Forum de FilmDeCulte

De loin, on dirait que c'est Miller qui cherche à faire son film à Oscars.
Inspiré des faits réels, relatant l'incroyable lutte du couple Odone contre la maladie orpheline de leur fils, allant jusqu'à étudier la biochimie eux-mêmes pour ne pas être soumis aux dispositions imposées par les médecins, le récit original est absolument remarquable, et forcément remuant.

Il faut admettre que le film ne recule pas devant le pathos, ce qui ne me gêne pas, vraiment, même si je pense que foutre l'Adagio de Barber toutes les 10 minutes, c'est un peu poussif, d'autant plus qu'en fin de compte, il se permet de faire appel aux larmes uniquement au début et à la fin.

Le reste du temps, c'est surtout l'histoire d'un combat, qui inspire (dans le refus d'obéir à ce que peut dire le corps médical) et qui énerve (dans le déni des parents de malades mêmes), c'est un film sur la lutte (le film s'ouvre sur une citation de chais plus qui, qui dit en substance "les décisions ne peuvent être que l'acte de Dieu et l'Homme ne peut que lutter, donc célébrons la lutte", quelque chose comme ça), le refus de se résigner à "c'est comme ça et c'est tout".
Et quelque part, c'est aussi un thème qui se retrouve, plus ou moins, dans les autres Miller (les protagonistes d'Eastwick ou de Babe ou de Happy Feet souffrent des idées préconçues à propos de leur nature).
Ici, la guerre, elle est vraiment déclarée.

Une fois de plus, Miller dresse un beau portrait de la complémentarité qui s'exerce entre l'homme et la femme. La caractérisation "homme = rationalisation/femme = en proie à ses émotions" peut paraître élémentaire, voire réducteur, mais ici c'est tellement bien écrit et tellement bien joué que ça devient assez fascinant.
Big up aussi à l'avalanche de termes médicaux bourrins et à la bonne vulgarisation de certains procédés chimiques par les personnages mêmes. J'ai appris que Miller, avant de devenir cinéaste, était médecin. Je comprends mieux l'expertise.

Miller fait preuve d'une incroyable sobriété, ayant semblablement gommé tout ce qui faisait son style de metteur en scène de films de genre. Et pourtant, je trouve ça remarquablement raconté et filmé. Je trouve ça toujours juste dans la réa (ce gros plan fixe long de Nolte de profil qui vient dire à sa femme au lit, face à nous, qu'ils vont devoir apprendre eux-mêmes la science nécessaire à la compréhension de la maladie afin de la combattre, ça paraît tellement simple et pourtant le choix est super fort à l'image), avec des fulgurances grossières par moments mais qui MARCHENT (la succession répétitive des effets de la maladie que Nolte lit à la bibliothèque, en surimpression sur son visage, ça fait MAL).

Après, je trouve ça un peu long.
Y a un moment où la progression se fait assez redondante même si je saisis la nécessité de montrer la stagnation de la situation, mais bon...

Sacré Miller, il n'est jamais là où on l'attend.

4-4,5/6

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Dur dur de voir ce film en étant le père d'un enfant de 5 ans, l'âge à laquelle la maladie se déclare.

Touché par ce film sobre et hypnotique dans son commitment, son côté "sans répit", collé aux basques de Nolte et Sarandon, rythmé par les dates à l'écran et le tourbillon de jargon médical. Il y a plein de moments hyper forts qui m'ont donné envie de pleurer, surtout que j'avais aucune idée où ça allait aller: mort inéluctable, guérison, remède pour lui ou pour un autre...? Bon, ça reste un chouille longuet et l'accent italien de Nolte m'a moult fois sorti du film, mais la mise en scène, qui alterne entre sobriété et petites touches voyantes (angles inclinés, courtes focales) m'a permis de tenir tout du long.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Quel uppercut ce film ! Il y avait un moment qu'un film ne m'avait pas chamboulé comme ça. Est ce le fait d'être Papa et que cela soit l'angoisse numéro 1 d'un parent pour ses gosses ? Je me suis toujours demandé si j'aurais été capable de faire face à l'handicap d'un de mes enfants. Il est donc facile de m'émouvoir avec un tel sujet. C'est aussi pourquoi j'ai tant tardé à le regarder.
Le point fort du film est de s'attarder sur les parents. Bien entendu on assiste aux souffrances du jeune Lorenzo mais ce qui marque c'est la résilience , le courage, l’abnégation à la limite du sacerdoce de ces parents. Nick Nolte et Susan Sarandon sont brillants sans jamais en faire trop. La scène ou Nolte découvre en lecture tout ce qui attend son fils est d'une puissance rare ou tout est lu dans le regard. C'est d'ailleurs souvent le cas dans le film. Le film est aussi incroyablement réaliste et précis médicalement parlant. C'est plutôt rare. Même si il est rattrapé par la recherche médicale depuis sa sortie. Ainsi la maladie est présentée comme ne touchant pas les femmes ce qui est maintenant connu comme faux même si L'ALD cérébrale est très très rare mais aps d'autres symptômatologies.
L'enfant jouant Lorenzo ( Zack O'Malley Greenburg ) est aussi incroyable. Il n'a plus jamais rien fait dans le cinéma ( il est critique rock et auteur me semble t'il ) à ma grande surprise. Le tournage a du être sacrément éprouvant pour lui.
Après le film prend parfois un aspect anti science médical qui si il est cohérent d'un point de vue du récit de parents luttant pour la survie de leur gamin gène aux entournures à cette époque d'épidémie covid ou tant de charlatans auto proclamés ont bombardé les réseaux de traitements miracles à base de ça marche n'attendons pas les résultats des études.
Le film aurait gagné à terminer sur son très beau dernier plan sur le plafond de l'église avec la voix off du gamin. Malheureusement il se termine dans son générique sur une apologie utopiste de l'huile de Lorenzo présentée comme un remède extraordinaire et définitif contre l'adrénoleucodystrophie avec des témoignages "réels" de jeunes malades semblant guéris et vivants normalement. Les faits, le temps et les études ont montré qu'il n'était pas la panacée absolue escomptée.

https://adrenoleukodystrophy.info/options-de-traitement/lhuile-de-lorenzo

https://adrenoleukodystrophy.info/clinique-diagnostic/les-faits-sur-lald

Ouais film pour fans de Perronne. Après la médecine institutionnelle est clairement impossible à traiter certains maux, il est somme toute logique que des traitements alternatifs existent, ne serait-ce que nourrir des espoirs.

Sauf que dans la réalité, la prise de ces traitement alternatifs se font bien souvent au détriment de vrais traitements qui ont prouvé leur efficacité scientifique et que ça diminue les chances de survie des patients. Les naturopathes, ostéopathes et les connards qui soignent le cancer à base de n'importe quoi, c'est l'enfer incarné sur terre.