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MessagePosté: 05 Jan 2023, 12:21 
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Los Angeles des années 1920. Récit d’une ambition démesurée et d’excès les plus fous, BABYLON retrace l’ascension et la chute de différents personnages lors de la création d’Hollywood, une ère de décadence et de dépravation sans limites.

Dès le début, en l'espace de 5 minutes de film, le spectateur se fait chier dessus et pisser dessus et le ton est donné, à plus d'un titre.

Je fais partie de la minorité à trouver Whiplash surcoté mais j'avais trouvé La La Land très bon, sans pour autant avoir la passion, et j'avais été terrassé par l'excellent First Man. Pourtant, dès l'annonce de ce dernier opus, j'étais pas forcément chaud et la bande-annonce n'a fait qu'attiser mes craintes de voir un étalage luhrmannien du plus mauvais effet.

Si l'on retrouve l'hystérie propre au cinéaste australien susmentionné, Babylon ressemblerait plutôt à un Once Upon A Time in Hollywood où la transition serait celle du muet au parlant mais avec le traitement d'un Loup de Wall Street, pour l'illustration sans fard des excès de l'époque et du milieu, mâtiné de Boogie Nights, avec notamment une scène clairement inspirée de la séquence de deal avec Alfred Molina.
Le bras droit qui ércute et crache à intervalles réguliers en lieu et place du petit asiatique qui lance des pétards pour faire monter la tension.
En moins bien, évidemment.

Déso pour le title-dropping un peu facile, surtout que, à part pour le Anderson, Chazelle ne se réclame pas ouvertement de ces modèles, mais on y pense inévitablement (I mean, Margot Robbie est dans deux de ces films et Brad Pitt dans l'un) et la comparaison ne se fait pas en faveur de Babylon. En effet, le résultat final tient davantage de la vulgarité d'un Showgirls sans même l'excuse de la satire. On croirait vraiment le film d'un ado qui se veut edgy et pensant que différentes sécrétions corporelles composent les seuls outils capables de casser l'image glamour que l'on peut se faire du cinéma d'époque.

Après une longue introduction d'une demi-heure qui braille son trash comme on fait l'hélicoptère avec sa bite pour se faire remarquer mais qui a le mérite de présenter une galerie de personnages prometteurs, arrive une scène où j'ai cru au film, à ce qui pouvait faire son intérêt en tout cas, montrant nos différents protagonistes débarquer sur le plateau de multiples tournages simultanés, révélant un envers trop peu montré du décor hollywoodien des années 20. Une dose de caricature demeure mais l'humour passe mieux que la débauche et on commence à retrouver Chazelle dans cette peinture de la tannée que c'était de mener à bien son entreprise (y a presque autant de morts que dans First Man).
Plus tard, l'auteur entérine le propos en montrant, certes toujours avec cette énergie survoltée et vaguement surréaliste mais efficace comme vernis comique, la dure réalité du processus balbutiant de tournage d'un film parlant. Depuis Whiplash, Chazelle voit l'artiste comme un martyr.

Deux scènes donc que je sauve sur TROIS HEURES HUIT de film. Le film est suffisamment rythmé pour que la pilule passe mais reste écrit avec les pieds, progressant à chaque fois par le biais de charnières narratives grossières, arbitraires même. Cf. comment chacun des personnages est promu ou déchu presque toujours par un deus ex machina ou un raccourci à peine expliqué.
Nellie choisie pour remplacer l'actrice morte, Manny qui devient studio executive, Jack soudainement boudé le public sans raison autre que "ton temps est venu" nous dit le texte...et j'en oublie plein.
Le récit choral ne parvient pas à cacher la sous-cuisson des différentes trames et la caractérisation sommaire des personnages pourtant intéressants sur le papier. On sent que le film cherche à articuler un autre propos, autour du Hollywood pré-Code peu à peu gagné par la morale, et sur l'assimilation et uniformisation de sa diversité et de sa liberté.
La lesbienne qui doit cacher sa préférence sexuelle, la délurée qui doit rentrer dans le rang, le mexicain qui se prétend espagnol et intègre le système, demandant même au noir de surjouer son rôle...
Mais malgré la durée - on imagine le rough cut de 5h duquel le monteur a dû se depatouiller, le film survole cette idée, préférant se vautrer dans la démonstration puérile (la scène du vomi ohlala) avant de chercher à se terminer sur une lettre d'amour au 7e art mais avec que des banalités à offrir, que ce soit dans ce qu'il dit (le monologue surrané d'Elinor, la journaliste de presse à ragots, sur "les films qui restent") ou dans ce qu'il montre (la fin, interminable, avec une séquence qui serait mise à l'amende par certaines vidéos YouTube faites par des anonymes).
Et le côté Shakespeare in Love avec Chantons sous la pluie aïe aïe aïe, le culot!

Incroyable ratage, incompréhensible régression.

Et deux bides de suite pour Chazelle, je parie que son prochain sera tiré d'une licence pré-existante.

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MessagePosté: 05 Jan 2023, 12:23 
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Putain, triste. Et 3h08 bordel :shock:, je suis même pas sûr d'aller le voir en salles.

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MessagePosté: 05 Jan 2023, 12:23 
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Oh, merde.

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MessagePosté: 05 Jan 2023, 12:27 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Je suis passé de "je le sens moyen" à "je suis refroidi".
Je me dis que j'irai de toute façon, mais purée 3h08... :|

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MessagePosté: 05 Jan 2023, 12:39 
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MessagePosté: 05 Jan 2023, 13:20 
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Film Freak a écrit:
Dès le début, en l'espace de 5 minutes de film, le spectateur se fait chier dessus et pisser dessus et le ton est donné, à plus d'un titre.


C'est un remake de Valentino ?

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MessagePosté: 05 Jan 2023, 13:46 
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C'est inspiré du livre de Kenneth Anger (Hollywood Babylon)?
(qui est une collection de ragots non-vérifiés et racoleurs qui correspond un peu à la description du film, un livre ordurier sans grand intérête dont je comprends pas le statut "culte", quand bien même j'apprécie assez les films de Anger).


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MessagePosté: 05 Jan 2023, 13:49 
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Je crois pas , on retrouve l'expression pour designer l'Hollywood des années 20 aussi dans le titre d'un film des Taviani, elle devait être employée déjà à l'epoque.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 05 Jan 2023, 13:58 
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Oui, le livre de Anger place l'origine de l'expression dans les décors monumentaux de Intolerance de Griffith:

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(décors en durs qui sont restés debout plusieurs années après le tournage du film)


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MessagePosté: 05 Jan 2023, 14:12 
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Le film des Taviani est d'ailleurs en partie sur le tournage Intolerance si mes souvenirs sont bons.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 15 Jan 2023, 22:50 
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C'est dingue comment Los Angeles inspire aux jeunes réalisateurs des sprawling epics qui partent dans tous les sens, pour le meilleur et pour le pire: PULP FICTION, la trilogie Boogie/Inherent/Licorice, UNDER THE SILVER LAKE, SOUTHLAND TALES... et donc ce nouvel opus de Chazelle.

J'avais depuis longtemps fait le deuil du film réaliste et ancré que j'imaginais sur le Hollywood de cette époque, la bande-annonce ayant vendu la mèche de la luhrmannisation du cinéma de Chazelle. Cependant, j'y ai cru au début grâce au souffle et à l'ampleur de l'ensemble. Ça déborde de toute part et c'est facile par moment, mais ça en impose. Et le film est unique dans son parti-pris narratif: une suite de morceaux de bravoure tous en montage alterné. Audacieux.

Surtout que comme le souligne FF, deux de ces set pieces capturent avec délice et cruauté le sacerdoce pour réussir à obtenir quelque chose dans un film: que ce soit un moment sublime ou un moment anodin, c'est la guerre. Bel hommage aux tranchées du cinéma.

Cependant, les autres scènes épiques glissent vers littéralement du pipi-caca (le nombre de fluides corporels dans ce film, c'est dingue) sans qu'on comprenne vraiment ce que représente pour Chazelle cette Sodome: âge d'or d'Hollywood ? miroir aux alouettes décadent ? brève période de liberté ? Pas clair tout ça.

Autre point faible du film, Manuel, son personnage principal absolument dénué d'intérêt. Boussole morale du film et substitut du spectateur mais c'est tout. Aucune aspérité, rien de fascinant... Surtout qu'il est redondant avec le perso autrement plus prometteur sur le papier de Sidney Palmer, même si le film ne fait quasiment rien de lui. Le fait que ces deux persos soient les cautions "racisées" est cruel car on s'intéresse beaucoup plus aux deux stars. Robbie et Pitt sont très bien comme d'hab mais refont tellement le même numéro que dans le Tarantino que ça en est dommage. D'ailleurs Robbie va se voir elle-même au ciné, et Pitt d'ailleurs commence même le film en mode resucée d'INGLOURIOUS BASTERDS...

Tout ce voyage erratique (qui passe d'ailleurs assez vite) pourrait valoir la chandelle si l'émotion était au rendez-vous à la fin, mais niet. Le monologue d'Elinor sur les acteurs qui survivent grâce aux films aurait dû être bouleversant, mais bof. Idem avec la fin, où j'aurais dû être en larmes.

D'ailleurs la conclusion du film est RETOUR DU ROIesque. Le film ne sait plus comment finir, c'est insupportable et gaguesque. Mais à la limite ça va tellement loin que ça finit par faire le tour du cadran jusqu'à devenir génialement abusé, resucée gentillette des HISTOIRES DU CINEMA de JLG. C'est maladroit mais au moins ça va jusqu'au bout et ça en devient désarçonnant.

Bref, déçu même si j'ai du mal à détester un geste d'une telle ampleur et d'une telle générosité. Je suis content en tous cas que Chazelle ait travaillé ce muscle, mais j'espère qu'il va rapidement changer de machine.

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MessagePosté: 16 Jan 2023, 09:37 
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Il a préféré paraphraser ma critique que de dire "FF a tout dit".

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MessagePosté: 16 Jan 2023, 09:49 
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Robot in Disguise
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Il fallait bien que je satisfasse my newly discovered ouailles.

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MessagePosté: 16 Jan 2023, 18:00 
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Robot in Disguise
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Tiens d'ailleurs deux trucs que j'ai oublié de dire:

- langage totalement contemporain si je ne m'abuse. Quasiment aucune saveur années 20. Parti-pris j'imagine, mais y a un petit côté flemme.
- le différentiel d'émotion entre la dernière scène de LA ROSE POURPRE DU CAIRE et de ce film-ci...

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MessagePosté: 18 Jan 2023, 13:32 
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Robot in Disguise
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Question pour les futurs visionneurs du film: lorsque, vers la fin, un des personnages descend dans une cave, pourriez-vous faire attention si l'écran devient intégralement vert pendant une seconde ou deux ?

A l'avant-première de dimanche c'était comme ça et je me suis demandé si c'était pas un parti-pris pour donner de la bizarrerie. Mais Film Freak ne se souviens pas de ça à la projo presse.

La cinéphilie compte sur vous.

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