Forum de FilmDeCulte

J’ouvre le top Bertolucci. Réalisateur souvent controversé, un peu mis de côté, quand on pense au cinéma italien, ce n’est généralement pas Bertolucci qui vient à l'esprit en premier. Et pourtant, avant de faire des films assez mauvais dans les années 90, il a réalisé quelques très très grands films. On a souvent affaire à un cinéma engagé chez Bertolucci, adepte des fresques historiques/politiques ponctuées par des images un peu provocatrices.

1962 : La commare secca
1964 : Prima della rivoluzione
1968 : Partner
1970 : La Stratégie de l'araignée
1970 : Le Conformiste
1972 : Le Dernier Tango à Paris
1975 : 1900 (Novecento)
1979 : La Luna
1981 : La Tragédie d'un homme ridicule
1987 : Le Dernier Empereur
1990 : Un thé au Sahara
1993 : Little Buddha
1995 : Beauté volée
1998 : Shandurai
2001 : Ten Minutes Older - The Cello (segment Histoire d'eaux)
2003 : Innocents
2012 : Moi et toi

Je ne connais pas du tout, à part Le dernier empereur, dont je garde un souvenir assez ébloui, malgré quelques facilités.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Voici mon top, je détaille juste mes préférés :

Les chefs d’œuvres (6/6) :

Novencento : Enorme fresque historique et politique sans jamais tomber dans l’excès didactique, c’est un peu le Il était une fois en Amérique de Bertolucci. Œuvre résolument engagée qui retrace l’histoire de la première moitié du XIXè siècle en Italie par le biais du destin croisé de deux enfants nés de deux familles différentes. Immense film de par son sujet (révoltes paysannes, fascisme, communisme, guerre, …), sa longueur (5h30), ses acteurs (De Niro, Depardieu, Lancaster, Sutherland, …), sa mise en scène (scènes de groupe magnifiques, couleurs parfaites : on suit pendant le film le rythme des saisons), sa musique (Morricone). Le sujet pourrait nous faire craindre un film froid, mais au contraire tout est ultra-sensible dans ce film, Bertolucci filme le peuple italien sans concession. Des scènes intimistes côtoient des scènes très violentes et dérangeantes (on se coupe les oreilles, on tue des enfants, …). Il existe plusieurs montages, je vous recommande vraiment celui de 5h (le director’s cut). Pour ceux que ca effraie, il y a deux parties : vous pouvez couper le visionnage sans problème et je vous assure que le temps passe très vite. Par contre, pour les voix c’est un peu dommage, on ne peut pas avoir une version originale : il y a une version italienne (où les acteurs américains et français sont doublés) et une version américaine. Cela dit, la version américaine peut être à préférer juste pour le plaisir d’entendre De Niro.

Le conformiste : On revient encore une fois sur le fascisme : un homme bourgeois (Trintignant) se rend à Paris pour espionner son ancien prof antifasciste réfugié en France. Il tombe amoureux de la femme du professeur, la magnifique Dominique Sanda. Le récit est éclaté surtout dans la première partie du film, beaucoup de flash-back et flash-forward, on fait des allers retours de l’enfance à sa période fasciste pour nous expliquer ce qui l’aurait poussé à devenir l’homme qu’il est. Trintignant joue un homme sans courage qui a toujours fait des choix par conformisme : d’abord son mariage avec une petite bourgeoise un peu niaise, son adhésion au fascisme (il suit le mouvement de l’époque) et son anti-fascisme de la fin. Il fait ce qu’on lui dit de faire, ne s’oppose pas, mais peut-on vraiment lui en vouloir. Après tout, n’est-ce pas un comportement typiquement humain qu’on retrouve chez chacun. Après la scène déchirante des bois, cette passivité devient insupportable, on se met à détester ce personnage. Tout est absolument sublime dans ce film : la photographie (des jeux de lumière magnifiques : des scènes teintées de orange, d’autres de bleu), la tension narrative, la critique du fascisme (très subtile beaucoup plus que dans 1900), les mouvements de caméra, la construction des personnages, ... A voir, à revoir et à re-revoir.

Les très bons (5/6) :
- Le dernier tango à Paris
- La stratégie de l’araignée
- Beauté volée

Les bons (4/6) :
- Prima della rivoluzione
- Le dernier empereur
- La luna
- La Tragédie d'un Homme ridicule
- Moi et toi
- Un thé au Sahara


Les moins bons voire mauvais (de 1 à 3/6) :
- Little Buddha
- Innnocents
- Partner
- Shandurai

J'ai rien vu, pourtant dans le genre fresques historiques italiennes je suis un inconditionnel de Visconti, donc il faudrait que je me penche sur Bertolucci.

Oui, oui il faut s'y mettre ! Tout n'est pas bon mais je conseille vraiment ses films des années 70.

Crois moi, c'est le jour et la nuit.

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N'écoutez pas Film Freak

Je veux bien que tu étoffes un peu ce que tu lui reproches plutôt qu’une petite phrase lapidaire. Effectivement, il ne faut pas s’attendre à du Visconti, l'intérêt est ailleurs. Autant, je peux comprendre qu’on n’aime pas 1900 ou le dernier tango à Paris, autant le conformiste je serai curieuse de savoir ce que tu n’as pas aimé.

Le Conformiste c'est surtout le bouquin d'origine qui est génial.
Mais au-delà des questions de qualité, c'est surtout que rien ne me semble plus éloigné de la cruauté romanesque et passionnelle de Visconti que l'ironie sèche et psychologique de Bertolucci.

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N'écoutez pas Film Freak

Pas forcément d’accord. C’est sûr qu’il ne faut pas s’attendre à du Visconti, l’intérêt de Bertolucci est ailleurs. Mais je trouve qu’il y a un certain côté Viscontien surtout dans Novecento (plutôt du côté des Damnés) et on trouve même de la « cruauté romanesque » comme tu dis. Et je ne dis pas seulement ca parce qu’il reprend les mêmes acteurs… Après, il a changé plusieurs fois de style passant de la nouvelle vague, aux grandes fresques historiques, à un cinéma plus américain. Donc, c’est certain que l’influence de Visconti est plutôt épisodique dans sa filmo.

Sinon pour le Conformiste, le livre est certes magnifique, mais bon je ne pense pas que la qualité du film dépende entièrement du livre. Premièrement, il a changé complètement la structure du récit. Et deuxièmement, plastiquement, le film est ultra travaillé. Le travail sur les reflets, les couleurs, les plans séquences, les plongées/contre plongées, etc. : c’est plutôt cela qui rend le film particulier.

1972 : Le Dernier Tango à Paris
1975 : 1900 (Novecento)
1987 : Le Dernier Empereur
1993 : Little Buddha
1995 : Beauté volée
2003 : Innocents


En fait je viens seulement de me rendre compte qu'à part 1900 que je trouve juste pas mal mais sans le souffle viscontien dont il était question plus haut, j'ai trouvé tous les autres que j'ai vus très cons. Désolé de pas pouvoir argumenter tant le souvenir méprisable que j'ai eu de chacun me les a fait oublier de suite, mais je me rends compte maintenant en regroupant les souvenirs de tous ces films que ma réaction a été la même à chaque fois. Ca me ferait peur de revoir 1900, du coup.

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"Tirer la chasse, c'est comme le ping-pong. Plus on y pense, moins on ressemble à sa mère".

Espace branleurs

La Stratégie de l'araignée (1970)
Dans mon Top 10 ever.
Bertolucci adapte magnifiquement l'une des nouvelles de Fictions de Borges, suprbe photo de Storaro
6/6

Le Conformiste (1970)
Très très lointain souvenir, quand je regarde le trailer sur le net c'est tout de même très identifiable comme étant un Bertolucci des années 70, et j'ai très envie de le revoir

Le Dernier Tango à Paris (1972)
Deuxième chef d’œuvre de Bertolucci, j'adore absolument tout dans ce film.
6/6

1900 (Novecento) (1975)
Je le trouve inférieur aux précédents, parfois un peu long
4.5/6

La Luna (1979)
5/6

Le Dernier Empereur (1987)
J'avais beaucoup aimé enfant, j'aurais très peur de le revoir maintenant. Ca n'a plus rien à voir avec Le Bertolucci des années 70, et c'est nécessairement beaucoup moins bien
3-4/6

Beauté volée (1996)
Indigent.
1/6

J'adore Le Dernier Empereur, c'est vraiment un grand film pour moi.C'est un sujet tellement beau...

A contrario, le reste de sa filmo ne m'a jamais vraiment intéressé. Faudrait que je réessaie à l'occasion.

Edit : je vois que j'ai déjà répondu à ce topic. Alzheimer.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

1964 : Prima della rivoluzione
Vu il y a trop longtemps, j'avais bien aimé, mais il ne me reste que les plans de Parme et le souvenir du sentiment amoureux du personnage

1968 : Partner
Vu récemment, j'aime beaucoup l'approche, très généreuse et formellement inventive, mais le revirement ultérieur de Bertolucci est finalement déjà perceptible dans ce film (la ressemblance entre les 68ards et les personnages de Dostoievski n'est pas collective, inconsciente et liée à la situation comme chez Godard, mais individuelle, sue et liée au romanesque de la solitude)

1970 : Le Conformiste
Recommandable, plus pour le côté limite gore (pauvre Dominique Sanda ) que le sens politique à vrai dire

1972 : Le Dernier Tango à Paris
Mauvais souvenir, quelque chose de le sincérité des films passés se tranforme en opportunisme commercial

1975 : 1900 (Novecento)
Convoquer le gratin de l'Actor studio et Depardieu en mode christ prolétarien à jeun pour défendre le repositionnement au centre du PC italien au moment des années de plombs, pourquoi pas.

1981 : La Tragédie d'un homme ridicule
Bertolucci prend un peu le risque d'être débordé par son sujet ce qui évite un traitement purement sociologique des années de plombs, même si on sent qu'en fait Bertiolucci voulait atteindre ce sociologisme (en cela le film est très proche de "la Guerre est Finie" de Resnais).

1987 : Le Dernier Empereur
revu une heure à la télé récemment sur la partie où l'Empereur, chassé, devient un court moment un dandy à Shangaï (il n'y a plus rien d'autre à faire qu'être un bourgeois, situation qui revient souvent chez B.) et c'était finalement mieux que dans mon souvenir

Un cinéaste plus intéressant quand il rate ce qu'il avait l'intention de réaliser au départ que quand il y parvient. Moins le proops est politiquement sympatique et la mise en scène forte, plus l'actrice est jolie (quand on voit les seins de Laura Morante, dans la Tragédie d'un Homme Ridicule, on comprend que le film est définitivemebnt de droite et que le fils s'est auto-kidnappé). Il a tout compris

C'est pas de BHL, ça ?

(Oui j’attaque une rétro Bernardo)

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
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