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 Sujet du message: After Yang (Kogonada, 2021)
MessagePosté: 08 Avr 2022, 10:25 
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Vous savez il y a des films que l'on prend en grippe dès les premières minutes. Sans à priori, juste que les premiers choix évidents de mise en scène, de scénario, de décors, de costumes... vous irritent immédiatement, presque de manière inconsciente. Il arrive que des films parviennent à retourner totalement cette vague impression initiale et on finit par adorer, il arrive, et c'est sans doute le cas le plus fréquent, que finalement cette irritation s'évanouisse peu à peu au point qu'on l'oublie mais il arrive, plus rarement, que chaque minute du film vienne renforcer ce sentiment qui ne fait donc que grossir pour aboutir à du pur hatewatch. On veut aller au bout pour voir si cette détestation sera aussi totale jusqu'à la fin.

C'est ce qui s'est passé pour moi avec After Yang. J'avais lu que c'était un film de SF minimaliste avec Colin Farrell, ainsi que deux trois tweets positifs et ça me suffisait pour titiller ma curiosité, je partais vraiment sans aucun à priori. Je savais que le réal était connu pour des vidéos Youtube cinéphiles (des "video essay" que j'ai jamais vues) mais je ne connaissais rien d'autre sur le film. En fait plus que de la détestation c'est plutôt le ridicule qui définirait mon sentiment sur le film. C'est un film totalement ridicule.

Tout part d'un pitch banalissime au possible qu'il ne transcendera jamais entre AI et L'homme bicentenaire. Un robot domestique tombe en panne. La petite fille est triste et le père est chargé de le réparer. Il réalise rapidement qu'en fait le robot avait des sentiments ! Truc de fou ! Et il va se mettre à explorer ses souvenirs (en mettant une paire de Ray-Ban). Bon des films pas originaux il y en a à la pelle mais s'ils proposent quelque chose dans le ton, dans l'ambiance ou l'univers ils peuvent s'en sortir. Or là tout ce qu'il propose est insupportable. Son espèce de futur fantasmé est parfaitement dans l'espèce de délire bourgeois minimaliste entre design d'inspiration asiatique (vague) et esthétique mormone du retour à la terre. Déjà il faut noter que le métier de Colin Farrell est fabriquant de thé (!), pourquoi pas en soi (et il y a une jolie scène où il explique d'où lui vient cette passion), sauf que c'est montré dans le film comme une pure trend Instagram du newyorkais qui découvre la cérémonie du thé et qui tente de reproduire ça dans son duplex. C'est à l'image de l'intégralité du film dont l'esthétique générale a quelque chose de totalement factice rentrant dans une tendance parfaitement instragrammesque du bourgeois écolo, minimaliste et japonisant. Les persos mangent des ramen dans des bols en céramiques, portent des fringues larges en lin et vivent dans une villa ultra design toute en bois et en verre.

A côté de ça, les quelques idées "originales" pourraient être facilement caricaturées de wokes. Déjà la famille principale est une image parfaite United Color of Benetton avec son caucasien, son afro-américaine (qui a un rôle purement accessoire) et la petite fille asiatique mais ce n'est rien face à cette idée absurde où le robot domestique a un rôle culturel puisqu'il est supposé reconnecter la petite fille (visiblement adoptée) à sa culture chinoise. Là encore c'est une idée comme une autre, plutôt jolie même mais c'est son traitement qui est ridicule comme si les parents adoptifs se prémunissait de toute appropriation culturelle et évidemment ce ne sera traité que très en surface, de manière purement cosmétique (ah tiens elle parle chinois). Il y a également tout un truc hyper grossier sur des clones où le mec te lance une métaphore du racisme d'une lourdeur quand même peu commune (et surtout aujourd'hui totalement désuète et ringarde).

Mais le pire c'est que dans tout ce marasme d'hipster, le film se complait dans un sérieux de pape, on n'est pas là pour déconner (sauf une scène de danse au début qui à postériori paraît totalement hors sujet). Tout baigne dans une espèce de rythme zen, feutré sans éclats, presque sans mouvements et c'est sans doute là que le film est le plus raté. Le personnage de Colin Farrell n'a aucun arc dramatique, son rôle est de réparer le robot et quand il découvre qu'il avait des souvenirs, il est ému et ça le fera grandir mais à l'image, c'est un personnage fantôme, ectoplasmique. La construction du film entre trois décors n'aident pas et le systématisme de l'enchaînement des séquences (Farrell chez lui, Farrell va quelque part, Farrell dans sa voiture futuriste) devient franchement risible. Le film est totalement atone et plat, insipide au possible. Alors quand en plus il verse dans le mièvre au cours du dernier acte (cette musique affreuse, beurk), n'en jetez plus. Vraiment l'impression d'un non-film, un vague truc qui ne démarre jamais, qui n'est jamais incarné.

Ca mérite sans doute pas 0 mais j'ai tellement rien ressenti devant ce truc que ce sera un bon gros 0 pointé. J'apprends qu'il sort en salles le 22 juin, à mon avis ça sent la sortie technique, pour le coup je pense qu'il aurait mieux valu qu'il sorte sur une plateforme.

0/6

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MessagePosté: 08 Avr 2022, 10:35 
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Robot in Disguise
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Merci d'avoir partagé avec nous ta passion contre ce film, c'est toujours un plaisir à lire.

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MessagePosté: 08 Avr 2022, 13:12 
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Je tombe de haut car c'est un film que j'attend(ai)s, ce qui est rare aujourd'hui, et que j'aime beaucoup Kogonada le youtubeur.


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MessagePosté: 08 Avr 2022, 13:17 
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Déjà-vu a écrit:
Je tombe de haut car c'est un film que j'attend(ai)s, ce qui est rare aujourd'hui, et que j'aime beaucoup Kogonada le youtubeur.


Et Kogonada sur Pachinko, c'est très bien aussi.

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MessagePosté: 08 Avr 2022, 13:24 
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Tu peux toujours tenter son précédent si tu apprécies le youtubeur. Une espèce de Lost in Translation, avec un propos sur l'architecture, où l'euphémisme et l'ellipse sont les figures commodément privilégiées. Pas mal mais studieux sans génie.


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MessagePosté: 08 Avr 2022, 14:10 
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Le film a ses fans, je serai sans doute dans la minorité. Mais du mal à croire qu'on puisse s'enthousiasmer pour autant.
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MessagePosté: 08 Avr 2022, 15:34 
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Castorp a écrit:
Et Kogonada sur Pachinko, c'est très bien aussi.

Oui oui je compte regarder la prochaine fois que je m'abonnerai à Apple TV+, en revanche son premier long Columbus m'a échappé.


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MessagePosté: 29 Avr 2022, 10:41 
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Art Core a écrit:
Vous savez il y a des films que l'on prend en grippe dès les premières minutes. Sans à priori, juste que les premiers choix évidents de mise en scène, de scénario, de décors, de costumes... vous irritent immédiatement, presque de manière inconsciente.


Faut pas hésiter à se barrer ou couper hein dans ce cas-là, même si c'est vrai que très rarement il peut y avoir un retournement de situation. Ca m'est par exemple arrivé récemment avec le dernier Bonnell qui commençait très très mal et qui est plutôt réussi sur la fin (d'ailleurs ironiquement comme la lettre qu'écrit le personnage principal à son amante en cours de film, du moins selon l'un de ses lecteurs).


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MessagePosté: 07 Juil 2022, 09:10 
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Bon, c'est un (tout) petit film, mais ce n'est pas honteux, Art Core a vraiment une réaction épidermique là, d'ailleurs il le dit lui-même : "Vous savez il y a des films que l'on prend en grippe dès les premières minutes." On peut effectivement lui trouver un côté Nature & Découvertes, et on ne s'explique pas pourquoi cette famille éprouve un tel attachement à leur robot vu qu'il tombe en panne dès la deuxième scène, à peu de choses près ils portent le deuil de leur enceinte Alexa (et encore, il est possible de faire un bon film là-dessus : Her). Quant à la scène de danse, je crois qu'elle était contractuelle après Ex Machina chez A24 (plus incongru encore, le fait qu'on y voie déjà Sarita Choudhury, personnage qui sera constamment seul ensuite, pourquoi pas hein). Il y a bien une belle idée
sur ce robot qui s'avère être tombé amoureux, puis avoir été à la recherche de cet amour perdu via un clone (Vertigo all over again quoi)
, mais ce n'est certes pas original de donner une âme aux robots, et on reste détaché de tout cela, notamment parce qu'on le regarde à travers des Ray-Ban, comme l'a dit Art Core (idée un peu trop minimaliste).


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MessagePosté: 07 Juil 2022, 10:23 
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Avis mesuré qui va dans mon sens :o

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MessagePosté: 24 Juil 2022, 20:29 
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Bon il y a clairement exagération de la part d'Art Core, surtout dans la malhonnêteté de la description du pitch, mais je suis raccord avec certains qualificatifs.

Je suis sûr que Kogonada est sincère avec ce film qui ressemble à un post Instagram étiré et à l'ambiance estampillée Muji mais ça souffre de son arythmie mot-dièse préparation du thé d'où peine à émaner l'émotion, réduite à un montage automatique de galerie iPhone sur musique de carillon.

Je parais méchant parce que le film est facile à caricaturer alors qu'il n'a rien de prétentieux mais c'est vraiment un film de normies, pour le public de Julie en 12 chapitres.

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MessagePosté: 05 Mar 2023, 12:03 
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Antichrist
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(cette musique affreuse, beurk)
C'est du Sakamoto, chenapan

Bon, j'aime bien la SF minimaliste, mais là c'est vraiment hyper minimaliste. Dans le genre, j'ai préféré Sayonara de Fukada, plus incarné et tout simplement plus cinématographique.

Là je vois trop le pitch à l'écran (et le côté Black Mirror featuring Malick featuring bougies parfurmées), ça manque totalement d'énergie. Surtout il y a un looooong couloir au milieu, où le héros va d'un atelier de réparation à un musée de robots, sans qu'on comprenne bien pourquoi.

C'est dommage car la fin est (enfin) touchante, que l'acteur qui joue le robot a quelque chose de vraiment énigmatique dans la voix, que j'aime bien certaines idées.

Mais bon... 2-3/6


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