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MessagePosté: 02 Juin 2021, 18:46 
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Nelly, huit ans, vient de perdre sa grand-mère bien-aimée. Ses parents nettoient la maison de cette dernière. Nelly explore la maison et les bois environnants où sa mère, Marion, avait l'habitude de jouer et où elle a construit la cabane dans l'arbre dont Nelly a tant entendu parler. Un jour, sa mère part soudainement. C'est alors que Nelly rencontre une fille de son âge dans les bois, en train de construire une cabane dans l'arbre. Elle s'appelle Marion.


Bon déjà, ça dure 1H12 mais c'est vraiment la bonne durée pour cette histoire minimaliste. On sent pas passer le temps, pas de gras. Plus, le film aurait fait du surplace. Après Portrait de la jeune fille en feu qui m'a beaucoup ému, on a là un film tout aussi intimiste mais plus petit et moins ambitieux à mon sens. Ce qui frappe tout d'abord, comme dans Tomboy, c'est la justesse de jeu des enfants. Sans surprise, Sciamma les dirige à la perfection et les deux petites jumelles sont craquantes à l'écran.

Et puis il y a évidemment le regard de Sciamma qui fait mouche. Elle a vraiment un style tout de suite reconnaissable. Assez précieux à mon sens, j'aime beaucoup ici la manière dont elle observe ses personnages, fait avancer l'histoire et sa mise en scène discrète mais élégante. Il y a en plus ici un côté presque zen qui rend la vision de ce film-épure reposante. Bref, au bout de quelques minutes dans la salle, on se sent dans ses chaussons, comme chez nous dans le dernier Sciamma.

Et puis c'est tout. Le résultat n'est pas désagréable (bien au contraire) mais ce que je trouve triste c'est que finalement Sciamma exploite peu son concept fantastique. C'est exactement le type de fausse bonne idée, intéressante a priori, mais qui finalement n'accouche pas de grand chose. Je reste un peu circonspect de quelques critiques presse qui vendent ça comme un grand film sur la transmission. Bof. Comme je le répète, c'est pas du tout désagréable à mater, il y a quelques beaux moments de poésie, les fans de Sciamma vont apprécier mais ça reste un peu petit par rapport aux autres films de la cinéaste. Ca manque clairement de profondeur.

3,5/6


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MessagePosté: 02 Juin 2021, 19:13 
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Je n'avais pas lu la critique, ça a juste bugué.


Dernière édition par bmntmp le 02 Juin 2021, 22:53, édité 1 fois.

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MessagePosté: 02 Juin 2021, 19:18 
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MessagePosté: 04 Juin 2021, 21:05 
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Je connaissais le pitch donc même si je n'ai pas "regardé ma montre" avant que le postulat ne soit amorcé, je l'ai fait quand il est donné et ça prend bien 25 minutes. Ce qui précède n'est jamais chiant et même déjà touchant (la scène dans la voiture où la fille nourrit la mère) mais le film prend tout de même un peu ses aises dans l'exposition pour une durée totale d'1h12.

Les actrices amatrices ont ce quelque chose de juste mais aussi un jeu inexpressif qui tend presque à l'angoisse et surligne l'aspect un peu taiseux, éteint du film. Et j'ai eu peur que, suivant sur cette lancée, le film reste dans l'évitement du genre complet et se contente d'être une fable métaphorique un peu satisfaite d'elle-même.

Fort heureusement, le dernier tiers, qui assume, où ça sourit enfin, est salutaire et accouche de cette fin très jolie.
Après, c'est très mignon mais ça reste quand même un court métrage étiré hein... Les plus cléments diront "petit film" mais la vérité est que ça aurait tenu en 35 minutes.

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MessagePosté: 07 Juin 2021, 09:08 
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Robot in Disguise
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J'ai apprécié l'épure du film, son dénuement, dès son "Au revoir" programmatique. Ces deux petites filles avec leur code couleur (bleu et rouge), leurs petites poses statiques dans leurs anoraks bouffis, ça donne un côté animation très poétique et innocent.

Le hic, c'est ce jeu d'acteur rentré et parfois robotique. Ça m'a rappelé ce que j'avais pas trop aimé dans NAISSANCE DES PIEUVRES, cette approche figée et presque morte par moment. Comme dit Bob, lorsqu'elles rigolent vers la fin tout de suite on se sent mieux, on a l'impression enfin de voir de vrais enfants. Mais avant ça, le parti-pris "haïku" sur lequel mise Sciamma pour faire ressortir l'émotion en filigrane se retourne contre le film et l'assomme.
Là où ça marche le mieux c'est dans la brève scène au lit entre les deux filles: là, le texte est suffisamment fort pour transpercer l'armure de ce jeu verrouillé. Mais ce qui fait mal c'est juste après on a la séquence en musique avec ce superbe morceau, et on vibre comme jamais on a vibré avant: pourquoi ? Grâce à la zik. Par effet de contraste, ça rappelle à quel point ce qui précède me semble trop tenu.

Bon, j'accentue surtout le négatif mais j'ai quand même apprécié. Notamment d'ailleurs le casting des adultes. Ils sont eux aussi trop retenus, mais par exemple lorsqu'on est sur le point de découvrir le visage de la grand-mère, je flippais de l'actrice sur-castée. Mais non, jusqu'au bout Sciamma reste humble, elle ne veut pas distraire de sa ligne claire, elle assume son film-miniature.

En tout cas sympa comme double programme après avoir revu FIELD OF DREAMS.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 14 Juin 2021, 09:06 
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J'ai eu assez peur au début parce que le film a des airs de "premier film" avec sa mise en scène minimaliste toute verrouillée en plans fixes et surtout ce casting qui joue assez mal des dialogues pas du tout naturels (notamment le père même si ça s'arrange par la suite). Mais peu à peu le conte se révèle dans toute sa simplicité et tisse quand même quelque chose de très beau à la fois dans la relation mère/fille mais aussi dans une espèce d'ode à l'amitié enfantine (et de manière assez subtil aussi, le film m'a paru être un commentaire sur la solitude des enfants uniques). Mais je suis d'accord, c'est dommage que Sciamma se complaise un peu trop dans un posture distante et se refuse à filmer l'enfance dans ce qu'elle a de plus spontanée et désinvolte. Cela se ressent surtout dans le jeu des deux petites filles, qui pour moi est l'échec le plus patent du film. Elles jouent mal parce qu'elles sont mal dirigées, on leur a sans doute dit d'essayer de jouer sans passion le plus platement possible et ça donne un résultat maladroit, un peu bressonnien mais qui sonne faux plus qu'autre chose. Je trouve ça vraiment dommage, c'est un peu rédhibitoire pour l'émotion qui ne pointe pas comme elle devrait ou à de trop rares moments (cette discussion sur le lit qui rappelle une autre discussion sur un lit bouleversante, celle de Bande de filles).
Heureusement la dernière partie décolle un peu, modestement, à l'image du film avec ces scènes où l'enfance bat enfin son plein (les crêpes, la fuite sur le lac) avec comme le dit QGJ la musique qui vient enfin nous soulever un peu l'âme et donner de l'ampleur à tout ça. Et la dernière scène est très belle. Magnifique photo de Claire Mathon une fois de plus sinon.

Projet assez curieux quand même, comme une régression volontaire de Sciamma. Un film positivement régressif, vers l'enfance, vers le foyer, vers la mère. Beau et touchant mais ça reste un peu léger.

4/6

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MessagePosté: 14 Juin 2021, 09:29 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Pareil que Art Core, voilà.

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MessagePosté: 20 Juin 2021, 18:09 
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J'ai trouvé le film très bon. Je ne connais pas vraiment le cinéma de Céline Sciamma et avait été rétif au Portrait de jeune fille en feu. Mais il s'agit ici d'une œuvre beaucoup plus singulière et complexe.
Petite maman m'a rappelé l'Atelier de Laurent Cantet. Il y a des similitudes entre le personnage de la petite fille, et celui de l'adolescent du film de Cantet, même si la caractérisation celui-ci est plus directement idéologique et politique. Ils revêtent une même dureté precoce, et finalement, même si les formes sont très différentes, deploient une même posture de séduction de la mère par l'enfant. La petite fille trouve ici en sa mère le double qui est refusé à l'adolescent de Cantet (et finalement organise toute seule la situation d'un atelier d'écriture, qui procède de l'institution sociale chez Cantet), d'où peut-être chez Sciamme une esquive de la question de la violence, mais aussi, et c'est lié, de celle des institutions : Nellie se sauve en investissant la folie de ses parents, trouvant du plaisir dans ce par quoi elle pourrait très bien s'en déclarer la victime. Dans l'Atelier, c'est au contraire la froideur et l'espèce de frigidité du personnage central qui amènent la question des institutions (l'ordre et la norme sont porteurs d'une forme d'investissement affectif, qui diluent le risque du fascisme). Ici la jeunesse et le goût du jeu des filles (dont relève paradoxalement la froideur bressonienne de leur jeu) les libèrent du besoin de se définir par rapport à une loi extérieure. La convention devance l'ordre, au prix d'un certain mystère (leur maturité spontanée et finalement leur sens des convenances sociales face au deuil, quand les adultes semblent assez effacés, abouliques et rigides).
La même forme qui paraît naturaliste pour filmer les rapports à deux devient baroque, irréelle et symbolique lorsque le duo s'élargit et que la question de la représentation du social se pose (telle que dans la maison de repos du début). C'est là peut-être une limite mais Sciamma a le mérite de l'endosser et d'en faire le centre du film : l'impuissance devient l'occasion d'une rupture potentielle et finalement une chance. Ce qui possède un caractère monstrueux pour les parents devient littéralement une opportunité saisie à froid pour leur fille, tout en jouant à un stade intermédiaire la fonction d'un signe de reconnaissance, dont l'enfant pressent l'épuisement et le caractère transitoire.
Singulièrement, il y a aussi un jeu où une génération se pose la question du père (ou plutôt pour qui le père est un problème), et la suivante celle de la mère. Les deux enjeux sont desynchronisés. Cela incite indirectement à poser la question du genre et de la filiation sur un terrain plus politique que sociologique (démarche d'affirmation plutot que conscience du paradoxe et recherche d'une légitimité). Pas mal vu.

Les décors de la maison sont aussi intéressants, et le film est renforcé par la manière dont l'inconscient d'autres films le travaille et le contamine (la phrase qui inverse littéralement le postulat oedipien de la guerre de étoiles, ou bien la scène où le père voit le double, et sa femme, qui rattache soudainement l'ensemble du film à Chromosome III de Cronenberg).

Seul bémol, la musique de Para One, pas nulle et même intéressante en soi, mais ici trop emphatique au point d'en devenir grandiloquente et de plomber une scène qui aurait été plus forte sans elle.

5/6

Il y a un point de l'intrigue que je ne suis pas sûr d'avoir compris
il me semble, mais je n'en suis pas sûr à cause de sa diction à ce moment, que Nelly apprend à sa maman qu'elle est morte à 23 ans c'est à dire à sa naissance. Dès lors les scènes avec sa mère adulte sont également une forme de rêverie ?

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MessagePosté: 21 Juin 2021, 09:09 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Il y a un point de l'intrigue que je ne suis pas sûr d'avoir compris
il me semble, mais je n'en suis pas sûr à cause de sa diction à ce moment, que Nelly apprend à sa maman qu'elle est morte à 23 ans c'est à dire à sa naissance. Dès lors les scènes avec sa mère adulte sont également une forme de rêverie ?


Tu as mal compris. Je n'ai pas du tout entendu ça.

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MessagePosté: 21 Juin 2021, 09:18 
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Il me semble qu'elle dit cela dans la scène du lit. Mais bon acouphène chez moi + chuchotements de l'actrice.
Cela expliquerait mieux la morosité de la famille que le pied-bot (même si c'est un handicap avec une charge symbolique forte)

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MessagePosté: 21 Juin 2021, 09:30 
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Non je pense qu'elle lui dit qu'elle l'a eue à 23 ans.

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MessagePosté: 25 Jan 2024, 00:35 
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J'ai trouvé ça bien monotone moi, une idée pleine de promesses qui débouche sur pas grand chose. Tout est plat.

Ennui + pas d'émotion = 2/6.


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