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Clair que j'avais été sidéré par l'audace de Sérénade à trois pour un film de 1933 (toute en subtilités et insinuations), je suis resté sur une impression de 7/6, en gros le triolisme de Jules et Jim en 62 peut se rhabiller quoi.

Non mais c'est plus audacieux que tout ce qui est sorti depuis, en fait, tant ça retourne toutes les normes de l'époque avec 30 ans d'avance sans avoir besoin de la vulgarité d'un Bunuel pour le faire. C'est le film le plus libre du monde (non, c'est pas L'âge d'or).

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Comparé à ses comédies grotesques fin années 10/début années 20 et ses opérettes du début des années 30, le triolisme de Sérénade à trois n'est plus si audacieux. Les avantages et inconvénients de se faire une rétro complète dans l'ordre chronologique.

Pas tant que ça (et c'est souvent le cas chez Lubitsch), il ne garanti jamais la pérennité d'un couple ou d'un trio à la fin d'un film. C'est juste un état, probablement voué à évoluer par la suite. Dans Sérénade à 3 le trio se ressoude en réaction à la bourgeoisie (le mari de Hopkins), c'est un moment de jubilation temporaire, mais il ne fait que peu de doute qu'une fois retourné à leur monde de bohème, les mêmes problématiques rejailliront. De Lubitsch le plus libre c'est Le Ciel peut attendre.

Que cette échappatoire ne soit que temporaire (ou pas) n'a pas vraiment d'importance : ce qui compte, c'est que Lubitsch crée un monde où aucun jugement de valeur n'a sa place (c'est tellement génial de voir le femme être le moteur de l'histoire sans qu'elle soit peinte comme une salope), et même si c'est une parenthèse enchantée, je trouve ça infiniment plus puissant que n'importe quel pensum militant.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Ça n'est pas moi qui vais te contredire sur ce point...


C'est intéressant de voir les variations sur ce point chez Lubitsch. J'aime aussi beaucoup que ce soit Myriam Hopkins le moteur dans Sérénade à 3, mais je trouve tout de même le film un peu naïf, et puis ils ont besoin tout les trois de se confronter au monde bourgeois pour se rendre compte de leur communauté d'esprit. Lubitsch est plus mâture ailleurs, je te conseille vivement Ange et Le Lieutenant souriant.

Non mais justement, en voyant ton top je réalise que j'en ai vu très peu finalement.

Je me souviens avoir été frappé par le côté mathématique du film (comme Godard peut dire "1+1=3" à propos du couple qui forme un troisième terme par exemple), jouant avec les multiplies possibilités du trio, et même un côté géométrique dans la composition et la scénographie. Bref c'était brillant.

Que ça soit dans l'écriture ou la mise en scène sûr que c'est souvent le cas. Même Haute pègre, auquel je reproche sa froideur, et sur ses deux points absolument irréprochable.

Je ne suis pas sûr que cela soit un bon critère : la Chartreuse de Parme ça date de 1840 et ça va encore plus loin (bien que Stendhal soit tout compte fait d'un feminisme assez impressionnant pour l'époque qui peut le relier à Lubitsch, de même que le lien entre sexualité contrariée et humour politique)

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman