Forum de FilmDeCulte

Voilà mais je ne vous invite pas à aller voir ce Proxima, je ne vous veux pas de mal.

Certes mais je tique un peu sur l'idée de reprocher à un personnage de cinéma son manque de professionnalisme.
On sait tous que Patterson est un mauvais chauffeur de bus et Walter Neff un assureur peu scrupuleux. Le but du cinéma est ailleurs, on ne va pas voir ces films pour passer le permis de conduire ou d'inscrire à pôle-emploi.
C'est d'ailleurs une différence entre le cinéma et les séries où le professionnalisme des personnages est l'élément principal de l'intrigue (même dans des fresques supposées réalistes comme the Wire).

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Pire moment du film.

Sur le hide de Lohmann, c'est que surtout tout le long tu as un film ultra ancré dans le réel et là soudain une grosse coupure de style qui ne fonctionne tout simplement pas. Il y a un énorme décalage, une rupture qui ne passe pas à l'écran et confine effectivement au grotesque.

Ce qu'ils veulent dire, c'est qu'avec un peu de mauvaise foi, il est facile de sortir de la séance de ce film et de se dire "les femmes dans l'espace, quelle erreur", tant le personnage d'Eva Green fait n'importe quoi à deux reprises à cause de sa fille.
En soi ce n'est pas un mal que le personnage fasse des erreurs (au delà du manque de crédibilité de la fuite de la quarantaine), mais si le propos est de rendre hommage aux femmes cosmonautes, c'est un peu gênant.

Autre remarque : Eva Green reproche à Matt Dillon son manque d'empathie pour sa situation de mère, pendant que lui a sa femme qui s'occupe des enfants. C'est censé plaider sa cause, alors qu'elle a aussi son ex compagnon pour s'occuper de sa fille pendant sa préparation et son séjour dans l'espace.
Ils sont à égalité sur ce plan, et du coup on ne comprend pas bien en quoi le fait qu'elle soit une femme change quoi que ce soit dans la préparation (sauf menstruations).

Disons que je suis un peu inquiet de lire un raisonnement reposant sur l'idée que si le manque de professionalisme d'une personnage de fiction est peu crédible et relève d'une facilité d'écriture, l'hyper-professionalisme le serait moins et créerait un effet de réalité plus fort. Il me semble qu'il y a là une forme d'intériorisation particulièrement poussée du darwinisme social.
Si on prend la Modification de Butor, tiens, il est évident que le côté "super-vendeur" de machine à écrire du personnage central est complètement incroyable et tire le roman vers une forme de satire de la bourgeoisie (comment peut-on être à la fois Séraphin Lampion, Casanova et André Chastel ?) plus forte que les Choses de Perec qui met en scène un couple sans doute moins efficace au travail (et est d'ailleurs autobiographique).

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Pour prendre une comparaison avec un autre film féministe, ce qui m'a rendu la vision de Portrait de Jeune Fille en feu insupportable, c'est que personne ne doute du talent techique de la peintre (qui renforce son côté "outsider" généreux et devient une valeur : les personnages et les spectateurs sont mis sur le même plan, priés d'y crorie de la même manière). Du coup le film devenait complètement programmatique et les personnages desséchés (le tableau n'avait par ailleurs aucune valeur esthétique pour personne, en tout cas beaucoup moins que la pose du modèle, il devenait pareil aux photomatons que se font les amoureux, d'où un anachronisme gênant).

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Dans Paterson, on a un bon conducteur de bus mais un mauvais poète cela dit.

Oui, il s'en sort pas mal, il est régulier, gère bien l'urgence, poli avec les clients et les supérieurs... : quel grand film !

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Erving Goffman

Je me souviens - vaguement - que tu avais - peut-être - surinterprété l'épisode de la panne.
Cela dit, tu cites en exemple le conducteur de bus de Paterson, qui en réalité est tout autant poète, ou la peintre du film de Sciamma, alors qu'on fait habituellement une délimitation en ce qui concerne le professionnalisme entre n'importe quel métier et l'art, au nom d'une conception romantique avec laquelle je ne suis pas forcément d'accord. Les films de fiction les plus habiles sur le génie artistique sont évidemment ceux qui évoquent sans la présenter aux spectateurs les oeuvres de l'artiste (dans Henry Fool par exemple, on a un poète qui est censé être génial sans avoir accès à une ligne de ses poèmes). L'oeuvre de Hawks, fréquemment un éloge du professionnalisme n'est d'ailleurs pas concerné par l'art, mais cet éloge est la ligne de force de sa filmographie. Je suis d'accord avec toi pour dire que ce n'est pas forcément une fin en soi pour d'autres films et que si d'aventure Proxima est mauvais, ce n'en est sans doute qu'une des raisons périphériques.

Si on avait ça à la RATP et à la SNCF.

Mais justement, à coté du manque de profetionalisme d'Eva Green lorsqu'elle mêle sa vie de famille à son métier, la réalisatrice nous la montre en golgoth qui passe toutes les épreuves physiques sans faillir (contrairement à Mattt Dillon) pour compenser le reste et sauver les apparences de son message féministe. Ça ne marche pas, je vois trop les intentions derrières.

trop tard j'en pleure

J'avais raté cette phrase facepalmesque .

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CroqAnimement votre

Ben c'est Abyssin, qu'est-ce que tu veux.

Abyssin, c'est le tonton gênant de nos dîners avec 20 ans de moins et un diplôme dans la finance.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."