La révision de certains était plus que nécessaire.
La Habanera (1937) Drame exotique qui sombre malheureusement trop rapidement dans la caricature, avec une Zarah Leander en ersatz de Dietrich/Garbo peu convaincante. Dommage, la belle scène d'ouverture laissait espérer mieux. 2/6
Hitler's Madman (1943) A la fois (solide) film de propagande et œuvre très personnelle, un vrai tour de chauffe qui prépare Le Temps d'aimer et le Temps de mourir (le "They kill you, we kill them" trouvera un écho particulier en 59). Intéressant de relever comment le motif de l'engagement évoluera entre ces deux films : Injonction ici (malgré leur hésitation initiale les habitants de Lidice n'ont finalement pas le choix, Heydrich leur forçant quasiment la main), plus flou dans Capitaine Lighfoot (le chef de la résistance de Ballymore étant suspecté de saboter le mouvement de l'intérieur), pour finalement regretter que trop peu ait choisi cette voie dans son avant-dernier long métrage. Sinon, toujours un plaisir de voir John Carradine, le plus grand salaud de l'histoire d'Hollywood (est-ce que cet acteur a jamais joué autre chose?). 4.5/6
Le Secret magnifique (1954) Je lui trouve une certaine parenté avec It's a wonderful life de Capra, Randolph étant l'équivalent de Clarence, l'ange gardien de James Stewart. Beaucoup trop édifiant et invraisemblable pour que je puisse y adhérer pleinement. 3/6
Captain Lightfoot (1955) Capitaine Mystère en français. Quelle traduction ridicule. On pense à Ford (ça se passe en Irlande, et dès le début du film le héros en vient aux mains dans une scène qui ne déparerait pas dans La Taverne de l'irlandais). Les paysages sont beaux, le ton du film d'aventure est bien tenu, et Sirk y distille avec intelligence certains thèmes qui lui son cher. Dans sa filmographie, l'équivalent des Contrebandiers de Moonfleet pour Lang. Bonne découverte. 4/6
Tout ce que le ciel permet (1955) Malgré quelques réticences (le fait que ça aille globalement trop vite - en 1h30 le couple Wyman/Hudson doit se séparer/rabibocher trois fois, et le fait que le personnage incarné par Rock Hudson soit peu incarné car trop idéalisé), l'opposition entre le style flamboyant (et ultra maîtrisé, je m'étonne que ça ne m'est pas du tout touché à l'époque) de la mise en scène et la cruauté du propos (cette scène d'une force dramatique ahurissante lorsque ses enfants lui offre son premier poste de TV à Noël) donne une œuvre vraiment jubilatoire. Rare qu'entre l'original et le remake (Tous les autres s’appellent Ali) les deux soient aussi réussis. 5/6
Écrit sur du vent (1956) La Ronde de l'aube (1957) 2 films très proches, non seulement par leur cast, mais aussi par leur ton purement dramatique, qui tranche assez nettement avec ses mélodrames les plus célèbres. Les deux sombrent malheureusement trop facilement dans le pathos, faisant disparaître dans leur sillage la finesse d’écriture des plus beaux Sirk, ce qui les rend pesant. Et Stark, très mauvais, réussit l'exploit d'être dans le surjeu du début à la fin tout en ayant constamment un balai dans le cul. Tarnished angels n'est tout de même pas si mal, avec son sublime noir et blanc dont on a pas l'habitude chez Sirk, et une Dorothy Malone d'une intensité folle (Hudson est également pas mal, jusqu'à ce qu'il déclame sa nécrologie lourdingue). 3/6 au premier et 4/6 au second.
Les Ailes de l'espérance (1957) Maladroit et naïf, ce qui limite l'intérêt mais provoque l'indulgence. A ne pas comparer au suivant (avec lequel il partage certains thèmes), qui le surpasse très largement. 3/6
Le Temps d'aimer et le Temps de mourir (1958) Bien plus qu'un manifeste pacifiste, et au-delà du discours très sirkien sur la fugacité du bonheur, c'est avant tout un grand film sur les responsabilités personnelle et collective qui ont conduits aux atrocités nazis. Le poids de la culpabilité n'aura jamais été aussi grand chez Sirk, et sa résolution aussi douloureuse. Pour autant le film n'a jamais la lourdeur de ses purs drames, parce qu'il trouve un juste équilibre entre la légèreté de la relation amoureuse et la dureté de son accusation à l'encontre de la nation allemande. Bien qu'inévitable, la scène finale est probablement l'une des plus déchirantes de toute l'histoire du cinéma. 5/6
Mirage de la vie (1959) Un film boule de neige d'une maîtrise époustouflante. Rarement j'ai eu l'impression d'une si parfaite syntonie entre tous les éléments cinématographiques, qui de la progression dramaturgique, au cadrage (qui se fait de plus en plus expressif) en passant par la lumière (de plus en plus flamboyante, orgie de couleurs éclatantes dans sa dernière partie qui culmine dans les scènes de cabaret) s'amplifient à l'unisson. J'aurais juste quelques réserves, en particulier sur l'atmosphère un peu trop bienveillante qui habite le film, qui tend à étouffer le pessimisme sirkien (aussi étonnant que cela puisse paraître je trouve la fin trop positive, bien que morte Annie est alors en train de vivre son moment de bonheur). 5.5/6
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