langage de Trishka, très frais.
Pour le reste, c'est très pataud, naïf et un peu con des fois : une phrase - de mémoire - teubé : "Il faisait bon en ce mois d'avril, au moins quelque chose que nous a apporté le réchauffement climatique". Gné ?


Putain ça me rassure, je suis pareil depuis le mois d'août.
Là je suis au dernier tiers, et j'arrive pas à le finir. Même au bout de 400 pages il est encore à décrire des concepts de communes/ZAD, c'est insupportable.
Et le deuil des parents à n'en plus finir, ce pathos dégoulinant, j'en peux plus.

Vraiment dommage parce qu'il y a de vrais concepts forts et intéressants, mais ça fait beaucoup trop de surplace et de digressions pour captiver comme La Horde.

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MessagePosté: 30 Jan 2020, 20:44 
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"Sans mes filles, il n'y aurait pas Les Furtifs." Damasio sur Lepoint.fr.
J'ai une fille de 8 mois et je pourrais m'identifier à fond, mais en fait pas du tout. C'est effectivement dégoulinant et parfois insupportable.
Faire des gosses, ça rend mou.


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MessagePosté: 30 Mar 2020, 09:19 
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Baptiste a écrit:

La Main gauche de la nuit - Ursula Le Guin

J'en connais peu certes, mais là c'est le très haut du panier.


Tiens Baptiste j'ai pensé à toi, je suis en train de lire Le Langage de la Nuit, qui compile plusieurs textes de Le Guin dans lesquels elle aborde et théorise son art. Ca se trouve en Poche, c'est pas très long et c'est très bien pour prendre un peu de recul sur la SF et la Fantasy. Je souscrit parfaitement à sa vision des choses, et ça permet de voir à quel point du chemin a été fait pour arriver à ce que l'on considère comme acquis (en gros, elle considère que la Fantasy et la SF sont des moyens d'explorer notre subconscient et de parler le plus justement du monde).


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MessagePosté: 04 Avr 2020, 11:50 
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Cool! Oui la SF a bien besoin d'auteurs comme elle, qui crédibilisent le genre par rapport à la littérature "blanche", parce qu'il y a aussi pas mal de boulets (je vous ai épargné les comptes-rendus de lectures pénibles comme La Terre fracturée de Jemisin où clairement les ingrédients de littérature jeunesse sont trop voyants, dans la continuité de ce que je disais à propos de Trop semblable à l'éclair).


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MessagePosté: 04 Avr 2020, 11:53 
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90% de la SF et de la fantasy, c'est écrit par des gens qui ont 14 ans dans leur tête. Et Dieu sait si j'aime le genre, pourtant.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


Dernière édition par Castorp le 04 Avr 2020, 12:01, édité 1 fois.

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MessagePosté: 04 Avr 2020, 11:56 
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Je commence à souscrire à ton avis. Je n'ai jamais été en désaccord d'ailleurs, juste que j'en avais pas lu assez. Je vais essayer de mieux identifier mes lectures SF en arrêtant de me fier à la hype, et pour le reste lire d'autres littératures (je lis en ce moment Quartier perdu de Modiano, un bonheur).


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MessagePosté: 04 Avr 2020, 16:41 
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Castorp a écrit:
90% de la SF et de la fantasy, c'est écrit par des gens qui ont 14 ans dans leur tête. Et Dieu sait si j'aime le genre, pourtant.


C'te mépris de haut-vol.


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MessagePosté: 04 Avr 2020, 16:48 
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Sir Flashball
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Quel mépris ? C'est la réalité.
90 % de la SF et de la fantasy, ce sont des fantasmes d'ado mal digérés.

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MessagePosté: 06 Avr 2020, 11:15 
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Un de mes frères m'a parlé d'Ecotopia d'Ernest Callenbach (France-Culture en a parlé la semaine passée), une fiction qui tourne autour de la décroissance. Est-ce que c'est considéré comme de la S.F et cela vaut la peine ?

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 07 Avr 2020, 09:49 
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Tiens, ça m'intéresse aussi, la SF écolo. Castorp?


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MessagePosté: 07 Avr 2020, 11:01 
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Sir Flashball
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Je crois pas en avoir lu de la bonne.
Le truc le plus proche que je te conseillerais, c'est The Genocides, de Thomas M. Disch, qui est une bombe, mais aussi l'un des bouquins les plus déprimants du monde.

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MessagePosté: 07 Avr 2020, 22:58 
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Le Monde Vert (Hothouse) d'Aldiss est plutôt chouette dans le trip écolo, enfin c'est pas vraiment vendu comme tel, mais ça parle vraiment en fond de la place de l'humain dans la nature et la puissance de cette dernière.

Sinon, Demain les Chiens de Simak a des trucs qui parlent un peu de l'effondrement aussi.

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MessagePosté: 07 Avr 2020, 23:54 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Il y a The Drought de Ballard qui est aussi marquant (mais c'est plutôt de l'anticipation).
Je crois aussi que les Chroniques Martiennes sont travaillées par une sensibilité écologique, même si c'est à la fois fondateur et indirect

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Erving Goffman


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