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MessagePosté: 16 Sep 2020, 16:46 
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Robot in Disguise
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Ce marivaudage mélancolique de 2h02 représente un peu le film-somme d'Emmanuel Mouret. C'est tout ce qu'on peut imaginer de lui, étalé dans sa forme la plus pure: errances de cœur, narration, jeu guindé, utilisation excessive de la première personne du pluriel... Je suis assez client du Mouret comique, mais ici dans sa version plus sérieuse j'ai du mal à ne pas trouver ça assez chiant et par moments risible, même si on ne peut qu'admirer une telle tenue, un parti-pris aussi assumé dans sa désuétude.

La première heure est donc assez longue. La deuxième, par contre, avec son pelage d'oignon scénaristique et ses retournements, est davantage entraînante. Le film reste tellement théorique et distancé dans son jeu que ça en devient presque du théâtre No, mais pourtant ça finit par nous avoir à l'usure. Et le jeu artificiel rend par contraste encore plus fortes les quelques larmes plus naturalistes. La fin n'est pas bouleversante mais fait exister une jolie émotion douce-amère.

Mais bon, je le recommanderai pas à un ami.

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MessagePosté: 17 Sep 2020, 08:49 
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Merci de faire retomber la pression un peu après que j'aie été chauffé par une certaine unanimité de la presse qui vante le film parfait du rohmérien.


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MessagePosté: 17 Sep 2020, 08:59 
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Baptiste a écrit:
Merci de faire retomber la pression un peu après que j'aie été chauffé par une certaine unanimité de la presse qui vante le film parfait du rohmérien.
Pareil, c'est aussi à cause des critiques que j'y suis allé le premier jour. Après, ça reste en effet le film parfait du rohmérien et j'avoue qu'avec le recul j'admire assez le très fin entrelac narratif du film. Mais bon...

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MessagePosté: 17 Sep 2020, 09:07 
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Baptiste a écrit:
j'aie été chauffé par une certaine unanimité de la presse.

J'ai été voir le Vecchiali pour la même raison (et puis parce que je n'avais vu aucun film de lui, et que celui-ci serait son meilleur depuis pas mal de temps). C'est une purge.


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MessagePosté: 18 Sep 2020, 19:11 
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De Mouret je n'avais vu qu'un seul film, une comédie dont je ne me rappelle plus le titre, et j'avais trouvé ça pas mal mais inférieur aux meilleurs Woody Allen.

Là, c'est autre chose... Je trouve au contraire de QGJ que Mouret se réalise pleinement dans une tonalité plus sérieuse parce qu'il n'essaie pas de cabotiner, d'être dans l'équilibre parfait entre légèreté et philosophie, ce qui m'avait semblé artificiel et bourgeois. Là il nous baigne dans la mélancolie sans arrière pensée.

La forme patchwork qui n'en est pas une, puisque l'enchaînement des récits est en fait un enchâssement, est brillamment réussie. Loin d'une sophistication, elle nous montre les interdépendances amoureuses et dévoile la réalité derrière chaque relation, chaque choix. Le personnage d'Emilie Dequenne est l'apothéose de ce dévoilement, qui paradoxalement s'accomplit par l'amputation du cadre à l'intérieur du même plan, lorsqu'elle éteint les lumières de la pièce au premier plan, puis au deuxième, et enfin dans la pièce du troisième plan où elle attendait son mari avec lequel elle espérait finir la soirée.

Mouret a le plaisir du récit communicatif, et c'est d'ailleurs le véritable sujet du film, ces fragments de discours sur l'amour, et de discours amoureux. J'étais à une séance sous-titrée pour les sourds-malentendants, je ne savais pas que ça se faisait, et après l'irritation du début je l'ai inséré dans les multiples niveaux des discours et c'était un clin d'oeil amusant. Cela permettait aussi de connaître le titre des morceaux joués, une ribambelle d'airs tous très bien choisis, et leur nombre est logique au regard des multiples petits climax tous différents d'une relation à l'autre.

Bref j'ai adoré, avec le supplément assez rare que le film fait vraiment quelque chose de sa mélancolie: à la fin, on n'est pas abattu, on a l'impression d'avoir retiré quelque chose de ce kaléidoscope.


Dernière édition par Baptiste le 18 Sep 2020, 19:13, édité 1 fois.

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MessagePosté: 18 Sep 2020, 19:12 
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Je n’ai vu que celui avec Joey Starr. Plus jamais ça.

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MessagePosté: 18 Sep 2020, 19:16 
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Cosmo a écrit:
Je n’ai vu que celui avec Joey Starr. Plus jamais ça.
C’est le pire. Mais il compte pas.

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MessagePosté: 18 Sep 2020, 20:51 
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@Baptistte : Si tu as adoré celui-ci, fonce sur Mademoiselle de Jonquières qui est du même tonneau. Avant Mouret c'était une veine très comique. Avec ses deux derniers films, il a pris une direction différente, n'apparait plus devant la caméra et a franchi un vrai palier qualitatif. Mademoiselle de Jonquières c'est un plaisir du verbe et Mouret a tiré le meilleur d'Edouard Baer et de Cécile de France qui y sont magnifiques.

Cosmo a écrit:
Je n’ai vu que celui avec Joey Starr. Plus jamais ça.
Je vais dans le sens de QGJ. Même les fans de Mouret n'accrochent pas. Ce film c'est un vrai accident dans sa filmo et tu m'étonnes que tu n'as pas envie de découvrir plus de ses films.


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MessagePosté: 18 Sep 2020, 21:34 
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Le film avec les deux nanas en maillot de bain sur une plage était pas mal, mais celui avec un mec en loden qui essaye désespérément de se taper Julie Gayet à l'hôtel était plutôt chiant et je me suis arrêté là.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

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MessagePosté: 18 Sep 2020, 22:19 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Le film avec les deux nanas en maillot de bain sur une plage était pas mal, mais celui avec un mec en loden qui essaye désespérément de se taper Julie Gayet à l'hôtel était plutôt chiant et je me suis arrêté là.

Ah moi j'aime bien celui que tu cites avec Gayet qui a un rôle secondaire, il vaut surtout le coup pour Ledoyen qui est rayonnante. De manière générale, Mouret arrive très bien à exploiter le talent de ses actrices : les performances de Bel, Ledoyen, De France ou Godrèche dans ses films valent le détour.


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MessagePosté: 19 Sep 2020, 18:42 
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Est-ce que quelqu'un aurait reconnu la jolie blonde qui joue le rôle de la fille de Macaigne? L'impression de l'avoir déjà vu quelque part, mais impossible de me souvenir où...

Baptiste a écrit:
Cela permettait aussi de connaître le titre des morceaux joués, une ribambelle d'airs tous très bien choisis, et leur nombre est logique au regard des multiples petits climax tous différents d'une relation à l'autre.

On frôle tout de même l'overdose, et ça donne l'impression que Mouret a jugé nécessaire d'avoir recours à ce best-off de musique classique sentimentale pour palier le peu de confiance qu'il avait dans son scénario et ses acteurs. A l'inverse de QGJ au bout d'une heure j'ai senti que mon intérêt commençait à sérieusement décliner, sans que j'arrive à véritablement en déterminer la raison. Probablement un ensemble de facteurs, l'abus des hasard heureux, la redondance des situations, l'excès de ces liaisons (le film aurait certainement gagner à en supprimer une ou deux), ce milieu hyper bourgeois (les appartements parisiens sont totalement abusés), et puis une brochette d'acteurs que j'ai trouvé globalement atone, je ne comprends pas comment (ou pourquoi) Mouret choisit Macaigne pour le faire jouer ainsi à contre emploi, et les deux qui surnagent - Thiam et Gouix - rejouent avec Nils Schneideir un ménage à trois qui rappelle beaucoup trop celui de Ensemble c'est tout.


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MessagePosté: 19 Sep 2020, 20:08 
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Thiam... Ce plaisir de chaque instant.

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MessagePosté: 19 Sep 2020, 22:07 
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Elle revient de loin, elle. Je crois que c’était de loin la pire actrice de Salaud on t’aime (Lelouch n’étant pourtant pas mauvais pour la direction d’acteur).

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MessagePosté: 20 Sep 2020, 07:22 
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Moi j'ai du mal avec son personnage dans le film, hyper énervant et tordu. Ce triangle amoureux matérialisé jusque dans l'invitation à venir habiter avec eux (mais quelle idée...), je l'ai trouvé mal conçu et peu crédible.


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MessagePosté: 01 Oct 2020, 20:57 
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Pendant les deux premiers tiers j'ai eu l'impression, difficilement supportable, de co-louer un appartement avec Lapinot et Richard de Lewis Trondheim, le tout avec le best-of des 100 meilleurs extraits Lied Romantique/ Mélodie française de Decca. J'ai cru que j'allais hurler de façon complètement terroriste dans la salle Putain, et la Syrie bordel ? Et les Ouïghours ? Et le Caucase, tout en priant pour ne pas attraper ou même refiler (à un public âgé et déjà toussotant) le COVID à cause de cela. Seul le naturel de Camélia Jordana me maintenait dans le film. Cela change un peu avec l'introduction du personnage d'Emilie Dequenne qui rend le film un peu plus profond, et mois programmatique.

Mais j'ai toutefois trouvée le film froid et apprêté, sans l'ironie et le souhait de pointer vers un hors-champ social que l'on trouve chez Nadav Lapid, avec Synonymes, qui décrit un univers proche.

J'ai finalement trouvé le film d'inspiration plutôt truffaldienne (on pense à la Peau Douce avec Macaigne et Dequenne, à la Femme d'à Côté avec Schneider et Jordana, un peu aussi à la Chambre Verte avec le réalisateur) que rohmérienne.
Ici c'est l'équivalence de toutes les situations morales et leur rapport circulaire qui crée un monde (sans extériorité, le méta-récit remplaçant à la fois la société et la nature), tandis que chez Rohmer on tend quand-même à une forme de liquidation des situations au bout de laquelle se tient le monde, ou en tout cas une forme d'ontologie qui n'est pas que fictive, qui excède les postulats du récit. Ici non, l'amour est en fait un problème ontologique qui absorbe les autres, une sorte de foi laïque où l'on attend du maintien d'une interrogation permanente de la valeur du présent la survie de celui-ci. Il faut tout épuiser pour ne rien perdre, cet épuisement est le principal objet du désir.
Aussi surpris dans le film par la multiplication progressive dans le cadre des tapisseries et tableaux, occasion exclusive de la profondeur de champ. À mesure que le théorème amoureux se développe, même les couvertures de livres fonctionnnent comme des cadres, de plus en plus au centre de l'image, sans que le titre ne soit discernable. C'est même un livre qui est le seul objet d'un don matériel. L'excés d'intention à faire circuler l'objet se manifeste au détriment de la valorisation de son contenu (c'est très structuraliste, très années 60, on peut penser aussi à du Butor sans l'inquiétude politique ou du Robbe-Grillet sans masochisme). L'idéal du film est un monde où les sujets deviennent de pures fonctions, et même le sacrifice est une fonction, une intention intégrable dans le reste, qui doit être justifiée avant d'être exercée. La netteté exclusive du cadre et le suicide du contenu comme dernier mot du fonctionnalisme.

C'est quand-même un film particulièrement désincarné (la colloc à 30 ans dans un hôtel particulier du Marais, la chaine Bang et Olufse, "ma femme me fait chier, je pars enseigner un mois en Province", le mec qui se taper une lycéenne OKLM d'un côté, la Citroën C1 et le skate de l'autre, et entre les deux les moisissures du mur de la bagatelle XVIIIème où la femme abandonnée fait semblant d'habiter : l'usure de la matière brute comme seule médiation entre pauvreté enviée et richesse imaginaire).

Pas trop convaincu par la philosophie à la René Girard explicitement au centre du film, totalisante et sceptique en même temps. Mais les acteurs sont bons, il faut le reconnaître.

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 02 Oct 2020, 09:09, édité 6 fois.

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