Forum de FilmDeCulte

Elle est venue voir. Je n’ai aucune photo de Simon à lui montrer, aucune trace que ces plans volés, pris des fenêtres de chez lui, du côté du métro Jaurès : le canal, les voitures, la vie de quartier et cette poignée de réfugiés afghans confinés sous la voûte Lafayette…


Il faut passer un certain nombre de filtres pour rentrer dans le film, celui du narcissisme un peu rebutant (le réal qui arrive quand même à te montrer sa bite dès le troisième plan...), ou encore les stigmates du documentaire auteurisant (diction au calme et aux pauses parfois un peu trop jouées, maniérées). Et puis il y a ce dispositif qui semble interdit et explosif : filmer d'en haut, d'un immeuble bobo, les réfugiés en bas, voler ces images pour les mettre au service de l'histoire d'amour personnelle du cinéaste.

La première victoire de Dieutre, c'est ce parti-pris qui s'avère être d'une évidence confondante. Comme on discuterait avec quelqu'un à la terrasse d'un café en observant les passants, sans regarder l'interlocuteur dans les yeux, le fait de filmer autre chose permet une certaine pudeur face à cette histoire racontée très crûment, très littéralement, avec une sincérité désarmante qui rappelle les films de Jacques Nolot. Il y a dans ce voyeurisme une sorte de calme (une façon de regarder les autres vivre, et ne plus se crisper sur soi-même) qui confère au film une grande douceur. Mais le plus bizarre, c'est que dégagé de toute portée militante, de toute portée "utilitaire", le petit théâtre du camp de réfugié devient une réalité bien plus évidente, proche de nous, que cela aurait été le cas dans un documentaire explicitement social (à ce titre je me serais bien passé du texte final). L'histoire d'amour du cinéaste et la vie de ces gens se marient dans une harmonie innatendue, participant de la même mélancolie tranquille, dans ce contexte automnal (une grande partie du film) et nocturne. On pourrait dire que c'est un documentaire sur la tranquillité de la nuit qui, entre ces clandestins et l'amour clandestin qui se joue dans l'appartement, prend l'allure d'un moment de trêve collective.

Le gros défaut du documentaire, au-delà de quelques longueurs se faisant sentir dans la dernière partie, c'est l'insert de ces éléments dessinés à l'image, dont on ne comprend pas vraiment la raison (collectionner des fragments de souvenir ?). On ne voit que ça dans l'image, ça gâche chacun des plans, et surtout cela apparaît comme une diversion de ce qu'on nous montre, comme une insécurité du cinéaste qui place cela à l'écran en forme d'excuse, comme s'il avait peur que son film ne soit "que" ça, et qu'il fallait le légitimer par une couche théorique supplémentaire. C'est dommage, parce que pour le reste, c'est vraiment un très joli film.

Celui du synopsis déjà.

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lol, aussi oui... (et encore j'ai coupé une partie qui partait en branlette)