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MessagePosté: 15 Mai 2010, 22:38 
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Antichrist
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Avouons-le. Quand le 15 avril dernier, Thierry Frémaux, le grand manitou du Festival de Cannes, a annoncé le retour en compétition de Mike Leigh, Palme d’or en 1996 pour Secrets et mensonges, la sélection de son dernier long métrage n’a pas suscité un enthousiasme démesuré. Si le cinéaste anglais a ciselé un diamant noir avec Naked, prix de la mise en scène en 1993, ses films suivants, de facture plus classique, ont parfois flirté avec la caricature d’un certain cinéma social, engagé et démonstratif. Et pourtant Another Year est le plus beau film de ce début de festival, une fresque de l’intime, universelle et forte, qui évite tous les clichés misérabilistes pour toucher en plein cœur.

Aucun pathos

Une famille unie et heureuse comme un soleil et des êtres solitaires qui gravitent autour d’elle comme des astres perdus : ainsi peut-on résumer un scénario peu réductible à un synopsis déterminé. Il n’arrive rien de bien défini aux personnages – une rencontre amoureuse, une mort en arrière-plan, des discussions de fin de soirée, rien d’original en quelque sorte-, mais ceux-ci vivent à l’écran comme s’ils existaient réellement, comme si le réalisateur avait été le témoin privilégié de tous ces petits moments de vie. Another Year, titre magnifique, est écrit avec une rare finesse de ton. Mike Leigh ne force jamais le trait ses personnages principaux, évite le pathos, reste à la bonne distance compassionnelle. Il n’y a pas de bons et de méchants ici, par de sur-dramatisation, juste des gens qui ont trouvé leur bonheur et d’autres qui se cognent sans cesse à la réalité du temps qui passe. Le cinéaste contrebalance la noirceur de la solitude par une humanité et une attention de tous les instants, si bien que l’on éprouve une tendresse infinie envers Mary et Kent, les deux âmes en peine à la jeunesse fanée.

Et puis il faut évoquer la forme. Quand on aborde les qualités du cinéma de Mike Leigh et de son ami Ken Loach, on oublie souvent la perfection de la mise en scène, la beauté des plans, la fluidité des mouvements de caméra. Si le réalisateur s’efface souvent derrière les performances de ses acteurs – tous parfaits -, il y a des séquences sublimes d’un point de vue formel, un vrai travail sur la lumière et la photographie. Du grand art.

5/6


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 20:03 
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Je pouvais difficilement y aller plus à reculons...et pourtant, très vite, mes
préjugés ont disparu un par un face à l'écriture diablement efficace.
Je redoutais le côté "tranches de vie" de la narration mais le film assène son propos avec habileté avec un pathos des plus mesuré. Je regrette juste la lourdeur dansle portrait qui est fait de la solitude mais les dialogues au poil font passer la pilule, surtoutque les acteurs cartonnent. Un côté sitcom de vieux qui cède de temps en temps la place à quelque chose de moins léger.
La mise en scène, invisible, est lin de tout ce qui me passionne, mais est au diapason avec l'intrigue. Le dernier plan vient sonner le glas, dernier coup de cloche d'une série entamée par le titre, puis dès la première scène.
Un peu long tout de même.
4/6

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MessagePosté: 16 Mai 2010, 21:24 
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Perso j'ai trouve ca vraiment tip top. Le film est dechirant a bien des moments grace a un splendide scenario, autant dans la construction des persos, des scenes et des dialogues. Il y a la une finesse de ton, alternant avec une aisance insensee entre la comedie et le drame absolu. Ca parle de facon tres touchante de solitude, de l'existence et de la depression. C'est en plus admirablement joue.

Ca m'a donne une envie folle de decouvrir d'autres films de Leigh.

Et pour le palmares, un prix du scenario ou d'interpretation.


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 22:54 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Je te conseille d'urgence Naked, son plus beau film. Le reste, j'avoue, j'aime moyen, j'ai été surpris d'être vraiment ébloui par ce film... C'est comme pour Haneke, ça va me faire chier qu'il se tape tous les prix, mais c'est tellement au-dessus...


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MessagePosté: 16 Mai 2010, 23:27 
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Naked c'est très bien oui...c'est le seul que j'ai vu cela dit.

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MessagePosté: 17 Mai 2010, 08:30 
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Ya de nouveau Timothy Spall qui joue dedans?

SInon moi j'avais bien aimé Secrets & Lies et Vera Drake.

Naked je l'ai en DVD et il est dans ma pile "à voir". Bientôt!

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Dernière édition par Arnotte le 29 Déc 2010, 10:59, édité 1 fois.

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MessagePosté: 24 Déc 2010, 12:11 
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Assez d'accord avec les deux critiques au dessus finalement. Pendant une grande partie c'est fabuleusement écrit, joué à la perfection, drôle, touchant. Mais dès qu'arrive l'hiver, ça devient triste. Je trouve ça dommage que Leigh tombe dans la facilité: tout le monde s'habille en noir, les gens meurent, pleurent, se disputent, les plans deviennent tout gris, c'est.. froid.

Et ça devient franchement long à ce moment, les dialogues deviennent bien moins inspirés je trouve, et sont parfois interminables.

Au final j'en garde le gout d'un film amer et noir, alors que pendant une grosse partie Mike Leigh a su peindre la solitude et la détresse de ses personnages avec beaucoup de légéreté. Je préférais cette approche.

3/6


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MessagePosté: 25 Déc 2010, 20:06 
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C'est aussi un grand film sur l'horreur absolue des banlieues. Le couple principal est très finement joué : ils donnent envie de s'enfiler toutes les drogues dures de la terre et de décapiter des retraités à coups de binette, et en même temps ils ne sont pas exempts d'empathie.


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MessagePosté: 25 Déc 2010, 21:31 
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boultan a écrit:
un grand film sur l'horreur absolush des banlieues


lolush.


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MessagePosté: 26 Déc 2010, 11:01 
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MessagePosté: 28 Déc 2010, 22:49 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Trouvé ça bien chiant pour ma part, j'ai un peu l'impression qu'il fallait avoir minimum 45 piges pour être touché par ce qui s'y raconte. Des gens qui ont raté leur vie face à d'autres qui l'ont réussi, je pense qu'il faut être déjà au moment des bilans pour pouvoir s'y identifier. Je trouve également que c'est assez manichéen quelque part, qu'il y a les winners d'un côté et les losers de l'autre et aucune place au milieu alors que justement la vie n'est constituée que de ce milieu là, de bonheurs et de déceptions. Là c'est un peu la famille modèle face à des cas sociaux. Bref pas trop convaincu malgré des qualités évidentes (et Lesley Manville méritait le prix à Cannes largement plus que cette conne de Binoche).

3/6

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Dernière édition par Art Core le 29 Déc 2010, 00:02, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Déc 2010, 23:19 
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Art Core a écrit:
Trouvé ça bien chiant pour ma part, j'ai un peu l'impression qu'il fallait avoir minimum 45 piges pour être toucher par ce qui s'y raconte.

Oui on a tous 45 piges.

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MessagePosté: 29 Déc 2010, 10:16 
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
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Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Déception microscopique, j'en attendais sans doute un mini trop, mais j'ai quand même trouvé ça admirable et le film fait partie de mes (20) préférés de l'année.
Comme tout le monde j'ai admiré la finesse et l'élégance de l'ensenble, le jeu prodigieux de tous les comédiens (et je trouve personnellement que Jim Broadbent, succulentissime, règne en maître sur la troupe), les dialogues aux oignons... Le rythme des saisons aurait pu faire "déjà vu" mais je trouve que ça passe particulièrement bien ici. J'aime aussi comme le scénario évite finalement au maximum les conflits... Je veux dire, j'imagine la même histoire avec des crises et des disputes à tout-va... Pas ici.
Et puis voilà, c'est drôle, c'est touchant, ça fait mal au coeur... Et le dernier plan marque durablement (tout comme le visage d'Imelda Staunton).

Bref c'est assez remarquable mais ça aurait pu être encore plus grand, je pense.

4,5/6

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Dernière édition par Arnotte le 29 Déc 2010, 10:58, édité 1 fois.

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MessagePosté: 29 Déc 2010, 10:32 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Localisation: Paris
Arnotte a écrit:
(et je trouve personnellement que Jim Broadbent, succulentissime, règne en maître sur la troup)


Oui pareil, pour moi Broadbent et Ruth Sheen sont admirables, mieux encore que la pourtant applaudie Lesley Manville.

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MessagePosté: 04 Jan 2011, 17:15 
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Teacher

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Pas ma came...

Ca commence de manière assez ambitieuse, sans sacrifier à la simplicité et à l'aisance qui font aussi le charme du film, par l'excellente scène de Staunton (si c'est bien elle ?) qui laisse entrevoir une structure qui ménage quand même un peu de conflit, d'avancées, de portes de sorties. Néanmoins, le film avançant, les chapitres simplifiant leur fonctionnement jusqu'à l'os, l'ensemble laisse très vite deviner ce que va être son parcours sur rails, et aussi subtil/réaliste/authentique/mesuré soit-il, ca reste un film qui ne tourne qu'autour de son petit constat. A quoi bon se taper l'automne et l'hiver quand l'été a déjà annoncé le glas avec tant de certitudes ?

J'ai du mal avec cette façon de s'enfoncer la tête dans la dépression sans que ca ne crée rien au passage. Pas de malentendu : je préfère cent fois ce réalisme-là à tous les cinémas naturalistes européens, le français en premier, qui n'ont pas une seconde cette aisance formelle et ce calme olympien, cet amour généreux pour les acteurs (les comédiens anglais, je pourrais en regarder 10h non stop, c'est du plaisir brut - le couple en premier lieu, exceptionnel, Manville arrive un peu derrière). Mais pour aller où ? Pour enfoncer des personnages d'emblée énervants et condamnés ? Pour s'assurer de sa certitude première ? On en finit par juger non pas le film mais les personnages, non pas le potentiel artistique mais l'avis que le réalisateur a de ses compères, du monde. Aussi délicate soit l'exécution, j'ai finalement l'impression de me retrouver au bistrot avec quelques cinquantenaires, une bières à la main, à parler dépité du temps qui passe... Donc non, il me manque un truc là.

4/6 pour le très bel ouvrage, les acteurs, la mise en scène tout en maîtrise, la séance plaisante au final. Ça reste un cinéma donc je ne pige pas le but une seule seconde.


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